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la créature. Mais parce qu'elle est invincible, aucun ne peut être heureux que celui qui lui obéit; et il faut nécessairement que quiconque se soulève contre lui soit accablé par sa puissance.

C'est encore pour cette raison qu'il ajoute dans les paroles que j'explique: « Et je briserai votre fière et indocile dureté. » Vous vous endurcissez contre Dieu, il s'endurcit contre vous. Vous vous attachez contre lui, et lui s'attache contre vous vous en homme, de toute la force de votre cœur ; lui en Dieu, de toute la force du sien, s'il m'est permis de parler ainsi. (a) Vous persévérez, et il persévère. Vous persévérez à retenir ce bien mal acquis, et je vois toujours dans vos coffres, dit le saint prophète 1, cette flamme dévorante, ce trésor d'iniquité, ce bien mal acquis qui renversera peut-être votre maison et sans doute donnera la mort à votre ame. Persévérance opiniâtre (b), ah! Dieu vous opposera une persévérance divine, une fermeté immuable, un décret fixe et irrévocable, une résolution éternelle. (c) Incorrigibles de là il les aura en exécration, parce que les regardant comme incorrigibles, il frappera sans pitié et n'écoutera plus les gémissemens. Une haine, une aversion du cœur de Dieu (d).

SECOND POINT.

Encore qu'un Dieu irrité ne paroisse jamais aux hommes qu'avec un appareil étonnant, toutefois il n'est jamais plus terrible qu'en l'état où je dois le représenter, non point, comme on pourroit croire, porté sur un nuage enflammé ou sur un tourbillon foudroyant (e), mais armé de ses bienfaits et assis sur un trône de grace. Nolite contristare Spiritum sanctum Dei, in quo signati estis. Il se réjouit, en faisant du bien, on l'afflige quand on le refuse. Affliger et contrister l'Esprit de Dieu. Non tant l'outrage qui est fait à sa sainteté, que la violence que souffre son amour mé1 Mich., VI, 10. 2 Ephes., IV, 30.

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(a) Note marg. : Hélas! il n'y a point de proportion, et la partie n'est pas égale; mais vous avez voulu le premier vous mesurer avec lui. Vous avez le premier rompu les mesures, et vous avez rendu juste...........· (b) Var. Humaine. — (c) Note marg.: Voy. Serm. du Nom de Jésus, 1er point; puis le sermon: Si ego judico. (d) Un mot de la bonté de Dieu : Ecoutez cette bonté méprisée, et voyez comme elle vous parle. (e) Var. Toujours menaçante, toujours foudroyante, et jetant de ses yeux un feu dévorant.

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prisé et sa bonne volonté frustrée par notre opiniâtre résistance. C'est là, dit le saint Apôtre, ce qui afflige le Saint-Esprit, c'est-àdire l'amour de Dieu agissant en nous pour gagner nos cœurs. Dieu est irrité contre les démons; mais comme il ne demande plus leur affection, il n'est plus affligé ni contristé par leur désobéissance. C'est à un cœur chrétien qu'il veut faire sentir ses tendresses, trouver la correspondance. De là naît le rebut qui l'afflige et qui le contriste, un dégoût des ingrats qui lui sont à charge.

Sicut lætatus est Dominus bene vobis faciens vosque multiplicans, sic lætabitur subvertens atque disperdens. L'amour rebuté, l'amour dédaigné, l'amour outragé par le plus injurieux mépris, l'amour épuisé par l'excès de son abondance, fait tarir la source des graces et ouvre celle des vengeances. Rien de plus furieux qu'un amour méprisé et outragé. Dieu a suivi, en nous bénissant, sa nature bienfaisante; mais nous l'avons contristé, mais nous avons affligé son Saint-Esprit; nous avons changé la joie de bien faire en une joie de punir; et il est juste qu'il répare la tristesse que nous avons causée à l'Esprit de grace, par une joie efficace, par un triomphe de son cœur, par un zèle de sa justice à punir nos ingratitudes. Justice du nouveau Testament qui s'applique par le sang, par la bonté même et par les graces infinies d'un Dieu rédempteur.

