Oldalképek
PDF
ePub

vivant de la sorte, peux-tu nier que tu ne sois choqué de Jésus? Tu n'en hais pas le nom, mais la chose t'est un scandale. Oui, Jésus t'est un scandale, ô vindicatif, parce qu'il a pardonné les injures. Jésus t'est un scandale, ô usurier, parce qu'il est le père et le protecteur des pauvres, auxquels ton impitoyable avarice arrache tous les jours les entrailles. Jésus t'est un scandale, hypocrite, parce que tu fais servir sa doctrine de couverture à tes mœurs corrompues. Jésus t'est un scandale, ô misérable superstitieux, qui pour des fantaisies particulières abandonnes la piété solide et la dévotion essentielle du christianisme, qui est la croix du Seigneur Jésus. Jésus t'est un scandale, à toi qui traites la simplicité de sottise et la sincère piété de bigoterie, à toi enfin qui par ta vie déréglée fais blasphémer son saint nom par ses ennemis. Cela étant ainsi, chrétiens, à qui est-ce que Jésus n'est pas un scandale? << Tous cherchent leurs intérêts et non pas ceux de notre Sauveur, » disoit autrefois l'apôtre saint Paul'. O Dieu, que diroit-il, s'il revenoit maintenant sur la terre? Voyant la licence qui règne au milieu de nous, y voyant triompher le vice, nous prendroit-il pour des chrétiens, ou plutôt ne nous rangeroit-il pas au nombre des infidèles?

Eh! d'où vient, ô Dieu tout-puissant, d'où vient que vous permettez que votre Fils ait tant d'adversaires et si peu de vrais serviteurs ? J'entends votre dessein, ô grand Dieu : vous voulez que dans cette confusion infinie de ceux qui contredisent notre Sauveur, ceux qui l'honorent sincèrement tiennent cette grace plus chère; vous voulez que leur foi soit plus ferme et leur charité plus ardente parmi les oppositions de tant d'ennemis, et que Jésus retrouve dans le zèle du petit nombre ce qu'il semble perdre dans la multitude innombrable des ingrats et des dévoyés. Par conséquent, mes frères, augmentons notre zèle pour son service, d'autant plus que nous voyons tous les jours augmenter le nombre de ceux qui blasphèment son Evangile ou par leurs erreurs ou par leur mauvaise vie; efforçons-nous d'autant plus à lui plaire et à étendre la gloire de son saint nom; tâchons de lui rendre l'honneur que ses ennemis lui ravissent. Disons-lui de toute l'affection de nos cœurs : 1 Philip., II, 4.

Quoique le juif enrage, que le gentil raille, que l'hérétique s'écarte, que le mauvais catholique se joigne au parti de vos ennemis, nous confessons, ô Seigneur Jésus, que vous êtes celui qui devez venir; vous êtes ce grand Sauveur qui nous est promis depuis l'origine du monde ; vous êtes le médecin des malades; vous êtes l'évangéliste des pauvres; et en cela que vous paroissez comme le scandale des orgueilleux, vous êtes l'amour des simples et la consolation des fidèles. Vous êtes celui qui devez venir; nous n'en connoissons point d'autre que vous, nous n'en attendons point d'autre que vous : « Il n'y a point d'autre nom sous le ciel par lequel nous devions être sauvés1. » Par conséquent, fidèles, puisque nous n'en attendons point d'autre que lui, mettons notre espérance en lui seul. S'il est vrai que nous n'attendions plus un autre maître que lui pour nous enseigner, observons fidèlement ses préceptes. Si nous n'attendons point un autre pontife qui vienne purger nos iniquités, gardons soigneusement l'innocence. Et d'autant que le même Jésus, qui est venu en l'infirmité de la chair, viendra encore une fois glorieux pour juger les vivans et les morts; «< vivons justement et sobrement en ce monde, attendant la bienheureuse espérance et la triomphante arrivée de notre grand Dieu et rédempteur Jésus-Christ, » qui détruisant la mort pour jamais, nous rendra compagnons de son règne et de sa bienheureuse immortalité. Ainsi soit-il.

SECOND EXORDE DU SERMON

POUR

LE II DIMANCHE DE L'AVENT.

Si nous apprenons des Ecritures divines que notre Seigneur Jésus-Christ a toujours été l'unique espérance du monde, la consolation et la joie de tous ceux qui attendoient la rédemption d'Israël, à plus forte raison, chrétiens, devons-nous être persuadés 1 Act., IV, 12. Tit., II, 12, 13.

que Jean-Baptiste son bienheureux précurseur n'avoit point de plus chère occupation que celle d'entretenir son esprit de ce doux objet. C'est pourquoi je me le représente aujourd'hui dans les prisons du cruel Hérode comme un homme qui n'a de contentement que d'apprendre ce que son Maître fait parmi les hommes, et comme par ses prédications et par ses miracles il se fait reconnoître à ses vrais fidèles pour le Fils du Dieu tout-puissant. C'est ce qu'il me semble que saint Matthieu nous fait conjecturer en ces mots de notre évangile : « Jean entendant dans les liens les grandes œuvres de Jésus-Christ, il lui envoie deux de ses disciples pour lui faire cette demande (a): Etes-vous celui qui devez venir, ou si nous en attendons quelque autre1?» Pour moi je m'imagine, fidèles, que le fruit qu'il espéroit de cette ambassade, c'est que ses disciples lui rapportant la réponse de son bon Maître, il ne doutoit nullement que sa parole ne dût être pleine d'une si ineffable douceur, que seule elle seroit capable non-seulement de chasser les maux d'une dure captivité, mais encore d'adoucir les amertumes de cette vie. Chères Sœurs, dans cette prison volontaire où vous vous êtes jetées pour l'amour de Dieu, dites-moi, que pourriez-vous faire sans la douce méditation des mystères du Sauveur Jésus? Et n'est-ce pas cette seule pensée qui fait triompher en vos cœurs une sainte joie dans une vie si laborieuse? Oui certes, il le faut avouer, Dieu a répandu une certaine grace sur toutes les paroles et sur toutes les actions du Seigneur Jésus; y penser, c'est la vie éternelle. Oui, son nom est un miel à nos bouches, et une lumière à nos yeux, et une flamme à nos cœurs ; et lorsque remplis de l'Esprit de Dieu, nous concevons en nos ames le Sauveur Jésus, nous ressentons une joie à peu près semblable à celle que sentit l'heureuse Marie, lorsque couverte de la vertu du TrèsHaut, elle conçut en ses chastes entrailles le Fils unique du Père éternel, après que l'ange l'eut saluée par ces célestes paroles : Ave, Maria, etc.

