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droit d'y parler, et jamais on n'y doit entendre que votre parole. Mais, mes frères, dans cette action où il s'agit de représenter ce que Dieu fera de plus grand et de plus terrible, je m'astreins plus que jamais à le faire parler tout seul par son Ecriture. Plaise à son saint et divin Esprit de parler au dedans des cœurs, pendant que je parlerai, etc. C'est la grace que je lui demande par, etc.

Quòd si nec sic volueritis disciplinam, sed ambulaveritis ex adverso mihi, ego quoque contra vos adversus incedam et percutiam, vos septies propter peccata vestra...... Et ego incedam contra vos in furore contrario.... Et conteram superbiam duritia vestræ.... Et abominabitur vos anima mea 1: « Que si étant avertis, vous ne voulez pas encore vous soumettre à la discipline, mais que vous marchiez directement contre moi, je marcherai aussi directement contre vous, et je vous frapperai sept fois, c'est-à-dire sans fin et sans nombre pour vos péchés, et je briserai votre superbe et indomptable dureté, et mon ame vous aura en exécration. » Le Deutéronome est plus court, mais non moins terrible: Sicut lætatus est Dominus bene vobis faciens vosque multiplicans, sic lætabitur subvertens atque disperdens: « Comme le Seigneur s'est réjoui en vous accroissant (a) et en vous faisant du bien, ainsi il se réjouira en vous ravageant et en vous renversant de fond en comble.»> Mais voici une troisième menace qui met le comble aux maux des pécheurs : Eò quòd non servieris Domino Deo tuo in gaudio cordisque lætitiâ propter rerum omnium abundantiam: servies inimico tuo, quem immittet tibi Dominus, in fame, et siti, et nuditate, et omni penuriâ; et ponet jugum ferreum super cervicem tuam, donec te conterat3: «Puisque vous n'avez pas voulu servir le Seigneur votre Dieu dans la joie et l'allégresse de votre cœur au milieu de l'abondance de toute sorte de biens, vous serez livrés (b) à votre ennemi que le Seigneur enverra contre vous, dans la faim, dans la soif, dans la nudité, et dans une extrême disette; et cet ennemi cruel mettra sur vos épaules un joug de fer par lequel vous serez brisés (c). »

Levit., XXVI, 19, 23 et seq. Deuter., XXVIII, 63. (a) Var. Agrandissant. — (b) Vous servirez.

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3 Ibid., 47, 48.

(c) Note marg. : Suivre l'Ecriture de mot à mot et de parole à parole: il ne faut point que l'homme parle, et je ne veux pas ici contrefaire la voix de Dieu ni imiter le tonnerre.

Pour joindre ces trois passages, trois caractères : dans le premier, la puissance méprisée; dans le second, la bonté aigrie par l'ingratitude; dans le troisième, la majesté et la souveraineté violées et voici en trois mots les trois fondemens de la vengeance divine que le Saint-Esprit veut nous faire entendre. Vous vous êtes soulevés contre la puissance infinie, elle vous accablera. Vous avez méprisé la bonté, vous éprouverez les rigueurs. Vous n'avez pas voulu vivre sous un empire doux et légitime, vous serez assujettis à une dure et insupportable tyrannie.

PREMIER POINT.

Mais pour procéder avec ordre dans l'explication des paroles que j'ai rapportées, il les faut considérer dans leur suite. Voici la première qui se présente: Quòd si nec sic volueritis disciplinam; «Que si vous ne voulez pas vous soumettre à la discipline. » Il leur met devant les yeux avant toutes choses la liberté du choix qui leur est donnée, parce que c'est cette liberté qui nous rend coupables, et dont le mauvais usage donne une prise terrible sur nous à la justice divine.