Ecce Agnus Dei 2. Jam enim securis ad radicem posita est 3. La colère approche toujours avec la grace; la coignée s'applique toujours par le bienfait même ; et si la sainte inspiration ne nous vivifie, elle nous tue. Car d'où pensez-vous que sortent les flammes qui dévorent les chrétiens ingrats? De ses autels, de ses sacremens, de ses plaies, de ce côté ouvert sur la croix pour nous être une source d'amour infini. C'est de là que sortira l'indignation de la juste fureur, et d'autant plus implacable qu'elle aura été détrempée dans la source même des graces: Car il est juste et très-juste que tout, et les graces mêmes, tournent à mal à un cœur ingrat. O poids des graces rejetées ! poids des bienfaits méprisés (a) !

1 Deuter., XXVIII, 63. 2 Joan., 1, 36. 3 Matth., III,

10.

(a) Note marg. : Tout tourne à bien à ceux qui aiment, même les péchés, dit saint Augustin, qui les abaissent, qui les humilient, qui les encouragent.

A facie iræ columbæ1. Operite nos à facie... Agni *. Ce n'est pas tant la face du Père irrité; c'est la face de cette colombe tendre et bienfaisante qui a gémi tant de fois pour eux, de cet Agneau qui s'est immolé pour eux. (a) Sol obscurabitur et luna non dabit lumen suum, et stellæ cadent de cœlo, et virtutes cœlorum commovebuntur; et tunc parebit signum Filii hominis. Et tunc plangent omnes tribus terræ, et videbunt Filium hominis venientem in nubibus cæli cum virtute multà et majestate ".

Méditons attentivement quelle prise nous donnons sur nous à la justice de Dieu par le mépris outrageux de ses bontés infinies. Qui donne a droit d'exiger, il exige des reconnoissances; s'il ne trouve pas des reconnoissances, il exigera des supplices: il ne perd pas ses droits. Les graces que vous méprisez préparent une éternité malheureuse. « La grace, dit le Sauveur, est fons aquæ salientis.» Quand donc vous êtes touchés, quand vous ressentez quelquefois un certain mépris de cette pompe du monde qui s'évanouit, « de sa figure qui passe ", » de ses fleurs qui se flétrissent du matin au soir; quand, dégoûté de vous-même et de votre vie déréglée, vous regardez avec complaisance les chastes attraits de la vertu.... O chasteté ! ô modestie! ô pudeur passée! ô tendresse de conscience qui ne pouvoit souffrir aucun crime! mais ô abandon, prostitution d'un cœur (b)! Que veut le Seigneur votre Dieu, sinon que vous vous attachiez fortement à lui, et qu'en vous y attachant vous viviez heureux ? C'est pour cela que Jésus-Christ est venu au monde « plein de grace et de vérité . » C'est pour cela qu'il nous a donné tant de saintes instructions, qu'il ne cesse de renouveler par la bouche de ses ministres. C'est pour cela qu'il a rempli tous ses sacremens d'une influence de vie, afin qu'y participant nous vivions. Si nous savons profiter de tous ces bienfaits, nous acquerrons par sa grace un droit éternel sur lui-même pour le posséder en paix. Que si nous les méprisons, qui ne voit que

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(a) Note marg. : La Croix, la rédemption aggrave la damnation et accumule les crimes; elle y met le comble. (b) Var. : O sainte timidité, gardienne de l'innocence! mais o force à faillir! ô hardiesse pour s'excuser! ô lâche abandon d'un cœur corrompu et livré à ses désirs!

nous lui donnons réciproquement un titre très-juste (a) pour nous châtier par des supplices autant inouïs que ses bontés étoient extraordinaires? Sicut lætatus est Dominus bene vobis faciens vosque multiplicans, sic lætabitur subvertens atque disperdens.

