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aboli, toute la nation dispersée, le jouet et la dérision de tous les peuples du monde : Omnia in figurâ contingebant illis'. Ce peuple dans ses bénédictions, figure de nos graces; dans ses malédictions, figure de la vengeance que Dieu exerce sur nous, etc. Le baptême, la pénitence; le pain des anges, viande céleste. Dieu s'approche de l'arbre, non pour faire tomber les fruits et les feuilles. Il n'en veut ni à votre bien, ni à vos fortunes. Il ne faut pas la cognée, il ne faut pas la racine. Les biens externes tiennent si peu qu'il ne faut que secouer l'arbre légèrement, et après le moindre vent les emporte. Il n'en veut pas aux branches, à la santé, à la vie; ad radicem, au fond de l'ame. Arbre infructueux où il ne trouve aucun fruit, quæ non facit fructum bonum. Parabole du figuier, Luc., XII, tout au long.

Je suis venu depuis trois ans : trois ans, c'est un terme immense pour l'attente de notre Dieu. Comptons vingt ans, trente ans, cinquante ans. Songez à votre âge, je n'entreprends pas de faire ce dénombrement; et il n'a pas encore trouvé de fruit. Les autels de notre Dieu n'ont pas encore vu vos prémices. Il faut couper: Ut quid enim terram occupat? « Pourquoi occupe-t-il la terre inutilement? » Il occupe le soin de mes ministres, qui travailleroient plus utilement sur des ames mieux disposées. Il fait ombre à ma vigne et empêche que mes nouveaux plants ne prennent le soleil, ou que leur fruit ne mûrisse. « Donnez encore un an. » Voyez un erme préfix et un terme assez court; car l'Eglise qui intercède sait qu'il ne faut pas abuser de la patience d'un Dieu. Trois ans, une longue attente; un an, une longue surséance. « Et s'il rapporte du fruit, à la bonne heure; sinon vous le couperez. » Elle consent. Appliquez à l'ame : vous avez eu la pluie, vous avez eu le soleil, vous avez eu la culture; vous n'avez ni profité ni porté de fruits vous n'avez plus rien à attendre que la cognée et le feu. Portez des fruits, fructum bonum, au goût de Dieu; dignos fructus, dignes du changement que vous méditez, dignes des mauvaises œuvres que vous avez faites. Changement total au dedans et au I Cor., X, 11.

mis leur confiance. Tite se reconnoît l'instrument de la vengeance de Dieu. Sans savoir le crime, il reconnoit la vengeance, tant le caractère de la main de Dieu paroissoit de toutes parts. Ce qui est écrit dans la Vie d'Apollonius de Tyane.

dehors. Proportion avec les mauvaises œuvres. Maximes des Pères, tous sans exception : qui s'est abandonné aux choses défendues doit s'abstenir des permises. Autant qu'il s'est abandonné, autant doit-il s'abstenir : Dignos. Mes frères, je ne veux rien exagérer; Dieu m'est témoin, je désire sincèrement votre salut, et je ne veux ni élargir ni étrécir les voies de Dieu. Voilà les maximes qui ont enfanté les vrais pénitens; les autres, à la perdition éternelle. Faites-vous des fruits dignes de pénitence? Ces gorges et ces épaules découvertes étalent à l'impudicité la proie à laquelle elle aspire. Est-ce pour réparer le temps que vous le consumez au jeu? Lier les parties, les exécuter, les reprendre, l'inquiétude de la perte, l'amorce du gain, l'ardeur, etc. Et quand vous étalez cette parure et tous ces ornemens de la vanité, faites-vous des fruits dignes, etc.? Vous n'humiliez pas la victime; non, vous parez l'idole. Faites des fruits dignes; mais pressez-vous, car le règne de Dieu approche, comme saint Jean vous presse et ne vous laisse aucun repos; pas un mot qui ne vous presse: Appropinquat. Tant mieux. C'est un règne de douceur. Jésus, etc. La justice après. A la suite des graces, un grand attirail de supplices: Jam securis ad radicem. Je n'ai dit que ce qui est.

