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dans Babylone enrichie de la dépouille de tant de rois? Qu'on les apporte néanmoins; précipitez vos pas, troupe d'esclaves. Enivronsnous, dit-il à ses femmes et à ses maîtresses, enivrons-nous dans ces coupes sacrées d'où l'on a fait tant d'effusions au Dieu des Juifs! C'est ainsi que son intempérance le pousse (a) jusqu'à la profanation et au sacrilége. Tant il est vrai que la lumière de Dieu étant une fois éteinte, le principe de la droiture entamé (b) et la conscience affoiblie, tous les crimes l'un après l'autre se naturalisent pour ainsi parler dans notre cœur, et nous tombons d'excès en excès.

En effet l'auriez-vous cru, je vous le demande, l'auriez-vous cru, si on vous l'eût dit dans votre jeunesse, que vous eussiez dû vous durcir ce front (c) jusqu'à mépriser tous les bruits et tous les reproches du monde? Et vous, l'eussiez-vous pensé, que vos lèvres accoutumées je ne sais comment à ce plaisir qu'on ne connoît pas de mentir toujours, à la fin dussent proférer gratuitement autant de mensonges ou même autant de parjures que de paroles? Vous êtes tombés par degrés dans cet abîme; et pour vous faire descendre dans ces profondeurs dont vous aviez tant d'horreur, il n'a fallu que vous y conduire par une pente plus douce et plus insensible. Ainsi, ô divin Sauveur, je bornerois trop ma reconnoissance envers vous, si je la renfermois seulement dans les crimes que vous m'avez pardonnés. Hélas! « ils se sont multipliés par-dessus les cheveux de ma tête, et mon cœur m'abandonne quand j'y pense 1.» Enfin le nombre en est infini; et je vois paroître à mes yeux une suite qui n'a point de fin, de péchés connus et inconnus. Si mes mains en sont innocentes, je le dois à la bonté du Sauveur. O grace! apprenons donc à connoître la société des péchés, et dans un seul que nous commettons, concevons l'infinité tout entière de notre malice.

Un respect humain vous empêche de faire une bonne action. Pendant qu'on se déchaîne contre les dévots, vous rougissez de la profession (d) de la piété véritable. C'est par un semblable commencement que durant la persécution tant d'ames infirmes firent

1 Psal. XXXIX, 13.

(a) Var: C'est ainsi qu'il est poussé par la débauche jusqu'à.....

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- diminué. — (c) Durcir votre front. - (d) Vous craignez de faire profession...

naufrage dans la foi, et que l'Eglise pleura leur apostasie. Si bientôt vous ne corrigez l'indifférence inhumaine que vous avez pour les malheureux et pour les pauvres, vous viendrez, plein de vous-même et de vos plaisirs, à l'insensibilité du mauvais riche (a). Qu'on pousse à bout cette vanité qui exige tant de complaisances, ou cet intérêt qui vous fait faire un faux pas dans le chemin de la bonne foi et de la justice, on verra naître d'un côté ces monstres d'orgueil qu'on ne pourra plus supporter, et de l'autre les trahisons et les perfidies signalées. Regardez donc dans ce premier pas où la main du Sauveur vous a soutenu, toute l'horreur de la chute. Ce que nous ne craignons pas de notre malice, craignons-le de notre foiblesse (b) : ou plutôt craignons tout de notre malice et de notre foiblesse tout ensemble, parce que de l'un à l'autre notre malice nous porte à tout, et que notre foiblesse sans défense et découverte de tous côtés, hélas! ne résiste à rien. Soyons donc toujours en garde contre nous-mêmes : nous avons à entretenir un édifice branlant; pour en soutenir la structure qui se dément de toutes parts, il faut être toujours vigilant, toujours attentif et en action, étayer d'un côté, réparer de l'autre, affermir le fondement, appuyer cette muraille caduque qui entraînera tout le bâtiment, recouvrir le comble : c'est par là que la foiblesse succombe, c'est par là que les pluies pénètrent.

Jusqu'à ce que nous connoissions toutes ces infirmités, nous ne connoitrons pas assez le Sauveur. Que ce nom me donne de confusion! mais que ce nom me donne de joie et de confiance! Qu'il me donne de confusion! car combien me dois-je tenir pour perdu, puisque j'ai besoin d'un Sauveur à chaque moment! Mais combien aussi d'autre part me dois-je pour ainsi dire tenir pour sauvé, puisque j'ai un Sauveur si puissant et si secourable, un Sauveur qui ne se refuse à personne, « dont le nom est un parfum répandu' » et dont les graces s'étendent sur tous les pécheurs, c'està-dire sur tous les hommes; qui ouvre ses bras à tous, à tous ses plaies, à tous ses graces (c)!

