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en quelque façon par l'instigation du corps, et c'est pourquoi il est juste qu'elle soit punie avec son complice. L'ame s'est aussi servie dans les bonnes œuvres du ministère du corps qu'elle a pris soin de dompter, afin, comme dit l'Apôtre ', que la justice de Dieu s'assujettît à elle-même nos membres et leur fit porter le joug honorable de Jésus-Christ et de l'Evangile. Ainsi ce corps qui a eu sa part aux travaux, doit être aussi appelé comme un compagnon fidèle à la société de la gloire.

Ou si vous vouliez que je vous apporte une raison plus sublime et plus digne encore de la majesté du Sauveur, il étoit juste que le Fils de Dieu ayant pris un corps aussi bien qu'une ame, et ayant uni l'homme tout entier à sa divine personne, il fìt sentir sa puissance au corps et à l'ame, et qu'il soumit l'homme tout entier à l'autorité de son tribunal. C'est pourquoi après avoir parlé aux morts spirituels pour ressusciter leurs ames, il parle à la fin des siècles aux morts gisans dans les sépulcres, pour les en faire sortir et leur rendre la vie (a): Et qui audierint, vivent.

Quand donc cette heure dernière sera arrivée, à laquelle Dieu a résolu de réveiller les élus de leur sommeil, une voix sortira du trône et de la propre bouche du Fils de Dieu, qui ordonnera aux morts de revivre. «Os arides, os desséchés, écoutez la parole du Seigneur : » Ossa arida, audite verbum Domini. Au son de cette voix toute-puissante qui se fera entendre en un moment de l'orient jusqu'à l'occident, et du septentrion jusqu'au midi, les corps gisans, les os desséchés, la cendre et la poussière froide et insensible seront émus dans le creux de leurs tombeaux; toute la nature commencera à se remuer; et la mer, et la terre et les abîmes se prépareront à rendre leurs morts qu'on croyoit qu'ils eussent engloutis comme leur proie, mais qu'ils avoient seulement reçus comme un dépôt pour le remettre fidèlement au premier ordre. Car, mes frères, « ce Jésus qui aime les siens, et les aime jusqu'à la fin3, » prendra soin de ramasser de toutes les parties du monde leurs restes toujours précieux devant lui. Ne vous étonnez pas d'un si grand effet; c'est de lui qu'il est écrit qu'il « porte tout Joan., XIII, 1.

1 Rom., VI, 19. - - 2 Ezech., XXXVII, 4. (a) Var. Pour ressusciter leurs corps.

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l'univers par sa parole très - efficace1. » Toute la vaste étendue de la terre, et les profondeurs des mers et toute l'immensité du monde, n'est qu'un point devant ses yeux. Il soutient de son doigt les fondemens de la terre, l'univers entier est sous sa main. Et lui, qui a bien su trouver nos corps dans le néant même d'où il les a tirés par sa parole, ne les laissera pas échapper à sa puissance au milieu de ses créatures. Car cette matière de nos corps n'est pas moins à lui pour avoir changé de nom et de forme; ainsi il saura bien ramasser les restes dispersés de nos corps, qui lui sont toujours chers parce qu'il les a une fois unis à une ame qui est son image, qu'il remplit de sa grace et qui sont toujours gardés sous sa main puissante, en quelque coin de l'univers que la loi des changemens ait jeté ces restes précieux. Et quand la violence de la mort les auroit poussés jusqu'au néant, Dieu ne les auroit pas perdus pour cela. Car « il appelle ce qui n'est pas avec la même facilité que ce qui est » Vocans ea quæ non sunt tanquam ea quæ sunt. Et Tertullien a raison de dire que « le néant est à lui aussi bien que tout: » ejus est nihilum ipsum, cujus et totum 3.