Et en effet il est juste qu'il mesure sa colère à ses bontés et à nos ingratitudes, et que sa fureur implacable perce d'autant de traits un cœur infidèle que son amour bienfaisant avoit employé d'attraits pour le gagner. C'est pourquoi il ne faut pas se persuader que les graces de Dieu périssent; non, mes frères, ne le pensons pas. Ces graces que nous rejetons, Dieu les rappelle à lui-même; Dieu les ramasse en son sein, où sa justice les change en traits pénétrans dont les ingrats seront percés. Ils connoîtront, les misérables! ce que c'est que d'abuser des bontés d'un Dieu, de forcer son inclination bienfaisante, de le contraindre à devenir cruel et inexorable, lui qui ne vouloit être que libéral et bienfaisant. Dieu ne cessera de les frapper de cette main souveraine et victorieuse dont ils ont injurieusement refusé les dons, et ses coups redoublés sans fin leur seront d'éternels reproches de ses graces méprisées. Ainsi toujours vivans et toujours mourans, immortels pour leurs peines, trop forts pour mourir, trop foibles pour supporter, ils gémiront éternellement sur des lits de flammes, outrés de furieuses et irrémédiables douleurs. Et poussant parmi des blasphèmes exécrables mille plaintes désespérées, ils porteront à jamais le poids infini de tous les sacremens profanés, de toutes les graces rejetées, non moins pressés, non moins accablés des miséricordes de Dieu que de l'excès intolérable de ses vengeances.

Tremblez donc, tremblez, chrétiens, parmi ces graces immenses, parmi ces bienfaits infinis qui vous environnent! (b) Tous les mouvemens de la grace sont d'un poids terrible pour nous. Il n'y a rien à négliger dans notre vie. Notre destinée, notre état, notre vocation ne souffrent rien de médiocre. Tout nous sert ou nous nuit infiniment. Chaque moment de notre vie, chaque respiration, chaque battement de notre pouls, si je puis parler de la sorte, chaque

(a) Var. Très-équitable. — (b) Note marg. : Les saintes prédications sont un poids terrible les saints sacremens, les inspirations, les exemples bons et mauvais qui nous avertissent chacun à leur manière, le silence même d'un Dieu, sa patience, sa longanimité, son attente; ò le poids terrible!

éclair de notre pensée a des suites éternelles. L'éternité d'un côté, et l'éternité de l'autre. Si vous suivez fidèlement l'instinct de la grace, l'éternité bienheureuse y est attachée. Si vous manquez à la grace, une autre éternité vous attend, et vous méritez un mal éternel pour avoir perdu (a) volontairement un bien qui le pouvoit être.

TROISIÈME POINT.

Il reste à considérer la troisième peine dont Dieu menace son peuple rebelle, laquelle il a plu au Saint-Esprit de nous exprimer en ces paroles que je répète encore une fois : « Puisque vous n'avez pas voulu servir le Seigneur votre Dieu dans la joie et l'allégresse de votre cœur, au milieu de l'abondance de toutes sortes de biens, vous servirez à votre ennemi que le Seigneur enverra contre vous, dans la faim, dans la soif, dans la nudité et dans un extrême besoin (b) de toutes choses; et cet ennemi mettra sur vos épaules un joug de fer par lequel vous serez brisés '. » C'est-àdire, comme nous l'avons déjà expliqué, vous n'avez pas voulu vivre sous un empire doux et légitime; vous serez justement soumis à une dure et insupportable tyrannie.

Deux conditions de l'empire de Dieu nous sont ici exprimées : il n'y en a point de plus légitime, il n'y en a point de plus doux. Vous n'avez pas voulu servir Dieu votre Seigneur; et certes il n'y a point de Seigneur dont le droit soit mieux établi ni le titre plus légitime. Il nous a faits, il nous a rachetés: nous sommes par la création l'œuvre de ses mains, par la rédemption le prix de son sang, par la création ses sujets, par l'adoption ses enfans. Nous sommes son bien, nous portons sa marque, créés à sa ressemblance, scellés de son Saint-Esprit ; et nous ne pouvons le désavouer sans que le fond de notre être ne nous désavoue, ni enfin le renoncer sans renoncer à nous-mêmes. Cet empire étant le plus légitime, est par conséquent le plus naturel; étant le plus naturel, il s'ensuit aussi qu'il est le plus doux (c). Ce n'est donc pas sans raison que la 1 Deuter., XXVIII, 47, 48.

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(a) Var. Si vous perdez. (b) Disette. (c) Si cet empire est le plus légitime, il est aussi le plus naturel; étant le plus naturel, il est par conséquent aussi le plus doux.

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