1 Cant., 1, 2.

(a) Var. C'est ce principe qui fit autrefois les apostasies. Qu'on pousse à bout cette vanité, etc. (b) Ce que vous ne craignez pas de votre malice, craignez-le de votre foiblesse, etc. (c) Note marg. : De quelque tempérament, de quelque

« Ah! je me glorifierai au Seigneur mon Dieu, et je me réjouirai en Dieu mon Sauveur : » In Deo salutari meo 1. « Mon ame, bénis le Seigneur, et que tout ce qui est en moi célèbre son saint nom; mon ame, encore une fois, bénis le Seigneur, et ne laisse échapper à ton souvenir aucune de ses bontés. C'est lui qui a pardonné tous tes péchés, c'est lui qui soutient toutes tes foiblesses. » Mais, pour comble de félicité, c'est lui qui te délivrera de tous tes périls et qui t'élevant à une si haute et si parfaite liberté (a), fera que tu ne pourras plus servir au péché.

C'est donc ici, chrétiens, la dernière grace, le prix, la perfection et le comble de toutes les autres. C'est ce sabbat éternel, c'est ce parfait repos qui nous est promis, où notre fidélité ne sera pas moins assurée que celle de Dieu, parce qu'alors il fixera nos désirs errans par la pleine communication du bien véritable. Encore un mot, chrétiens, sur cette dernière grace.

TROISIÈME POINT.

Cette dernière grace sera donnée au fidèle par notre Sauveur, lorsqu'après la fin de cette vie il lui adressera ces paroles : « Courage, bcn serviteur; parce que vous avez été fidèle dans les petites choses, les grandes vous seront données entrez dans la joie de votre Seigneur 3. » Entendez-vous, chrétiens, la force de cette parole: «Entrez dans la joie de votre Seigneur?» Entendez-vous cette jcie sublime, divine, incompréhensible, qui n'entre pas dans votre cœur comme dans un vaisseau plus vaste qu'elle, mais qui, plus grande que votre cœur, dit saint Augustin', l'inonde, le pénètre, l'enlève à lui-même? Ce n'est pas sa joie qu'il

1 Luc., 1, 46, 47.—2 Psal. CII, 3.—3 Matth., xxv, 23. — Confess., lib. IX, cap. x. âge, de quelque condition que vous soyez, ne craignez pas de venir à lui, qui non-seulement entre quand on lui ouvre, mais qui de lui-même frappe toujours pour se faire ouvrir (Apoc., II, 20). Cette pécheresse a trouvé à ses pieds un plus digne objet de ses tendresses, un meilleur emploi de ses parfums, un plus bel usage de ses longs cheveux (Luc., VII). Les pécheurs grossiers y ont épuré leurs pensées les publicains s'y sont enrichis du vrai trésor; un saint Paul a puisé dans sa croix une science plus éminente que celle qu'il avoit acquise aux pieds de Gamaliel (Act., XX'I, 3); la contemplation et l'action y goûtent d'égales délices; enfin il a des consolations pour tous les maux, des attraits pour toutes les complexions, des soutiens pour toutes les infirmités.

(a) Var. Au plus haut degré de liberté.

ressent, c'est la joie de son Seigneur où il entre; c'est la félicité de son Dieu, parce qu'il est fait (a), comme dit saint Paul', un même esprit par un amour immuable : si bien que semblable à Dieu, et Dieu en quelque façon dans cette union (b), tout ce qu'il y a de mortel en lui est englouti par la vie; il ne sent plus que Dieu seul et entre dans la plénitude de la joie de Dieu, in gaudium Domini tui. Alors non-seulement il ne pèche plus, mais encore il ne peut plus pécher. Tous ses désirs sont contens; avec la capacité de son ame, son espérance est remplie. Qu'est devenue cette liberté qui ne cessoit d'errer d'objets en objets (c)? Il n'en connoît plus l'appât. Nul mouvement de son cœur, nulle partie de luimême ne peut échapper au souverain bien qui le possède. Le commencement de notre repos, c'est de pouvoir ne plus pécher; la fin, ne pouvoir plus pécher : voilà, mes frères, où il faut tendre, voilà ce que nous avons à désirer. « Hâtons-nous, dit saint Paul, d'entrer dans ce repos 2. » On ne vient pas à un si grand bien sans en avoir désiré la jouissance : il faut goûter par avance ces saintes douceurs. C'est pourquoi Dieu nous a donné dès cette vie un écoulement de la gloire dans la grace, un essai de la claire vue dans la foi, un avant-goût de la possession dans l'espérance, une étincelle de la charité consommée dans la charité commencée. Commençons donc « à goûter et à voir combien le Seigneur est doux 3. >>

