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L'héritage ne nous regarde qu'à cause que nous sommes les enfans de Dieu. Nous ne sommes les enfans de Dieu que parce que nous sommes un avec son Fils naturel, d'autant que nous ne pouvions participer à la qualité d'enfant de Dieu que par dépendance de celui à qui elle appartient par préciput. C'est pourquoi, misit Deus in corda nostra Spiritum Filii sui clamantem: Abba, Pater1. Cet Esprit est un unus et idem Spiritus. Donc, et notre qualité de fils, et la prétention à l'héritage, et la nouvelle vie que nous avons par la régénération spirituelle, nous ne l'avons que par société avec Jésus-Christ, tanquam in uno3. C'est pourquoi Dieu lui a donné l'abondance: Complacuit in ipso habitare omnem plenitudinem', afin que nous fussions abondans par ses richesses: De plenitudine ejus nos omnes accepimus 5.

La vie donc que nous avons, nous est commune avec JésusChrist. Or la vie de la grace et celle de la gloire est la même, d'autant qu'il n'y a autre différence entre l'une et l'autre, que celle qui se rencontre entre l'adolescence et la force de l'àge. Là elle est consommée; mais ici elle est en état de se perfectionner, mais c'est la même vie. Il n'y a que cette diversité, qu'en celle-là cette vie a ses opérations plus libres à cause de la juste disposition de tous les organes; ici elles ne sont pas encore parfaites, d'autant que le corps n'a pas encore pris tout son accroissement. C'est ce qu'explique l'apôtre saint Paul: Vita nostra abscondita est cum Christo in Deo. Maintenant, dans cette vie mortelle, la plupart de ses opérations sont cachées; la force de ce cœur nouveau ne paroît pas ; Cùm autem Christus apparuerit, vita vestra, tunc et vos apparebitis ; ah! ce sera lorsque votre vie paroîtra dans toute son étendue, que les facultés entièrement dénouées feront voir toutes leurs forces, et que Jésus-Christ paroîtra en nous dans toute sa gloire. C'est la raison pour laquelle l'Apôtre, parlant de la gloire, se sert quasi toujours du mot de révélation: ad futuram gloriam quæ revelabitur in nobis ; d'autant que la gloire n'est autre chose qu'une certaine découverte qui se fait de notre vie cachée en ce monde, mais qui se fera paroître tout entière en l'autre. Et le même

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Apôtre décrivant et notre adolescence en cette vie, et notre perfection en l'autre, dit que « nous croissons et que nous nous consommons en Jésus-Christ : » Occurramus ei in virum perfectum, secundùm mensuram plenitudinis Christi1. Voilà pour l'état de la force de l'àge. Et en attendant, interim crescamus in eo per omnia, qui est caput Christus 2. Donc l'apôtre saint Paul met la vie de la gloire en Jésus-Christ, comme celle de la grace, et cela bien raisonnablement. Car la même chose en laquelle nous croissons, doit être celle en laquelle nous nous consommons. « Or nous croissons en Jésus-Christ, » crescamus, etc. Donc nous devons nous consommer en Jésus-Christ, in virum perfectum secundùm mensuram plenitudinis Christi. Et cela est d'autant plus véritable, que si le commencement fait une unité, la consommation en doit faire une bien plus étroite. Donc nous sommes appelés à la gloire conjointement avec Jésus-Christ, et par conséquent nous posséderons le même royaume. Et pour signifier encore plus cette unité, l'Ecriture nous apprend que nous serons dans le même trône : Qui vicerit, dabo ei ut sedeat in throno meo3.

