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qui les porte à les assister avec un empressement charitable. Mais encore n'est-ce pas assez de les secourir dans leurs besoins. Tel assiste le pauvre, qui n'est pas intelligent sur le pauvre. Celui qui leur distribue quelque aumône, ou contraint par leurs pressantes importunités, ou touché par quelque compassion naturelle, soulage la misère du pauvre; mais néanmoins il est véritable qu'il n'est pas intelligent sur le pauvre. Celui-là entend véritablement le mystère de la charité, qui considère les pauvres comme les premiers enfans de l'Eglise; qui honorant cette qualité, se croit obligé de les servir; qui n'espère de participer aux bénédictions de l'Evangile que par le moyen de la charité et de la communication fraternelle.

Donc, mes frères, ouvrez les yeux sur cette maison indigente, et soyez intelligens sur ses pauvres. Si je demandois vos aumônes pour une seule personne, tant de grandes et importantes raisons qui vous obligent à la charité, devroient émouvoir vos cœurs. Maintenant j'élève ma voix au nom d'une maison tout entière, et encore d'une maison chargée d'une multitude nombreuse de pauvres filles entièrement délaissées. Faut-il vous représenter et le péril de ce sexe, et les suites dangereuses de sa pauvreté, l'écueil le plus ordinaire où sa pudeur fait naufrage? Que serviront les paroles, si la chose même ne vous touche pas? Entrez dans cette maison, prenez connoissance de ses besoins; et si vous n'êtes pas touchés de l'extrémité où elle est réduite, je ne sais plus, mes frères, ce qui sera capable de vous attendrir. Il est vrai, des dames pieuses ont ouvert les yeux sur cette maison, elles ont entendu sur les pauvres; parce qu'elles connoissent leur dignité, elles se tiennent honorées de les servir; parce qu'elles sont chrétiennes, elles se croient obligées de les assister; parce qu'elles savent le poids des richesses mal employées, elles se déchargent entre leurs mains d'une partie de leur fardeau, et en répandant les biens temporels, elles viennent recevoir en échange les graces spirituelles.

ABRÉGÉ D'UN SERMON

POUR

LE DIMANCHE DE LA SEPTUAGÉSIME (a).

Parcet pauperi et inopi, et animas pauperum salvas faciet. Psal. LXXI, 23.

Il est venu au monde pour renverser l'ordre que l'orgueil y a établi Novissimi primi, primi novissimi 1. Police de l'Eglise contraire à la politique du siècle, en trois points : 1o Dans le monde les riches sont les premiers, dans le royaume de JésusChrist la prééminence appartient aux pauvres, qui sont les vrais enfans et les premiers-nés de l'Eglise. 2o Dans le monde les pauvres semblent nés pour servir les riches, dans l'Eglise les riches pour servir les pauvres. 3o Dans le monde les graces et les priviléges sont pour les riches, et les pauvres n'y ont part que par leur appui; dans l'Eglise toutes les bénédictions sont pour les pauvres, et les riches n'ont de priviléges que par leur moyen. Trois vérités qui expriment aux riches comme ils doivent se conduire à l'égard des pauvres, en honorant leur condition, soulageant leur nécessité, participant à leurs priviléges.

Les pauvres sont les vrais enfans de l'Eglise. Ils y sont de droit et de la première institution, et les riches seulement par grace et par privilége. Jésus-Christ ne vient que pour eux: tout le psaume LXXI. Le roi des pauvres. Le sujet de sa mission : Evangelizare pauperibus misit me ; - Pauperes evangelizantur3. La raison : condamner l'injustice des hommes et prendre en main la protection de ce que le monde abandonne le plus; ce sont les pauvres Tibi derelictus est pauper. Dieu envoie au monde Jésus-Christ pour en être le Sauveur. S'il eût appelé les riches et les puissans, ils eussent cru lui faire trop d'honneur, ou ils l'auroient superbement dédaigné. Il veut des personnes qui ne

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(a) Ces lignes n'avoient pas encore été publiées. Elles renferment pour

dire le canevas du sermon précédent.

14.

ainsi

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croient pas que rien leur soit dû, et qui se tiennent trop heureux qu'on les considère. Il envoie inviter à son festin des personnes riches et accommodées; ils s'excusent tous, les riches font les dédaigneux. Jésus-Christ: Pauperes, debiles, claudos..., compelle intrare'. Ils n'osent venir, ils s'en croient indignes. - Compelle intrare; ce sont ceux que je veux. En effet les apôtres, et durant les trois premiers siècles : Non multi potentes, non multi nobiles; ea quæ non sunt; ce sont les pauvres qu'on compte pour rien. A peine les premiers chrétiens jugeoient-ils les puissans dignes d'être reçus dans l'Eglise. Ils les trouvoient trop chargés de la pompe du siècle, trop engagés dans les intérêts du monde, qu'ils croyoient le règne de Satan. Tertullien dit que les Césars ne peuvent pas être chrétiens: Christiani esse non possunt Cæsares et majores sæculi. Ils sont sa pompe; nécessaires pour nous tourmenter. Voilà donc les pauvres les premiers-nés; ce sont ceux pour lesquels Jésus-Christ est venu. Lui-même pauvre, et Sauveur des pauvres, particulièrement des malades. C'est pourquoi il est dit: Pauperum enim erat adjutor. Honorez la condition des pauvres à cause du mépris que le monde fait d'eux. Puissante raison à des chrétiens.