Pour entendre cette vérité, il faut savoir que Dieu, qui est par nature notre souverain, a voulu l'être aussi par notre choix. Il a cru qu'il manqueroit quelque chose à la gloire de son empire, s'il n'avoit des sujets volontaires; et c'est pourquoi il a fait les créatures raisonnables et intelligentes, qui étant déjà à lui par leur naissance, fussent capables encore de s'engager à lui obéir par leur volonté et de se soumettre à son empire par un consentement exprès. Cette vérité importante nous est magnifiquement exprimée dans le livre de Josué, où nous voyons que ce fidèle serviteur de Dieu, ayant assemblé le peuple, leur dit ces paroles : « Si vous n'êtes pas contens de servir le Seigneur, l'option vous est déférée; (a) choisissez aujourd'hui ce qu'il vous plaira, à quel maître vous voulez servir, et déterminez à qui vous avez résolu de vous soumettre.» (b) Et tout le peuple répondit : « A Dieu ne plaise que nous quittions le Seigneur; au contraire nous voulons le servir, parce

(a) Note marg. Optio vobis datur (Jos., XXIV, 15).. placet, cui potissimùm servire debeatis (Ibid.).

(b) Eligite hodie quod

que c'est lui en effet qui est notre Dieu. » Josué ne se contente pas de cette première acceptation, et reprenant la parole, il dit au peuple: Prenez garde à quoi vous vous engagez; « vous ne pourrez servir le Seigneur ni subsister devant sa face, parce que Dieu est fort, saint et jaloux, et il ne pardonnera pas vos crimes et vos péchés. » (a) Et le peuple repartit : « Non, il ne sera pas comme vous le dites, mais nous servirons le Seigneur et demeurerons ses sujets. » Alors Josué leur dit : « Vous êtes donc aujourd'hui témoins que vous choisissez vous-mêmes le Seigneur pour être votre Dieu et le servir. Qui, nous en sommes témoins (b). »

Si j'entreprenois de raconter tout ce qui est à remarquer sur ces paroles, discours entier; mais ce qui importe à mon sujet. Vous jugez bien, Messieurs, que Dieu en nous laissant l'option ne renonce pas au droit qui lui est acquis. Il ne prétend pas nous décharger de l'obligation primitive que nous avons d'être à lui, ni nous déférer tellement le choix, que nous puissions sans révolte et sans injustice nous soustraire à son empire. Mais il veut qué nous soyons aussi volontairement à lui que nous y sommes déjà de droit naturel, et que nous confirmions par un choix exprès notre dépendance nécessaire et inévitable. Pourquoi le veut-il ainsi? Pour notre perfection et pour notre gloire. Celui à qui nous devons tout, veut pouvoir nous savoir gré de quelque chose; il veut nous donner un titre pour lui demander des récompenses. Que si nous refusons notre obéissance, nous lui donnons un titre pour exiger des supplices.

J'entends ici les pécheurs qui disent secrètement dans leurs cœurs qu'ils se passeroient aisément de cette liberté malheureuse, qui les expose au péché et ensuite à la damnation. Je suis ici pour exposer les vérités éternelles, et non pour répondre à tous les murmures de ceux qui s'élèvent contre ces oracles; et toutefois je dirai ce mot: 0 homme, qui que tu sois, qui te fàches de n'être pas une bête brute, à qui la lumière de ta raison et l'honneur de ta liberté est à charge, cesse de te plaindre de tes avantages et d'accuser témérairement ton bienfaiteur. Si tu étois indépendant

(a) Note marg. Non poteritis servire Domino: Deus enim sanctus et fortis æmulator est (Jos., XXIV, 19 et seq.). (b) Ibid., 22.

par nature, et que Dieu néanmoins exigeât de toi que tu te rendisses dépendant par ta volonté, peut-être aurois-tu raison de trouver ou l'obligation importune, ou la demande incivile. Mais puisque l'usage qu'il prétend de ta liberté, c'est..... Ce qu'il exige est trop aisé, trop naturel et trop juste. On peut sans grand effort se donner à qui on est. Ce seroit peut-être quelque violence, s'il falloit sortir de notre état et nous transporter à un domaine étranger. Il ne s'agit que d'y demeurer et d'y consentir. Enfin quand Dieu exige que nous consentions à être ses sujets, il veut que nous consentions à être ce que nous sommes et que nous accommodions notre volonté au fond même de notre essence. Rien n'est plus naturel, rien n'est moins pénible, à moins que la volonté ne soit entièrement dépravée.