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Mais, quoi! on ne m'entend plus. Tu m'échappes à ce coup, auditeur distrait (d). On nous entend quelque temps pendant que nous débitons une morale sensible ou que nous reprenons les vices communs du siècle. L'homme curieux de spectacles s'en fait un, tant il est vain! de la peinture de ses erreurs et de ses défauts, et croit avoir satisfait à tout quand il laisse du moins censurer ce qu'il ne corrige pas. Quand nous venons à ce qui fait l'homme intérieur, c'est-à-dire à ce qui fait le chrétien, à ces désirs du règne de Dieu (e), à ces tendres gémissemens d'un cœur dégoûté du monde et touché des biens éternels, c'est une langue inconnue. 11 Cor., VI, 17. - 3 Psal. XXXIII, 11. (a) Var. En ce qu'il est fait. (b) Si bien que devenu Dieu par cette union. (c) Il ne connoît plus cette liberté inquiète qui n'étoit qu'un égarement et une erreur continuelle. (d) Charnel. (e) De la vie céleste.

↑ Hebr., IV,

9.

Je ne m'en étonne pas : ce cantique des joies célestes que je commençois à chanter, c'est le cantique de Jérusalem. Et de qui sont environnés les prédicateurs? De qui sont composés ordinairement les grands auditoires, si ce n'est des habitans de Babylone, des mondains qui apportent leurs vanités, leur corruption, leur vie sensuelle à ces saints discours? Et bientôt ils condamneront encore, si Dieu le permet, le prédicateur, s'il ne sait pas caresser les tendres oreilles et flatter par quelque nouvel artifice, contenter ou surprendre leur goût ou raffiné ou bizarre. Et je pourrois espérer que des ames ainsi prévenues des joies de la terre entendissent les joies du ciel!

Malheur à nous, malheur à nous, non pas à cause de ce déluge de maux dont la vie humaine est accablée, ni à cause de la pauvreté et des maladies, et de la vieillesse et de la mort ! malheur à nous à cause des joies qui nous trompent, qui obscurcissent nos yeux, qui nous cachent nos devoirs et la fin malheureuse de tous nos desseins! Malheur à une jeunesse enivrée qui se glorifie dans ses désordres, et qui a honte de donner des bornes à ses excès! Malheur au pécheur fortuné qui dit en son cœur aveugle : « J'ai péché, et que m'est-il arrivé de mal1?» Il ne songe pas que le Tout-Puissant l'attend au mauvais jour, et qu'assuré de son coup il ne précipite pas sa vengeance. Malheur à l'impie qui se délecte dans la singularité de ses sentimens ! Il craindroit de paroître foible, s'il en revenoit; et plus foible, il craint de perdre les vaines louanges de quelques amis qui, aussi peu résolus que lui sur les vérités de la vie future, sont néanmoins bien aises d'éprouver jusqu'où l'on peut pousser l'apparence de la sûreté au milieu de l'incertitude et du doute. Mais Dieu confondra bientôt leur vaine philosophie; et malgré cette honteuse dissimulation, il trouvera dans leur cœur de quoi les convaincre. « Il n'y a point de paix pour l'impie2, » dit le Seigneur. Malheur enfin à ceux qui vivent dans les délices, puisqu'ils sont morts tout vivans, » comme dit l'Apôtre ! Jésus-Christ ne sera pas leur Sauveur; car «son royaume n'est pas de ce monde, » et il ne l'a pas préparé à ceux qui veulent triompher sur la terre. Au contraire c'est d'eux qu'il a prononcé

1 Eccli., V, 4. - 2 Isa., XLVIII, 22. - 3 I Timoth., V, 6. -Joan., XVIII, 36.

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