Les riches ne sont dans l'Eglise que pour les pauvres ; il faut le prouver en considérant le véritable usage des richesses dans le royaume de Jésus-Christ. Ce n'est pas pour la pompe, pour l'ostentation, pour l'affluence, pour les voluptés. Il n'a que faire de temples somptueux. Il n'a jamais régné plus absolument que lorsque ses mystères se célébroient dans des cachots. On trouvera que tout l'usage des richesses à l'égard du royaume de JésusChrist, c'est la miséricorde. Tout le reste est plutôt contraire à l'Eglise et à l'esprit du christianisme. Il ne souffre donc les riches que pour assister les pauvres; c'est à cette charge qu'il les reçoit. C'est pourquoi dans l'ancienne Eglise, tout en commun, de peur de se rendre coupables de la nécessité de quelqu'un : Beatus qui intelligit super egenum et pauperem ! Il y a assister le pauvre et être intelligent sur le pauvre. Celui qui donne avec orgueil, qui reproche ses bienfaits, il assiste le pauvre; mais pour 1 Luc., XIV, 21, 23. - 2 Psal. XL, 2.

être intelligent sur le pauvre, il faut lui donner dans la pensée que nous n'avons de biens qu'à cette condition, qu'on n'est dans l'Eglise que pour cela. Toutes les autres dispensations des richesses ne regardent pas l'Eglise; celle-ci lui est propre et particulière : Beatus qui intelligit.... qui se regarde comme le ministre des pauvres ! Cela l'oblige non-seulement à les assister quand ils se présentent, mais à aller au-devant comme un serviteur qui doit prévenir son maître. Il faut forcer leur pudeur par un bon accueil. Exemple d'Elie. Diverses remarques.

Les priviléges de l'Eglise appartiennent aux pauvres. Toutes les malédictions sur les riches; toutes les bénédictions sur les pauvres. Le moyen de communiquer, c'est de s'associer avec eux par la compassion. Acheter leurs priviléges en les assistant, expier la contagion qu'on contracte par les richesses. Saint Paulin, sur sainte Mélanie.

PREMIER SERMON

POUR

LE DIMANCHE DE LA QUINQUAGÉSIME,

SUR L'UTILITÉ DES SOUFFRANCES (a).

Ipsi nihil horum intellexerunt, et erat verbum istud absconditum ab eis, et non intelligebant quæ dicebantur (b).

Les apôtres ne comprirent rien dans tout ce discours que le Fils de Dieu leur fit de sa passion; et ces choses leur étoient cachées (c), et ils n'entendirent point ce qu'il leur disoit. Luc., XVIII, 34.

L'histoire sacrée de l'Evangile nous représente les saints apôtres en trois états différens depuis leur vocation. Elle nous les représente premièrement dans une grande ignorance des célestes vérités; ensuite nous les voyons dans une incrédulité manifeste; enfin ils nous sont montrés pleins de lumières et de connoissances, et tellement éclairés qu'ils éclairent eux-mêmes tout le monde. Lorsque Jésus-Christ étoit avec eux, leur entendement grossier ne pénétroit pas les mystères. Quand il se retira du monde, le scandale de la croix les troubla de sorte qu'ils en perdirent la foi (d). Enfin quand le Saint-Esprit fut descendu, leur foi fut établie immuablement, et toutes les ténèbres qui enveloppoient leurs esprits furent dissipées. Ne nous persuadons pas que ces divers change

(a) Prêché vers 1659.

Portant l'empreinte de l'école, ce sermon rappelle un peu ces élucubrations dont les præmittenda et les notanda font la principale partie; moins rapide que tant de chefs-d'œuvre, il marche à travers les témoignages, et les textes, et les sentences, et même les citations grecques. Mais, d'une autre part, il a moins d'emphase et plus de force réelle, il offre plus de simplicité et moins de termes vieillis que les premiers essais de l'auteur. Placé entre ces deux considérations, on ne peut guère, ce me semble, s'éloigner de la date fixée tout à l'heure ; il faut la mettre aux confins de l'époque de Metz et de l'époque de Paris.

(4) Après le latin : Καὶ αὐτοὶ οὐδὲν τούτων συνῆκαν, καὶ ἦν τὸ ῥῆμα τοῦτο κεκρυμμένον ἀπ' αὐτῶν, καὶ οὐκ ἐγίνωσκον τὰ λεγόμενα (Luc. XVIII, 34). — (c) Var. : Et le sens de cette parole leur étoit caché. — (d) Qu'ils tombèrent dans l'infidélité.

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