1 Matth., XI, 2, 3.

(a) Var. Pour lui demander.

SECOND SERMON

POUR

LE II DIMANCHE DE L'AVENT.

SUR LA VÉRITÉ DE LA RELIGION (a).

Caci vident, claudi ambulant, leprosi mundantur, etc.; et un peu après : Beatus qui non fuerit scandalizatus in me! Matth., XI, 5 et 6.

Jésus-Christ interrogé dans notre évangile par les disciples de saint Jean-Baptiste s'il est ce Messie que l'on attendoit, et ce Dieu qui devoit venir en personne pour sauver la nature humaine : Tu es qui venturus es? «Etes-vous celui qui devez venir? » leur dit pour toute réponse qu'il fait des biens infinis au monde, et que le monde cependant se soulève unanimement contre lui. Il leur raconte d'une même suite les bienfaits qu'il répand et les contradictions qu'il endure, les miracles qu'il fait et les scandales qu'il cause à un peuple ingrat; c'est-à-dire qu'il donne aux hommes pour marque de divinité en sa personne sacrée, premièrement ses bontés, et secondement leur ingratitude.

En effet, chrétiens, il est véritable que Dieu n'a jamais cessé Fêtre bienfaisant, et que les hommes de leur côté (b) n'ont jamais cessé d'être ingrats; tellement qu'il pourroit sembler, tant notre méconnoissance est extrême, que c'est comme un apanage de la

(a) Prêché devant la Cour, en présence de la reine Marie-Thérèse, le deuxième dimanche de Carême 1665.

Bossuet a prêché deux Avens à la Cour celui de 1665, et celui de 1669. Or en 1669, le deuxième dimanche d'Avent tomba le 8 décembre, fête de la Conception, et Bossuet prêcha sur ce mystère. En 1665, le dimanche dont on vient de parler se trouva le 6 décembre, et Bossuet suivit l'évangile du jour. Notre date est donc incontestable; d'ailleurs la Gazette de France dit : « Le dimanche 6 décembre 1665, la reine entendit au Louvre la prédication de l'abbé Bossuet. >>> Le sermon qu'on va lire renferme à la fin du premier point un passage infiniment remarquable : « Je vois un autre malheur bien plus universel..... C'est une extrême négligence de tous les mystères, » etc. Bossuet prédit dans ces paroles l'indifférence en matière de religion.

(b) Var. Les hommes aussi.

TOM. VIII.

12

nature divine d'être infiniment libérale aux hommes, et de ne trouver toutefois dans le genre humain qu'une perpétuelle opposition à ses volontés et un mépris injurieux de toutes ses graces.

Saint Pierre a égalé (a) en deux mots les éloges des plus fameux (b) panégyriques, lorsqu'il a dit du Sauveur « qu'il passoit en bien faisant et guérissant tous les oppressés : » Pertransiit benefaciendo et sanando omnes oppressos 1. Et certes il n'y a rien de plus magnifique et de plus digne d'un Dieu (c) que de laisser partout où il passe des effets de sa bonté; que de marquer tous ses pas (d) par ses bienfaits; que de parcourir les bourgades, les villes et les provinces non par ses victoires, comme on a dit des conquérans, car c'est tout ravager et tout détruire, mais par ses libéralités.

Ainsi Jésus-Christ a montré aux hommes sa divinité comme elle a accoutumé de se déclarer, à savoir par ses graces et par ses soins paternels; et les hommes l'ont traité aussi comme ils traitent la divinité, quand ils l'ont payé selon leur coutume d'ingratitude et d'impiété Et beatus est qui non fuerit scandalizatus in me!

Voilà en peu de mots ce qui nous est proposé dans notre évangile; mais pour en tirer les instructions, il faut un plus long discours, dans lequel je ne puis entrer qu'après avoir imploré le secours d'en haut. Ave.

Cæci vident, claudi ambulant, leprosi mundantur et beatus est qui non fuerit scandalizatus in me ! « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et bienheureux est celui qui n'est point scandalisé en moi! » Ce n'est plus en illuminant les aveugles, ni en faisant marcher les estropiés, ni en purifiant les lépreux, ni en ressuscitant les morts, que Jésus-Christ autorise sa mission et fait connoître aux hommes sa divinité. Ces choses (e) ont été faites durant les jours de sa vie mortelle, et il les a continuées dans sa sainte Eglise tant qu'il a été nécessaire pour poser les fondemens de la foi naissante. Mais ces miracles sensibles, qui

1 Act., X, 38.

(a) Var.: Surpassé. — (b) Pompeux. — (c) Car qu'y a-t-il de plus digne d'un

Dieu.

-

(d) Toute sa route.

- (e) Ces miracles ont été faits.....

« ElőzőTovább »