Pour comprendre solidement combien est grande la colère de Dieu contre les pécheurs qui ne l'apaisent pas par la pénitence, il faut supposer deux principes dont la vérité est indubitable. Le premier principe que je suppose, c'est que plus celui qui gouverne est juste, plus les iniquités sont punies. Le second, c'est que la peine pour être juste doit être proportionnée à l'injustice qui est dans le crime. Ces principes étant connus par la seule lumière de la raison, il faut tirer cette conséquence que n'y ayant rien de plus juste que Dieu, rien de plus injuste que le péché, ces deux choses concourant ensemble doivent attirer sur tous les pécheurs le plus horrible de tous les supplices. Que Dieu soit infiniment juste, ou plutôt qu'il soit la justice même, c'est ce qui paroît manifestement, parce qu'il est la loi immuable par laquelle toutes choses ont été réglées; ce qu'il vous sera aisé de comprendre, si vous remarquez que la justice consiste dans l'ordre; toutes les choses sont équitables sitôt qu'elles sont ordonnées. Or ce qui met l'ordre dans les

choses, c'est la volonté du souverain Etre. Car de même que ce qui fait l'ordre d'une armée, c'est que les commandemens du chef sont suivis; et ce qui fait l'ordre d'un concert et d'une musique, c'est que tout le monde s'accorde avec celui qui bat la mesure : ainsi l'ordre de cet univers, c'est que la volonté de Dieu soit exécutée. C'est pourquoi le monde est conduit avec un ordre si admirable, parce que et les astres, et les élémens, et toutes les autres parties qui composent cet univers conspirent ensemble d'un commun accord à suivre la volonté de Dieu, suivant ce que dit le prophète : « Votre parole, ô Seigneur, demeure immuablement dans le ciel; vous avez fondé la terre, et elle est toujours également stable. C'est par votre ordre que les jours durent, parce que toutes choses vous servent 1. » Si la justice de Dieu est infinie, il est aussi infiniment juste que tous ses ordres soient accomplis et que les hommes n'outrepassent jamais son commandement. Rien ne résiste à la volonté de Dieu que la volonté des pécheurs. La justice et l'injustice opposées. La justice infinie. Il n'y a qu'une injustice infinie qui soit capable de s'opposer à la justice infinie de Dieu, d'autant plus que celui qui attaque la volonté de Dieu, la choque nécessairement en tout ce qu'elle est dans toute son étendue, suivant ce que dit l'apôtre saint Jacques. Et la raison en est évidente, parce que par une seule contravention l'autorité de la loi est anéantie. L'injustice infinie, le supplice est infini dans son é tendue.

Après avoir compris quelle doit être la grandeur de la peine par l'injustice du crime, vous l'entendrez beaucoup mieux encore par la justice de Dieu. Car puisqu'elle est infinie, il faut qu'elle règne et qu'elle prévale. Péché, désordre, rébellion. Ou nous nous rangeons, ou Dieu nous range par l'obéissance, par le supplice; ou nous faisons l'ordre, ou nous le souffrons. Dieu répare l'injustice de notre crime par la justice de notre peine.

Il n'est pas malaisé de prouver que Dieu accuse les pécheurs. 11 a gravé en eux la loi éternelle, c'est la conscience; c'est cette loi qui nous accuse: Accusantibus aut defendentibus. En cette vie elle nous accuse intérieurement; mais le sentiment n'en est pas

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1 Psal. CXVIII, 89, 90, 91. — Jacob., 11, 10. — 3 Rom., II, 15.

