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tions sont toutes heureusement renfermées dans celles de la pénitence. Que vous demande-t-on dans la pénitence, sinon que vous vous retiriez de tous vos péchés, que vous preniez des précautions pour ne tomber plus, que vous vengiez sur vous-mêmes par une satisfaction convenable la honte de votre chute. Ainsi la volonté de vivre à la grace, acquerra à vos corps une vie nouvelle; les sages précautions pour n'y plus mourir, assureront à vos corps l'immortalité; le zèle de satisfaire un Dieu irrité par les saintes humiliations de la pénitence, méritera d'être revêtu d'une gloire toute divine. Deux paroles du Fils de Dieu adressées aux morts: Venit hora et nunc est, in quâ..... Deux sortes de morts; deux parties en l'homme, toutes deux ont leur mort. Jésus les a fait revivre par sa parole: la première aux pécheurs pour les appeler à la pénitence, la seconde aux morts ensevelis pour les rappeler à la vie; la première, disposition à rendre la seconde salutaire. Il faut commencer par l'ame pour préparer le corps à la vie. Pour joindre ces deux choses, et la pénitence dont voici le temps, et la résurrection des morts, qui par l'ancienne institution de cette paroisse, doit être prêchée aujourd'hui dans cette chaire : 0 morts, c'est donc à vous que je parle, non point à ces morts qui gisent dans les tombeaux et reposent dans cette terre bénite, mais à ces morts parlans et écoutans. Je veux faire retentir à leurs oreilles la parole du Fils de Dieu, afin qu'ils l'entendent et qu'ils vivent. O Jésus, vous vous êtes réservé à vous-même de prononcer la parole qui appellera les morts à la résurrection générale; mais vous voulez que les autres morts, que vous voulez vivifier par leur conversion, soient appelés à cette vie par vos ministres. Donnez-moi donc votre parole par la grace de votre Esprit saint et l'intercession.....

FRAGMENT

D'UN SERMON POUR LE JOUR DES MORTS.

Puisque l'Eglise unit de si près la solennité des bienheureux qui jouissent de Dieu dans le ciel, et la mémoire des fidèles qui étant

morts en Notre-Seigneur sans avoir encore obtenu la parfaite rémission de leurs fautes, en achèvent le paiement dans le purgatoire, je ne les séparerai pas par ce discours, et je vous représenterai en peu de paroles quel est l'état où ils se trouvent. Je l'ai déjà dit en deux mots, lorsque je vous ai prêché que leur sainteté étoit confirmée, quoique non consommée encore. Mais encore que ces deux paroles vous décrivent parfaitement l'état des ames dans le purgatoire, peut-être ne le comprendriez-vous pas assez, si je ne vous en proposois une plus ample explication.

Disons donc, Messieurs, avant toutes choses ce que veut dire cette sainteté que nous appelons confirmée; et afin de l'entendre sans peine, posez pour fondement cette vérité, qu'il y a une différence notable entre la mort considérée selon la nature et la mort considérée et envisagée selon les connoissances que la foi nous donne. La mort considérée selon la nature, c'est la destruction totale et dernière de tout ce qui s'est passé dans la vie : In illà die peribunt omnes cogitationes eorum1; il regardoit la mort selon la nature. Mais si nous la considérons d'une autre manière, c'est-àdire selon les lumières dont la foi éclaire nos entendemens, nous trouverons, chrétiens, que la mort, au lieu d'être la destruction de ce qui s'est passé dans la vie, en est plutôt la confirmation et la ratification dernière. C'est pourquoi le Sauveur (a) a dit : Ubi ceciderit arbor, ibi erit : « Où l'arbre sera tombé, il y demeurera pour toujours. » C'est-à-dire, tant que l'homme est en cette vie, la malice la plus obstinée peut être changée par la pénitence, la sainteté la plus pure peut être abattue par la convoitise. Gémissez, fidèles serviteurs de Dieu, de vous voir en ce lieu de tentations, où votre persévérance est toujours douteuse, à cause des combats continuels où elle est exposée à tous momens.