Aussi faut-il avouer qu'elle l'est étrangement dans tous les pécheurs. Car dès qu'ils ne veulent pas dépendre de Dieu, ils ne veulent donc plus être ce qu'ils sont. Ils combattent en eux-mêmes les premiers principes et le fondement de leur être. Ils corrompent leur propre droiture. Ils se rendent contraires à Dieu, et Dieu par conséquent leur devient contraire. Ils sont soumis à Dieu comme juge. Il les juge, parce qu'il connoît ce déréglement. Il les hait, parce que les règles de sa vérité répugnent à leur injustice.

Rien, disent-ils, n'est contraire à Dieu, rien ne lui répugne, rien ne l'offense, parce que rien ne lui nuit ni ne le trouble.-Dites done qu'il ne se fait rien au monde contre la raison; poussez jusque-là l'extravagance de votre sens dépravé. Votre bien vous est ôté, mais la raison subsiste toujours; si cette foible raison humaine, combien plus la divine et l'originale? Il faut qu'elle subsiste éternelle et inviolable, afin que la justice soit exercée. Et erit in tempore illo, visitabo super viros defixos in fæcibus suis, qui dicunt in cordibus suis: Non faciet bene Dominus, et non faciet male : et erit fortitudo eorum in direptionem 1. Videbitis quid sit inter justum et impium, inter servientem Domino et non servientem ei 2.

Il faut donc ici vous faire entendre à quoi nous engage notre liberté, et combien elle nous rend responsables de nos actions. Par 1 Soph., 1, 12, 13. - Malach., III, 18.

cette liberté nous faisons la guerre à Dieu, exerçons notre liberté par une audacieuse transgression de toutes ses lois. Nous transgressons l'une et l'autre table. « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu.» Où lui rendons-nous cette adoration? Se confesse-t-on seulement d'avoir manqué à ce devoir? Comme si ce premier de tous les préceptes n'étoit mis en tête (a) du Décalogue que par honneur et emportoit le moins d'obligation! Sanctifiez les fêtes. Croyez-vous en conscience avoir satisfait à l'intention (b) de la loi par une messe qui dure moins d'une demi-heure, qui n'est jamais trop courte, où l'on est sans attention et sans respect même apparent? Le jour a vingt-quatre heures; et le reste devroit un peu participer à cette sanctification. Il me vient dans la pensée d'appliquer ici ce reproche : « Ce peuple m'honore des lèvres 2, » etc.; mais nous ne l'honorons pas même des lèvres. Je ne sais qui je blâmerai davantage, ou ceux qui ne l'honorent que des lèvres, ou ceux qui ne l'honorent pas même des lèvres; ou ceux qui ne composent que l'extérieur, ou ceux qui ne composent pas même l'extérieur. Si bien que les fêtes ne diffèrent des autres jours, sinon en ce que les profanations et les irrévérences y sont plus publiques, plus scandaleuses, plus universelles.

Et pour la seconde table qui regarde le prochain, nous attaquons tous les jours son honneur par nos médisances, son repos par nos vexations, son bien par nos rapines, sa couche même par nos adultères. Disons après cela que nous ne marchons pas contre Dieu ! Mais voici qu'il marche aussi directement contre nous. Voici Jésus qui descend de la nue pour détruire ses ennemis par le souffle de sa bouche, et les dissiper par la clarté de son avénement glorieux.

Le foible s'élève contre le fort, le fort accable le foible. Le fort a offert la paix au foible, le foible a voulu combattre; il n'y a qu'à voir qui l'emportera et à qui demeurera la victoire. Si résistant hautement à un souverain tel que Dieu, nous ne laissons pas toutefois que de vivre heureux, il s'ensuit que Dieu n'est plus Dieu; nous l'emportons contre lui, et sa volonté est vaincue par celle de 1 Deuter., VI, 13. - 2 Isa., XXIX, 13. (a) Var. A la tête.

-

(b) Accompli l'intention.

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