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bien vif, parce que nous l'étouffons par nos crimes, parce que notre ame est comme endormie, charmée par les faux plaisirs de la terre et par une certaine illusion des sens. Et toutefois sa force paroît en ce que nous ne pouvons l'arracher; elle ne laisse pas de se faire entendre. En l'autre vie elle agira dans toute sa force la force de l'accusateur est dans le jugement. En ce monde il suffit qu'elle nous avertisse; en l'autre il faudra qu'elle nous convainque. Les consciences sont les livres qui seront ouverts: Manifestabimur, apparebimus. Nous y serons découverts par cette lumière infinie qui pénètre le secret des cœurs. Là paroîtra cette méchanceté, cette perfidie pour laquelle tu ne croyois pas pouvoir rencontrer des ténèbres assez épaisses. Là seront exposées en plein jour tes honteuses et criminelles passions, tes abominables plaisirs. Cet accusateur inflexible exagérera l'horreur de ton crime. Ta conscience parlera contre toi devant Dieu, devant les anges et devant les hommes. Comment pourras-tu te défendre contre un accusateur si sincère? La honte née du désordre, établie contre le désordre. Sacrifie à Dieu la honte que tu avois immolée au diable. Dieu, pour montrer qu'il ne nous abandonnoit pas à nos passions, nous a donné la honte pour retenir leur emportement.

ABRÉGÉ D'UN SERMON

POUR

LE III DIMANCHE DE L'AVENT (a).

Miserunt Judæi ab Jerosolymis sacerdotes et levitas ad eum, ut interrogarent eum: Tu quis es?

Les Juifs envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites à JeanBaptiste, pour lui demander: Qui êtes-vous? Joan., 1, 19.

Le Maître de l'humilité paroîtra bientôt sur la terre; l'Eglise, pour nous préparer au mystère de sa naissance, nous propose aujourd'hui l'exemple admirable de la modestie de saint Jean(a) Prêché vers 1666. Sur le Faux honneur et l'Humilité chrétienne.

Baptiste; et par là nous devons apprendre que l'une des plus saintes dispositions que nous puissions apporter à recevoir JésusChrist naissant, c'est le mépris de ce faux honneur qui établit dans le monde tant de mauvaises coutumes et tant de maximes

dangereuses.

L'homme du monde, Messieurs, c'est cette grande statue que Nabuchodonosor veut que l'on adore. Elle est d'une hauteur prodigieuse, altitudo cubitorum sexaginta', parce que rien ne paroît plus grand ni plus élevé que l'honneur. Elle est toute d'or, dit l'Ecriture, parce que rien ne semble plus éclatant. Toutes les nations et tous les peuples adorent cette grande statue: Omnes tribus et linguæ adoraverunt statuam auream 2. Tout le monde sacrifie à l'honneur; et ces fifres et ces trompettes et ces hautbois et ces tambours qui retentissent autour de la statue, ne sont-ce pas les applaudissemens et les cris de joie qui composent ce que les hommes appellent la gloire ? C'est donc cette grande idole que je veux abattre aujourd'hui aux pieds du Sauveur. Je ne me contente pas, chrétiens, d'imiter les trois enfans de Babylone, ni de dénier à l'idole l'adoration que tous les peuples lui rendent. Je veux faire tomber sur elle le foudre de la vérité évangélique, qui la brise et la mette en pièces, et qui sacrifie à Jésus naissant cette fausse divinité, à laquelle le monde aveugle sacrifie tant d'ames. J'ai pour moi, dans cette entreprise, l'autorité de l'Evangile et l'exemple de saint Jean-Baptiste; mais pour ne rien oublier, j'appelle encore à mon secours la plus humble et la plus puissante de toutes les créatures. Ave.

La presse est au désert; on y aborde de toutes parts: « Toute la Judée, dit l'Evangéliste, et même la ville royale y accourt : » Omnis Judææ regio et Jerosolymitæ universi 3. On vient voir, on vient écouter, on vient admirer Jean-Baptiste comme un homme tout divin. Les peuples étonnés de sa vertu ne savent quel titre lui donner; même celui de prophète ne leur semble pas assez grand pour lui. Ils prennent saint Jean-Baptiste pour le Messie; et je ne sais si ce n'est point encore quelque chose de plus glo▲ Dan., III, 1. - 2 Ibid., 7. 3 Marc., 1, 5. Luc., III, 15.

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