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péchés, vous ne commettiez à la fin ce péché contre le Saint-Esprit, qui ne se remet ni en ce monde ni en l'autre. Car enfin s'il est véritable qu'il n'y a point de péché que le sang de Jésus-Christ ne puisse effacer et que sa miséricorde ne puisse remettre, il n'est pas moins véritable qu'il y en aura un qui ne sera jamais remis; et comme vous ne savez pas si ce ne sera point le premier que vous commettrez, et qu'il y a au contraire grand sujet de craindre que Dieu se lassera de vous pardonner, puisque toujours vous abusez de son pardon, craignez tout ce que fera une bonté rebutée, qui changera en supplices toutes les graces qu'elle vous a faites. Venez contempler tous les mystères du Sauveur : regardez l'endroit par où ils vous peuvent tourner à ruine, et celui par où ils vous peuvent être en consolation et en joie et au lieu de regarder sa bonté comme un titre pour l'offenser plus facilement, regardez-la comme un motif le plus pressant pour enflammer votre amour, afin que passant vos jours dans les consolations qui accompagnent la rémission des péchés, vous arriviez au bienheureux séjour d'où le péché et les larmes seront éternellement bannies. C'est la grace que je vous souhaite avec la bénédiction du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.

EXORDE D'UN SERMON

POUR

LA SEMAINE DE NOEL.

C'étoit une grande entreprise de rendre vénérables par toute la terre les abaissemens du Verbe incarné. Jamais chose aucune ne fut attaquée par des raisonnemens plus plausibles. Les Juifs et les Gentils en faisoient le sujet de leurs railleries; et il faut bien que les premiers chrétiens aient eu une fermeté plus qu'humaine, pour prêcher à la face du monde avec une telle assurance une doctrine apparemment si extravagante. C'est pourquoi Tertullien

TOM. VIII

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se vante que les humiliations de son Maître, en lui faisant mépriser la honte, l'ont rendu impudent de la bonne sorte et heureusement insensé Bene impudentem et feliciter stultum'. Laissezmoi, disoit ce grand homme, quand on lui reprochoit les bassesses du Fils de Dieu, laissez-moi jouir de l'ignominie de mon Maître et du déshonneur nécessaire de notre foi. Le Fils de Dieu est né dans une étable; je n'en ai point de honte, à cause que la chose est honteuse on a mis le Fils de Dieu dans des langes; il est croyable, parce qu'il est ridicule : le Fils de Dieu est dans une crèche; je le crois d'autant plus certain que selon la raison humaine il paroît entièrement impossible. Ainsi la simplicité de nos pères se plaisoit d'étourdir les sages du siècle par des propositions inouïes dans lesquelles ils ne pouvoient rien comprendre, afin que toute la gloire des hommes s'évanouissant, il ne restât plus d'autre gloire que celle du Fils de Dieu anéanti pour l'amour des hommes. C'est à ce Dieu abaissé que je vous appelle. Venez l'adorer, chrétiens, autant dans sa foiblesse que dans sa grandeur, autant dans sa crèche que dans son trône. Mais quel seroit notre crime si venant adorer le Fils, nous manquions de saluer la divine Mère qui nous l'a donné par son enfantement, qui nous le nourrit de son lait virginal, qui nous le conserve par ses soins maternels, et qui nous obtiendra son secours qui nous est si nécessaire en cette action, si nous l'en prions avec zèle en disant : Ave.

PENSÉES DÉTACHÉES

POUR

LA SEMAINE DE NOEL (a).

Les prophètes étoient vaincus par notre malice; les docteurs ne profitoient pas; la loi étoit foible et parloit vainement; les

1 De Carn. Christi, n. 5.

(a) De la grande époque de l'orateur.

Ces réflexions, et particulièrement les citations grecques, sont tirées des home.

anges mêmes et les archanges travailloient inutilement au salut des hommes, dont la volonté ne suivoit pas le bien où elle étoit excitée. Le Créateur est venu lui-même, non avec éclat ni avec un appareil superbe, de peur d'alarmer son serviteur fugitif et égaré de ses lois, quɣáða tāv voμāv. Il ne veut pas effrayer sa proie, la proie qu'il vouloit prendre pour son salut. S'il étoit venu noblement, le monde eût attribué son changement à sa dignité, à sa puissance, à ses richesses, à son éloquence, à sa doctrine. Tout est humble, tout est pauvre, tout est obscur, méprisable, afin qu'il paroisse que la seule divinité avoit transformé le monde : une mère pauvre, une patrie encore plus pauvre, dans une crèche pour se montrer la pâture mème des animaux irraisonnables : car les Juifs étoient plus brutaux que les brutes mêmes. Etant riche, s'est fait pauvre. Condescendance.

Une vertu céleste prit la forme d'une étoile, pour conduire les Chaldéens par une nature qui leur fùt connue et familière. Le même qui a attiré les Mages fait la solennité présente, non couché dans la crèche, mais posé sur cette table sacrée. La crèche a enfanté cette table; il a été posé en celle-là, afin qu'il pût être mangé en celle-ci. Cette crèche a représenté cette table magnifique. Cette Vierge a produit ce nombre innombrable de vierges. La pauvreté de Bethleem a bâti ces temples magnifiques. Ces pauvres langes ont produit la rémission des péchés. Voyez ce qu'a produit la pauvreté, combien elle a engendré de richesses. Pourquoi avezvous honte de sa pauvreté, qui a produit tant de biens inestimables? Pourquoi lui ôtez-vous ses plaies, qui ont fait la guérison des nôtres ?