Ayant donc ainsi rétabli les corps de ses bien-aimés dans une intégrité parfaite, il les réunira à leurs ames saintes, et ils deviendront vivans; il bénira cette union, afin qu'elle ne puisse plus être rompue, et il les rendra immortels. Il fera que cette union sera tellement intime, que les corps participeront aux honneurs des ames; et par là nous les verrons glorieux. Tels sont les magnifiques présens que Jésus-Christ fera en ce jour à ses élus par la puissance de sa parole. Il les fera sortir de leurs tombeaux pour leur donner la vie, l'immortalité et la gloire; la mort ne sera plus, et toutes les marques de corruption seront abolies: Novissima inimica destruetur mors. O puissance de Jésus-Christ! ô mort glorieusement vaincue! ô ruines du genre humain divinement réparées!

Mais, mes frères, avant que la mort soit anéantie, il faut que le péché soit détruit, parce que c'est par le péché que la mort a régné sur la terre. Souvenez-vous donc, mes frères, de ce que nous avons dit au commencement, que Dieu n'a pas fait la mort;

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au contraire comme il a créé l'ame raisonnable pour habiter dans le corps humain, il avoit voulu au commencement que leur union fût indissoluble; et c'est peut-être un des sens qu'il faut donner à cette parole du Psalmiste: Corpus autem aptasti mihi1: « Vous m'avez approprié un corps. » De même que s'il eût dit comme en son nom au Créateur : 0 Seigneur, vous avez fait mon ame d'une nature bien différente du corps. Car après avoir formé ce corps avec de la boue, c'est-à-dire avec une terre détrempée, ce n'est plus ni de la terre, ni de l'eau, ni du mélange du sec et de l'humide, ni enfin d'aucune partie de la matière que vous avez tiré l'ame que vous avez mêlée dans cette masse pour la vivifier. C'est de vous-même, c'est de votre bouche que vous l'avez fait sortir; vous avez soufflé un souffle de vie, et l'homme a été animé, non par l'arrangement des organes, non par la température des qualités, non par la distribution des esprits vitaux, mais par un autre principe de vitalité que Dieu a tiré de son propre sein par une nouvelle création (a), toute différente de celle qui a tiré du néant et qui a formé la matière (b).

Que si cette théologie ne vous ennuie pas, j'ajouterai, chrétiens, que Dieu avoit fait cette ame d'une nature immortelle. Car pour laisser à part les autres raisons qui nous montrent cette vérité, il suffit de considérer celle que nous apporte l'Ecriture sainte; c'est que Dieu l'a faite à son image, qu'elle est participante de la vie de Dieu; elle vit en quelque façon comme lui, parce qu'elle vit de raison et d'intelligence, et que Dieu l'a rendue capable de l'aimer et de le connoître, comme lui-même s'aime et se connoît. C'est pourquoi étant faite à son image et étant liée par son fond à son immortelle vérité, elle ne tient point son être de la matière et n'est point assujettie à ses lois; de sorte qu'elle ne périt point, quelque changement qui arrive au-dessous d'elle, et ne peut plus retomber dans le néant, si ce n'est que celui qui l'en a tirée et qui l'ayant faite à son image, l'attache à lui-même comme à son prin1 Psal. XXXIX, 7; Hebr., x, 5.

(a) Var. Opération. (b) Note marg. : C'est pourquoi, quand il veut former l'homme, il recommence un nouvel ordre de choses, une nouvelle création : Faciamus hominem (Gen., 1, 26). C'est un autre ouvrage, une autre manière différente de tout ce qui précède; rien encore qui lui soit semblable.

cipe, làche la main tout à coup et la laisse aller dans cet abîme. Toutefois, comme elle est dans le dernier ordre des substances intelligentes, c'est en elle que se fera l'union entre les esprits et les corps. Dieu a fait des substances séparées des corps: Dieu les peut faire en divers degrés, c'est-à-dire plus ou moins parfaites; et en descendant toujours on pourra enfin venir à quelqu'une qui sera si imparfaite, qu'elle se trouvera en quelque sorte aux confins des corps et sera de nature à y être unie. Là en descendant toujours par degrés du parfait à l'imparfait, on arrive nécessairement aux extrémités et comme aux confins où le supérieur et l'inférieur se joignent et se touchent. Car je crois qu'on peut entendre facilement que tout est disposé dans la nature comme par degrés, et que le premier principe donne l'être et se répand lui-même par cet ordre et comme de proche en proche. Ainsi l'ame raisonnable se trouvera naturellement unie à un corps: Corpus autem aptasti mihi.

