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cer les premières vérités de la religion, l'orateur prèchà les dimanches suivants sur la dévotion à la sainte Vierge, recommanda la pénitence au roi et finit par le mystère du Dieu incarné. Déjà gagné pendant la station, le Dauphin, âgé de huit ans, entendit avec tant de bonheur parler de l'enfant Jésus, qu'il demanda le prédicateur pour maître à son auguste père 1.-La station de 1669 est la dernière que prècha Bossuet. Dans le temps même qu'il descendit de la chaire, on y vit monter Bourdaloue, l'une des gloires les plus pures du XVIIe siècle. Siècle merveilleux, qui donna toujours à un grand homme un grand homme pour successeur!

D'après tout cela, Bossuet a prêché cinq Carêmes et trois Avens. Ses stations virent naître en quelque sorte tous ses chefs-d'œuvre oratoires; elles sont comme les dates de la grande période qu'il signala par cette éloquence mâle, véhémente et sublime ou, pour emprunter son langage, par cette parole qui tonne, écrase et renverse par terre. Avant d'aller plus loin, signalons dans une nomenclature particulière quelques sermons qui ne sont pas venus jusqu'à nous. Ainsi le premier Panegyrique de saint Thomas d'Aquin, prononcé le 7 mars 1657, chez les Dominicains réformés de la rue Saint-Honoré, discours qui inaugura le début de Bossuet dans les chaires de Paris; le second Panégyrique de saint Paul, prononcé dans l'église de ce nom, au Marais, le 25 janvier : on en parla longtemps; plusieurs sermons de charité, prèchés pendant l'été de 1663, à Saint-Nicolas du Chardonnet; un grand nombre d'instructions, prononcées à la même époque au séminaire des Trente-Trois; le sermon pour l'inauguration d'un nouveau couvent de Carmélites dans la rue du Bouloi, prèché devant les deux reines, le 30 décembre 1663; le Panegyrique de saint Gaétan, prononcé le 7 août 1663, chez les Théatins, en présence de Marie-Thérèse et de toute sa Cour; le sermon prèché à Saint-Sulpice, dans le mois de mai 1664, au baptême d'un Maure; le sermon pour la vêture de Mme d'Albert, fille du duc de Luynes, prêché à Jouarre le 8 mai 1664; le second Panégyrique de saint Thomas d'Aquin, prêché dans l'église des Dominicains le 18 juillet 1665, à l'anniversaire de la canonisation du saint; le Panégyrique de sainte Madeleine et tout ensemble de sainte Bertille, prononcé à la célèbre abbaye de Chelles, le 22 juillet 1665; les conférences faites à l'archevêché de Paris, en 1665, sur des sujets pieux; les deux sermons pour l'ouverture des synodes diocésains de Paris, prononcés l'un en 1666, et l'autre en 1667; les conférences faites en 1668, chez les Carmélites du faubourg Saint-Jacques, en présence de plusieurs dames de la Cour, sur les Epitres de saint Paul : « Ces conférences, disent les religieuses dans leurs Mémoires, étoient d'une beauté enchantée et de la plus grande utilité; » les conférences M. Floquet.

faites bientôt après, sur le même sujet, à l'hôtel de Longueville; le Panegyrique de saint Etienne, prononcé dans le Carême de SaintThomas du Louvre, en 1668.

Mentionnons encore rapidement, d'après les listes de l'auteur, les sermons dont voici les sujets de l'Importance du salut, de la Contrition, des Malheurs du péché, de la Mort des justes et des pécheurs, du Jugement particulier et universel, de l'Enfer et de l'Eternité des peines, du Paradis, de la Fausse Pénitence, de l'Abus des graces, de l'Endurcissement, de la Prière, du Respect dû aux églises, de la Sainteté des sacremens, des Procès et des Inimitiés, des Obligations du baptême, du Monde et de ses Pompes, du Christianisme, de la Connoissance de Dieu et de soi-même, de la Persévérance, du Péché véniel, des Confessions et des Communions sacriléges, du Bon et du Mauvais Usage des richesses, de la Pauvreté, du Scandale, de S'acquitter de sa condition, de la Mauvaise honte, de l'Hypocrisie, de la Médisance et de l'Envie cachée des hommes contre leur prochain, de la Modestie des femmes, sur l'Evangile de la Chananéenne, sur celui du Paralytique de trentehuit ans, sur celui de la Belle-Mère de saint Pierre, sur l'Aveugle-Né, sur le Fils de la veuve de Naïm, sur ce texte : Probet autem seipsum homo; sur cet autre texte : In peccato vestro moriemini. Toutes ces œuvres oratoires qui ravirent l'admiration des plus grands esprits du grand siècle littéraire, semblent à jamais perdues pour nous.