Mais quand est-ce que vous serez fermes et éternellement immuables dans le bien que vous aurez choisi? Ce sera lorsque la mort sera venue confirmer et ratifier pour jamais le choix que vous avez fait sur la terre de cette meilleure part qui ne vous sera. plus ôtée grand privilége de la mort qui nous affermit dans le

1 Psal. CXLV, 4. 2 Eccle., XI, 3.

(a) C'est l'Ecclésiaste qui dit ce que Bossuet attribue au Sauveur. (Edit. de Déforis).

bien et qui nous y rend immuables. Que si vous voulez savoir, chrétiens, d'où lui vient cette belle prérogative, je vous le dirai en un mot par une excellente doctrine de la divine Epitre aux Hébreux. Saint Paul nous y enseigne, mes frères, que la nouvelle alliance que Jésus-Christ a contractée avec nous, n'a été confirmée et ratifiée que par sa mort à la croix'. Et cela pour quelle raison? C'est à cause, dit ce grand Apôtre, que cette mort est un testament, novum testamentum2. Or nous savons par expérience que le testament n'a de force qu'après la mort du testateur; mais quand il a rendu l'esprit, aussi le testament est invariable; on n'y peut ni ôter ni diminuer, nemo detrahit aut superordinat. Et c'est pour cela, chrétiens, que notre Sauveur nous apprend lui-même qu'il scelle son testament par son sang: Novum testamentum in meo sanguine". Jésus-Christ fait son testament; il nous laisse le ciel pour héritage, il nous laisse la grace et la rémission des péchés, bien plus il se donne lui-même. Voilà un présent merveilleux. Mais il meurt sans le révoquer; au contraire il le confirme encore en mourant. Cette donation est invariable et éternellement ratifiée par la mort de ce divin testateur. Reconnoissez donc, chrétiens, que la mort de Notre-Seigneur est une bienheureuse ratification de ce qu'il lui a plu de faire pour nous; mais il veut aussi en échange que notre mort ratifie et confirme ce que nous avons fait pour lui. Il a confirmé par sa mort le testament par lequel il se donne à nous, il ne s'y peut plus rien changer; et il demande aussi, chrétiens, que nous confirmions par la nôtre le testament par lequel nous nous sommes donnés à lui. Ce qui se pouvoit changer avant notre mort, devient éternel et irrévocable aussitôt que nous avons expiré dans les sentimens de la foi et de la charité chrétienne. C'est pourquoi, ô morts bienheureux, qui êtes morts en Notre-Seigneur dans la participation de ses sacremens, dans sa grace, dans sa paix et dans son amour, j'ai dit que votre sainteté étoit confirmée. Votre mort a tout confirmé; et en vous tirant du lieu de tentations, elle vous a affermis en Dieu pour l'éternité tout entière.

1 Hebr., IX, 15, 16, 17.— 2 I Cor., XI, 25.— 3 Galat., III, 15.— Luc., XXII, 20.

PREMIER SERMON

POUR

LE PREMIER DIMANCHE DE L'AVENT (a).

Hora est jam nos de somno surgere.

Il est temps désormais que nous nous réveillions de notre sommeil. Rom., XIII, 11.

Le croira-t-on, si je le dis, que presque toute la nature humaine est endormie et que, parmi ces empressemens et dans cette activité qui paroit (b) principalement à la Cour, la plupart (c) languissent au dedans du cœur dans une mortelle léthargie? Nul ne veille véritablement, que celui qui est attentif à son salut. Et s'il est ainsi, chrétiens, qu'il y en a dans cet auditoire qu'un profond sommeil appesantit! qu'il y en a qui en prêtant l'oreille (d) n'entendent pas, et ne voient pas en ouvrant les yeux, et qui peut-être malheureusement ne se réveilleront pas encore à mon discours! C'est l'intention de l'Eglise de les tirer aujourd'hui de ce pernicieux assoupissement. C'est pourquoi elle nous lit dans les saints mystères de ce jour l'histoire du jugement dernier, lorsque la nature étonnée de la majesté de Jésus-Christ rompra tout le concert de ses mouvemens, et qu'on entendra un bruit tel qu'on peut se l'imaginer parmi de si effroyables ruines et dans un renversement si affreux. Quiconque ne s'éveille pas à ce bruit terrible est trop profondément assoupi, et il dort d'un sommeil de mort. Toutefois si nous y sommes sourds, l'Eglise pour nous exciter davantage,