Mais ce mot d'approprier un corps a une plus particulière signification. Car il faut nous persuader que l'ame raisonnable parle et dit à son Créateur: Comme vous m'avez faite immortelle en me créant à votre image, vous m'avez aussi approprié un corps si bien assorti avec moi, que notre paix et notre union seroit éternelle et inviolable, si le péché venant entre deux n'eût troublé cette céleste harmonie. Comment est-ce que le péché a désuni deux choses si bien assorties? Il est aisé de l'entendre par cette excellente doctrine de saint Augustin. Car, dit-il, c'est une loi immuable de la justice divine, que le mal que nous choisissons soit puni par un mal que nous haïssons. De sorte que ç'a été un ordre très-juste qu'étant allés au péché par notre choix, la mort nous ait suivis contre notre gré, et que « notre ame fût contrainte de quitter son corps par une juste punition de ce qu'elle a abandonné Dieu par une dépravation volontaire : » Spiritus, quia volens deseruit Deum, deserit corpus invitus 1.

C'est, mes frères, en cette sorte que « le péché étant entré dans le monde, la mort, comme dit l'Apôtre, y est entrée par même moyen. » C'est pourquoi le Fils de Dieu ne détruit la mort qu'a'S. August., De Trinit., lib. IV, n. 16. 2 Rom., V, 12.

près avoir détruit le péché; et avant que d'adresser aux morts à la fin des temps la parole qui les ressuscite, il adresse dans le cours des siècles à tous les pécheurs sa parole, qui les convertit et qui les appelle à la pénitence. C'est cette parole que nous vous portons. (a) O morts, c'est donc à vous que je parle, non à ces morts qui gisent dans ce tombeau, et reposent en paix et en espérance sous cette terre bénite; mais à ces morts parlans et écoutans, « qui ont le nom de vivans, et qui sont morts en effet : » Nomen habes quòd vivas, et mortuus es1; qui portent leur mort dans leur ame, parce qu'ils y portent leur péché. Ecoutez, ô morts spirituels; c'est Jésus-Christ qui vous appelle pour ressusciter avec lui : « Pourquoi voulez-vous mourir, maison d'Israël? » Sortez de vos tombeaux, sortez de vos mauvaises habitudes. Ah! que je vous relève aujourd'hui; mais avant de vous relever, que je vous abatte!

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Adhuc quadraginta dies, et Ninive subvertetur 3. Dieu les menace de les renverser, et ils se renversent eux-mêmes en détruisant jusqu'à la racine leurs inclinations corrompues: Subvertitur planě, dùm calcatis deterioribus studiis ad meliora convertitur; subvertitur planè, dùm purpura in cilicium, affluentia in jejunium, lætitia mutatur in fletum. De quoi vous plaignez-vous, ô Seigneur? Vous avez dit que Ninive seroit renversée; en effet elle est renversée en tournant en bien ses mauvais désirs. « Ninive est véritablement renversée, puisque le luxe de ses habits est changé en un sac et un cilice, la superfluité de ses banquets en un jeûne austère, la joie dissolue de ses débauches aux saints gémissemens de la pénitence. » O ville utilement renversée! Paris, dont on ne peut abaisser l'orgueil, dont la vanité se soutient toujours malgré tant de choses qui la devroient déprimer, quand te verrai-je renversée? Quand est-ce que j'entendrai cette bienheureuse nouvelle Le règne du péché est renversé de fond en comble; ses femmes ne s'arment plus contre la pudeur, ses enfans ne soupi

:

1 Apoc., III, 1. — 2 Ezech., XXXIII, 11. 3 Jon., III, 4. de Pœnit. Ninivit., tom. VI Biblioth. Patr., col. 646.

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(a) Note marg.: Que plût à Dieu que nous pussions détacher de notre parole tout ce qui flatte l'oreille, tout ce qui délecte l'esprit, tout ce qui surprend l'imagination, pour n'y laisser que la vérité toute simple, la seule force et l'efficace toute pure du Saint-Esprit, nulle pensée que pour convertir!

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