Et ce ne sont pas les seules pertes que nous ayons à déplorer. On sait que Bossuet fit sa retraite pour la prêtrise à Saint-Lazare et qu'il y fut reçu membre de la Conférence des Mardis. Il remercia Dieu toute sa vie d'avoir eu ce double bien, et c'est avec la libéralité du zèle et du génie qu'il paya la dette de sa reconnoissance. En 1659, Vincent de Paul le pria de faire, dans sa pauvre maison, les conférences pour l'ordination de Pâques. Après le dernier discours, l'homme de Dieu pressa dans ses bras le jeûne apôtre, lui adressant avec les témoignages de sa reconnoissance une nouvelle prière, celle de revenir l'année suivante faire à Saint-Lazare, pour l'ordination de Pentecôte, le bien qu'il y avoit opéré; le saint vieillard le préféroit aux autres prédicateurs, parce qu'il reconnoissoit en lui plus d'humilité. Bossuet se surpassa lui-même en 1660. Après la mort du Bienheureux, il exerça deux fois encore, en 1663 et en 1669, dans le sanctuaire de la charité, le ministère évangélique pour les ordinations de Pentecôte. Il parloit à chaque retraite dix ou onze jours de suite, le soir et le matin. L'affluence devenoit toujours plus nombreuse; les ordinands différoient leur préparation aux ordres pour avoir le bonheur de l'entendre: c'est un de ces jeunes lévites qui l'a raconté plus tard, Fleury, l'historien de l'Eglise. Les services qu'il rendit à la religion dans ces conférences sont incalculables, d'autant plus qu'il n'y avoit pas alors de séminaires

et que les liens de la discipline ecclésiastique étoient brisés1. Deux ans après l'établissement des retraites, comme Bossuet venoit de les prècher deux fois, Vincent de Paul écrivoit à un de ses prètres de Rome, sous la date du 5 juillet 1663 : « Il faut que vous sachiez qu'il a plu à la bonté de Dieu de donner une bénédiction toute particulière et qui n'est pas imaginable, aux exercices de nos ordinands. Elle est telle que tous ceux qui y ont passé, ou la plupart, mènent une vie telle que doit être celle des bons et parfaits ecclésiastiques. Il y en a même plusieurs qui sont considérables par leur naissance ou par les autres qualités que Dieu a mises en eux, lesquels vivent aussi réglés chez eux que nous vivons chez nous, et sont autant et même plus intérieurs que plusieurs d'entre nous, n'y eût-il que moi..... » Bossuet, qui aimoit à parler aux prêtres, toujours prodigue de ses sueurs, annonça souvent à Saint-Lazare, dans l'intervalle des retraites, la parole divine. Qu'il nous suffise de mentionner les quatre conférences pour l'éloge de l'abbé de Tournus, Louis de Rochechouart-Chandenier. Ces éloges, ces conférences, ces discours, dont l'auteur avoit tracé du moins le plan sur le papier, tout cela le temps nous l'a ravi!

C'est ainsi que Bossuet fournit la grande période de son apostolat, exerçant la ferveur de son zèle non-seulement dans les stations de Carème et d'Avent, mais tout le reste de l'année, dans les retraites, dans les monastères, dans les réunions du clergé, dans les grandes solennités de la religion. Il ouvrira plus tard dans son saint ministère une nouvelle époque qui, peut-être moins brillante devant les hommes, ne fut pas moins précieuse devant Dieu.

III.

Le vœu général demandoit depuis longtemps l'élévation de Bossuet, la gloire du clergé et simple prètre. Il fut nommé évêque de Condom le 8 septembre 1669, et précepteur du Dauphin le 5 du même mois 1670, à l'âge de quarante-trois ans. Dans le brevet qui lui conféroit cette dernière charge, le roi se félicite d'avoir trouvé en l'illustre prélat << toutes les qualités requises pour l'éducation de son fils, le mérite, la doctrine, la sagesse, une expérience consommée; » et dans une lettre pour ainsi dire officielle, il déclare « qu'il l'avoit choisi parmi tous les évèques de son royaume. »

Bientôt après sa promotion à l'épiscopat, Bossuet prononça l'Oraison funebre de la reine d'Angleterre, chef-d'œuvre qu'on a coutume de mettre au premier rang parmi ses chefs-d'œuvre. Lorsqu'il vouloit tracer ces récits qui nous font assister à tant d'événemens tragiques, ou buriner ces odes qui ont immortalisé tant de hauts faits, il s'enfermoit, ..., par M. l'abbé Maynard.

Saint Vincent de Paul, sa vie

dit un de ses contemporains, seul avec Homère 1; aussi Joseph de Maistre dit-il qu'en lisant les pages des oraisons funèbres, on croit lire un chant de l'Iliade. Une autre ressemblance entre ces œuvres immortelles, c'est qu'on cherche à les imiter, mais on n'espère pas de les atteindre.