Or pour concevoir la grandeur de cette récompense, il ne faut que penser ce que le Père éternel doit avoir fait pour son Fils. C'est son Fils unique, unigenitus qui est in sinu Patris. C'est celui qu'il a oint de cette huile d'allégresse, c'est-à-dire de la divinité : Unxit te Deus, Deus tuus, oleo lætitiæ ». C'est celui qui a toutes ses affections: Hic est Filius meus dilectus in quo mihi bene complacui. C'est son Fils unique ; et si nous sommes ses enfans, ce n'est que par un écoulement de l'esprit et de la vie de son Fils, qui a passé jusqu'à nous. Et c'est pourquoi seul il est l'objet de ses affections. Mais comme nous sommes ses enfans par la participation de l'esprit de son Fils, in quo clamamus: Abba, Pater, aussi sommes-nous ses bien-aimés par une extension de son amour. Il doit à ses élus la même affection qu'il a pour son Fils, et il leur doit par conséquent le même royaume. Et puisque nous sommes ses enfans, nous sommes ses bien-aimés. Par la société de la filiation

1 Ephes., IV, 13. 5 Psal. XLIV. 8.

13.

2 Ibid.,
6 Matth., III, 17.

3 Apoc., III, 21.
7 Rom., VIII. 15.

Joan., 1, 18.

et de l'amour de son Fils, nous devons aussi avoir le mème héritage. C'est ce que dit l'apôtre saint Paul: Qui eripuit nos de potestate tenebrarum, transtulit in regnum Filii dilectionis suæ1.

Voilà ce qu'étoit Jésus-Christ à son Père à raison de sa filiation, et cela faisoit sans doute une obligation bien étroite de lui préparer un royaume magnifique; mais lui-même l'exagère encore dans l'Apocalypse: Qui vicerit, dabo ei ut sedeat in throno meo, sicut et ego vici et sedi ad dexteram Patris. Comme s'il disoit : Je devois attendre de mon Père de grandes choses, à raison de la qualité que j'ai de son Fils unique et bien-aimé ; mais quand je n'eusse dù rien attendre d'une affection si légitime, il ne me peut rien refuser après mes victoires. C'est moi qui ai renversé tous ses ennemis, c'est moi qui ai établi son royaume; par moi il est béni dans les siècles des siècles, par moi sa miséricorde et sa justice éclatent; je lui ai conquis un peuple nouveau et un nouveau royaume, c'est moi qui ai établi la paix dans ses Etats. Y eut-il jamais un plus puissant exécuteur de ses ordres? J'ai renversé tous ses ennemis et ai fait redouter sa puissance à la terre et aux enfers. Y eut-il un fils plus obéissant que moi, après m'être soumis à la mort et à la mort de la croix? Jamais prêtre lui offrit-il une hostie plus agréable et plus sainte? Jamais y eut-il lévite qui lui ait immolé avec plus de pureté que moi, puisque je me suis immolé moi-même comme une hostie sainte et immaculée, non pas pour mes péchés, mais pour les péchés des autres? Ah! il n'y a rien que je ne doive nonseulement attendre, mais encore justement exiger de mon Père. Aussi n'ai-je pas sujet de me plaindre de lui. Il a ouvert sur moi tous ses trésors; il m'a mis à sa dextre, et je ne pouvois pas attendre de plus grand honneur.

C'est là ce qui regarde Jésus-Christ: voilà ce qui nous regarde. Sa gloire est grande, il est vrai; mais le bien qui le regarde nous regarde aussi, ses prétentions sont les nôtres. S'il a vaincu, ce grand capitaine, il a vaincu pour nous aussi bien que pour lui, et j'ose dire plus pour nous que pour lui. Car il n'avoit rien quasi à gagner, étant dans l'abondance; ou, s'il avoit quelque chose à gagner, 1 Coloss., 1, 13. 2 Apoc., 1, 21.

c'étoient les élus. S'il a été obéissant à son Père, ç'a été pour nous. Le sacrifice même de ce grand prêtre est pour nous consommer avec lui dans son Père: Sanctifico pro eis meipsum1. Et cela pourquoi? Ut omnes unum sint, sicut tu in me et ego in te; ut et ipsi in nobis unum sint 2. Nous mourons en sa mort; nous ressuscitons en sa résurrection; nous sommes immolés dans son sacrifice; tout nous est commun avec lui. Et si nos souffrances ne sont qu'une continuation des siennes, adimpleo quæ desunt passionum Christi3; notre gloire ne doit être qu'une extension de la sienne : Quod si, comme dit l'Apôtre, cùm essemus inimici, reconciliati sumus in sanguine ipsius, multò magis reconciliati salvi erimus in vitâ ipsius. Si lors même que nous étions séparés de lui, ce qui se passoit en lui venoit jusqu'à nous, si nous sommes morts au péché dans sa mort, à plus forte raison les propriétés de sa vie doivent nous être communiquées après que nous avons été réunis par la réconciliation avec son Père, et qu'il nous a lui-même donné sa vie.