(a) Prêché le 29 novembre 1665, dans la station d'Avent, au Louvre, devant Louis XIV, la reine, Monsieur frère du roi, madame la duchesse d'Orléans, etc. Bossuet a prêché le premier dimanche d'Avent, en 1665 et en 1669, deux sermons devant la Cour l'un sur la nécessité de travailler sans délai à son salut, l'autre sur le jugement universel. Or une note écrite de la main de Bossuet nous apprend que le dernier fut prêché en 1669; le premier, c'est-à-dire celui qu'on va lire, l'a donc été en 1665.

La station d'Avent s'ouvroit le 1er novembre. Cependant Bossuet ne prêcha pas ce jour-là devant la Cour : il étoit retenu à Metz, où il venoit d'être installé doyen du chapitre. Louis XIV se rendit le jour de la Toussaint à Saint-Germainl'Auxerrois, et c'est l'abbé Thevenin qui prêcha le sermon.

(b) Var. Qu'au milieu de cette action si vive et si empressée qui paroit... (c) Les hommes. — (d) Qui en écoutant...

fait encore retentir à nos oreilles la parole (a) de l'Apôtre. Le grand Paul mêle sa voix au bruit confus de l'univers et nous dit d'un ton éclatant (b) : O fidèles, «l'heure est venue de nous éveiller : » Hora est jam nos de somno surgere. Ainsi je ne crois pas quitter l'Evangile, mais en prendre l'intention et l'esprit, quand j'interprète l'épître que l'Eglise lit en ce jour (c). Fasse celui pour qui je parle que j'annonce avec tant de force ses menaces et ses jugemens, que ceux qui dorment dans leurs péchés se réveillent et se convertissent! C'est la grace que je lui demande par les prières de la sainte Vierge.

C'est une vérité constante que l'Ecriture a établie et que l'expérience a justifiée, que la cause de tous les crimes et de tous les malheurs de la vie humaine, c'est le défaut d'attention et de vigilance. Si les justes tombent si souvent (d) après une longue persévérance, c'est qu'ils s'endorment dans la vue de leurs bonnes œuvres. Ils pensent avoir vaincu tout à fait leurs mauvais désirs; la confiance qu'ils ont en ce calme fait qu'ils abandonnent le gouvernail, c'est-à-dire qu'ils perdent l'attention à eux-mêmes et à la prière. Ainsi ils périssent misérablement; et pour avoir cessé de veiller, ils perdent en un moment tout le fruit de tant de travaux. Mais si l'attention et la vigilance est si nécessaire aux justes pour prévenir leur chute funeste, combien en ont besoin les pécheurs pour s'en relever et pour réparer leurs ruines? C'est pourquoi de tous les préceptes que le Saint-Esprit a donnés aux hommes, celui que le Fils de Dieu a répété le plus souvent, celui que les saints et les apôtres ont inculqué avec plus de force, c'est celui de veiller sans cesse (e). Toutes les épîtres, tous les évangiles, toutes les pages de l'Ecriture sont pleines de ces paroles : « Veillez, priez, prenez garde, soyez prêts à toutes les heures, parce que vous ne savez pas à laquelle viendra le Seigneur. » En effet, faute de veiller à notre salut (f) et à notre conscience, notre ennemi qui n'est que trop

(b) Eclatant et ferme.. (c) Aujourd'hui.

-

(a) Var. La voix. (d) Perdent la grace. (e) De tous les préceptes que le Saint-Esprit a donnés aux hommes, il n'y en a aucun que le Fils de Dieu ait répété plus souvent, que les saints apôtres aient inculqué avec plus de force, que celui de veiller sans cesse. f) Veiller sur notre salut et sur.....

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