Nos membres (membra virginis) qu'il a pris n'ont rien de honteux, puisque Dieu les a formés; mais c'est nous qui avons fait outrage à notre nature, en la livrant à nos convoitises. Il n'a pas méprisé notre nature, quoique nous l'ayons outragée nousmêmes.

Dieu accoutumé de paroître aux hommes sous des formes sensibles. Le feu, qui ne brûle point. Le juge parmi les criminels, qui

lies de Théodote. Labbe, Concil., tom. III, col. 988 et suiv. Bossuet nomme luimême cet auteur.

ne condamne personne; juge parmi les condamnés, qui n'envoie personne au supplice; juge qui ne juge pas, mais qui enseigne; qui ne condamne pas, mais qui guérit. La clémence de ce feu mystique qui pardonne au buisson, figure de la clémence de JésusChrist. Il éclaire, et ne consume pas; il brille, et ne brûle pas; il fait du bien, bien loin de blesser et de nuire. Dieu ne trouve rien de honteux de ce qui peut donner le salut aux hommes.

La pensée devient intelligible par la parole, palpable par l'écriture ainsi le Verbe. Votre pensée (y) est votre enfant en quelque sorte; vous l'enfantez une seconde fois, quand vous la rendez sensible: ainsi le Père. La parole que je prononce en moi se répand sur tous, propre à un chacun comme à tous.

Dieu habite dans l'homme plus noble que tout le reste, que le soleil, etc., parce qu'il est libre, maître de soi-même.

Comme celui qui déchire le papier où est écrite la loi du prince, viole sa parole, qui inviolable par elle-même, est violée et comme déchirée dans le corps dont elle s'est revêtue ainsi le Verbe de Dieu.

Il est venu à son serviteur, non avec la majesté d'un maître, car il auroit étonné son fugitif; l'attirant par son humilité à la familiarité; à la liberté en se faisant conserviteur, afin que nous devinssions maîtres.

Le Verbe s'est approprié un corps, se l'est rendu propre, et en ce corps toutes les passions de ce corps: il se les est donc appropriées. Il ne faut point dire que Dieu habite en Christ comme dans une autre personne; ni que Christ est adoré, parce qu'il est uni au Verbe; ni qu'il est adoré avec lui, parce que c'est la même adoration. Il ne faut point séparer par la pensée ni par l'intelligence le Verbe et le Christ, en les unissant seulement de parole, comme faisoit Nestorius. Mais toutes les fois que nous nommons le Verbe, nous devons entendre que l'homme est aussi compris sous ce nom; ainsi quand nous nommons Jésus, nous y comprenons le Verbe. C'est ce qui est expliqué passim, mais très-bien dans l'homélie de Théodotus.

Parvulus natus est, datus est, admirabilis1; qui détruit le 1 Isa., IX, 6.

royaume où il est né, qui s'en fait un nouveau de ses ennemis et de ceux qui ne le connoissoient pas, par la croix; subjuguant par amour: Deducet te mirabiliter dextera tua 1. Consiliarius... ; consilia destruentes, et omnem altitudinem extollentem se adversùs scientiam Dei. Deus fortis...; quod infirmum est Dei, fortius est hominibus. Pater futuri sæculi...; princeps pacis...; pacem relinquo*...;pax huic domui...; revertetur ad vos 5...; pacem ei qui longè est, et qui propè ...; pax Dei quæ exsuperat omnem sensum, custodiat corda vestra et intelligentias vestras in Christo Jesu".

6

La chair a été ennoblie, et non la divinité dégradée. Dieu relève ce qu'il prend et ne perd pas ce qu'il communique.

8

Le grand pape saint Léon nous enseigne que les œuvres qu'un Dieu Sauveur a accomplies pour notre salut, ne sont pas seulement des graces, mais des secours; que tout ce qui nous rachète nous parle, enfin que tous les mystères sont des exemples; si bien que le chrétien doit imiter tout ce qu'il croit.

Apparuit gratia Dei. Dans tous les mystères que Dieu accomplit pour notre salut, il y a toujours trois choses à considérer. Tous les mystères contentent nos désirs par quelque don, dirigent nos mœurs par quelque exemple, excitent notre espérance par quelque promesse. Car tout ce qui s'accomplit dans le temps a son rapport à la vie future; si bien qu'il faut toujours y considérer la grace qu'ils nous apportent, les instructions qu'ils nous donnent, la gloire qu'ils nous proposent. L'Apôtre n'a rien omis, et conduit successivement les fidèles par tous ces degrés. Apparuit gratia Dei Salvatoris nostri omnibus hominibus; là il nous propose la grace que Jésus naissant nous apporte : Erudiens nos 10; là il nous découvre les vertus que Jésus naissant nous enseigne : Expectantes beatam spem "; là il nous fait voir le grand et admirable spectacle que Jésus naissant nous fait attendre.

Après avoir expliqué ce pieusement... Que si le monde nous appelle à ses spectacles, nous attendons un autre spectacle, Jésus

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