La grace et la vie nouvelle réside en lui; mais elle n'y réside que comme dans la principale partie. Et tout de même que la vie du cœur ne seroit pas parfaite, si elle ne se répandoit sur les membres, quoiqu'elle réside principalement dans le cœur : ainsi il manqueroit quelque chose à la vie nouvelle de Jésus-Christ, si elle ne se répandoit sur les élus qui sont ses membres, quoiqu'elle réside principalement en lui comme dans le chef. Sa clarté ne paroît pas dans sa grandeur, si elle ne se communique; d'autant que ce n'est pas comme ces lumières découlées du soleil, qui ne se répandent pas plus loin; mais c'est une lumière et une splendeur première et originelle, telle que celle qui réside dans le soleil. Vous gâtez une source, quand elle ne s'étend pas dans tout le lit du ruisseau.

C'est pourquoi le Fils de Dieu dit à son Père: Ego in eis, et tu in me, ut sint consummati in unum3. « Vous êtes un, mon Père, et vous voulez tout réduire à l'unité : Ut sint unum, sicut et nos unum sumus . C'est pourquoi vous êtes dans moi et moi en eux, « afin de les consommer dans l'unité : » ut sint consummati 8 Joan.,

1 Joan., XVII, 19.-2 Ibid., 21. 3 Coloss., 1, 24.- Rom., v, 10. - Ibid., 22.

XVII, 23.

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in unum. C'est pourquoi « je leur ai donné la clarté que vous m'avez donnée : » dedi eis claritatem quam dedisti mihi, ut sint unum sicut et nos', parce que cette clarté m'est donnée pour la leur communiquer. Et « c'est par là qu'il faut que le monde sache que vous m'avez envoyé : » ut sciat mundus quia tu me misisti2. Voilà pourquoi je suis venu; voilà votre dessein quand vous m'avez envoyé, de consommer tout en un. C'est pourquoi, Pater, quos dedisti mihi3, « Père, ceux que vous m'avez donnés, » nonseulement comme mes compagnons et comme mes frères, mais comme mes membres; volo; ah! ce sont mes membres; si vous me laissez la disposition de moi-même, vous me devez laisser celle de mes membres : volo ut ubi sum ego et illi sint*. Si je suis dans la gloire, il faut qu'ils y soient: mecum, mecum, « avec moi, par unité avec moi, » afin qu'ils connoissent la clarté que vous m'avez donnée, qu'ils la connoissent en eux-mêmes et qu'ils voient sa grandeur par son étendue et par sa communication: quam dedisti mihi, « c'est de vous que je la tiens, mon Père. » C'est pourquoi, « parce que vous m'aimiez avant la création du monde, » quia tu me dilexisti à constitutione mundi, vous me l'avez donnée tout entière, capable de se communiquer et de se répandre, ut ubi ego sum et illi sint mecum, ut videant claritatem meam quam dedisti mihi3. « Je me sacrifie pour eux » et pour leurs péchés : Ego pro eis sanctifico meipsum. C'étoient des victimes dues à votre colère je me mets en leur place, pro eis, « pour eux,» afin qu'ils soient saints et consacrés à votre majesté à même temps que je me dévoue et me sacrifie moi-même.

:

Quand les bras ou les autres membres ont failli, c'est assez de punir le chef. Quand on couronne le chef, il faut que les membres soient couronnés; s'ils ne participent à la gloire du chef, il faut que la gloire du chef soit petite. Il manqueroit quelque chose à la perfection de mon offrande, s'ils n'étoient offerts en moi : Sanctifico meipsum pro eis, ut sint et ipsi sanctificati; à ma mort (a),

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(a) Sous-entendu le commencement de la phrase exprimé plus haut : « 11 manqueroit quelque chose. »

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