Voulant observer les lois canoniques sur la résidence épiscopale, Bossuet regardoit comme incompatibles les deux postes qui venoient de lui être déférés; sur les instances du roi et d'après la décision de quatre docteurs, il résigna l'évèché de Condom pour garder l'office de précepteur. Toujours au devoir présent, dédaignant la gloire humaine pour remplir chaque jour la tâche de chaque jour, il se livra sans partage à ses nouvelles fonctions. Il étudia de nouveau les auteurs d'Athènes et de Rome; il fit pour son élève une grammaire latine, des remarques sur la grammaire françoise, un catéchisme, des thèmes sur l'histoire de France, une logique sommaire, un précis de morale tiré de l'Evangile et d'Aristote; enfin il composa, toujours à l'usage du Dauphin, le Traité de la connoissance de Dieu et de soi-même, le Discours sur l'histoire universelle et la Politique sacrée tirée des paroles de l'Ecriture sainte. Disons toutefois qu'il reparut dans la chaire à de rares intervalles; sans parler des oraisons funèbres, il prêcha le troisième sermon pour la Pentecôte en 1672, le sermon pour la Profession de Mme de la Vallière en 1675, le quatrième sermon pour le jour de Pâques en 1681, enfin le sermon sur l'Unité pour l'ouverture de l'assemblée du clergé de France, aussi en 1681.

Il reprit le cours de sa mission évangélique, lorsqu'il fut monté sur le siége de Meaux, en 1682. Le saint évêque regardoit, suivant la doctrine du concile de Trente, la distribution de la parole divine comme le principal devoir de la charge épiscopale; il s'en alloit répandant partout la semence évangélique, pour faire germer partout des fruits de justice et de salut.

Il prêchoit dans sa cathédrale à toutes les fêtes, qui étoient nombreuses avant le Concordat, et plus encore dans son diocèse que dans d'autres. Quand il administroit un sacrement, conféroit les ordres, donnoit la confirmation, toutes les fois qu'il accomplissoit une cérémonie sainte, il joignoit la forme à la matière, la parole au signe, expliquant la vertu des divins mystères, les dispositions qu'ils exigent et les obligations qu'ils imposent. Après avoir aidé par sa parole à former la milice sacrée des lévites, il les suivait partout pour les diriger, les soutenir et les encourager dans les combats de la carrière apostolique. Souvent, pendant l'année, il se rendoit aux conférences cantonales, dont il fixoit les matières et qui se tenoient tous les mois; et dans les synodes diocésains, qu'il convoquoit régulièrement selon 1 Remarques sur Virgile et sur Homère, par l'abbé Faydit.

les prescriptions de l'Eglise, il parloit au moins deux fois, à l'ouverture pour exposer le sujet des délibérations, et dans la dernière séance pour exhorter ses collaborateurs à suivre les statuts qui venoient d'être arrêtés. Il regardoit, avec un ancien Père, les personnes consacrées à Dieu comme la plus sainte portion de son bercail et la plus digne des soins du pasteur. « Il visitoit à propos, dit l'abbé Ledieu dans ses Mémoires; il consoloit par sa parole les vierges chrétiennes. Il leur parloit familierement et souvent, comme il avoit fait aux Carmélites de Paris, dans des conférences au parloir, sur un psaume ou quelque endroit important de l'Evangile, pour leur en faciliter la méditation et leur donner le goût et le désir de cette nourriture des saintes ames. Les filles de la Visitation de Meaux ont été souvent favorisées de ces pieuses et ferventes élévations, comme il les appeloit. » Sa sollicitude s'étendoit à tous les religieux de son diocèse; il alloit partout pour les diriger dans la voie de la perfection, leur dévoiler les secrets de la vie mystique et leur ouvrir les trésors du divin amour; et quand des devoirs impérieux le forçoient de différer ses charitables visites, il leur disoit simplement à la première entrevue les causes qui l'avoient empêché de venir plus tôt saluer ses chers enfans. Il ne montroit nulle part plus de contentement intérieur que dans une humble église de campagne. « Je l'admirois, dit encore son secrétaire, allant d'une paroisse à l'autre, l'évangile à la main, le méditant pour se pénétrer des vérités qu'il vouloit annoncer, avec une attention respectueuse et en esprit de prière, plutôt qu'avec ces grandes lumières et cette érudition profonde qui le faisoient admirer des savans. » Quand il étoit entouré des habitans de la campagne, comme il savoit prendre toutes les formes, parler la langue de chacun, il se mettoit à la portée des plus simples, non moins habile à instruire le laboureur qu'ingénieux à gagner à Jésus-Christ les grands de la terre. Il donne maintenant le lait des enfans, tout à l'heure il va distribuer le vin des forts : «Un matin, c'est encore l'abbé Ledieu qui le rapporte, après avoir tonné contre les péchés capitaux, les inimitiés et les injustices en une paroisse de campagne, car il étoit très-véhément orateur : le soir, donnant la confirmation à des religieuses, dans une sainte abbaye (le Pont-aux-Dames), il les éleva jusqu'au sein de la Divinité, et leur y découvrit le Saint-Esprit procédant du Père et du Fils par cette voie d'amour qui est la source de la sanctification des ames et de toutes les graces. Il y auroit cent exemples à citer de ce caractère. » Tout cela ne contentoit pas sa soif des ames. Pendant de nombreuses missions qu'il donna dans son diocèse, à Meaux, à Coulommiers, à la Ferté-sousJouarre, on le vit toujours à la tète des ouvriers évangéliques qu'il s'étoit associés, leur préparant la voie des cœurs et secondant leurs efforts par sa parole. Ajoutez à cela les conférences sans nombre qu'il eut avec les hérétiques, et les discours qu'il prononçoit en les recevant

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