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variantes doublées et les remarques isolées pour les donner en note, démêler les exordes, les points et les sermons amalgamés pour les publier séparément; après cela combler les lacunes, rapprocher les dislocations, réunir les morceaux dispersés qui peuvent former des ouvrages complets; en dehors des sermons, remplacer les sommaires des éditeurs par les analyses du grand écrivain; puis signaler brièvement l'époque et les circonstances qui ont vu naître tant d'œuvres immortels, soit pour faciliter l'intelligence des allusions délicates et de plusieusr passages, soit pour mettre le lecteur à même de suivre le développement et les progrès d'un incomparable talent, soit aussi pour prémunir l'inexpérience contre certaines expressions peut-être exagérées, désavouées peut-être par un goût pur, que Bossuet employoit quelquefois dans sa jeunesse et que l'on imite plutôt à cet âge et toujours plus facilement que le simple, le naturel, les véritables beautés : voilà la tâche que deux choses ont fait entreprendre à de foibles forces, l'admiration d'un génie aussi pieux que sublime, et le désir de servir la cause des Lettres et de l'Eglise. Certes on n'a pas la prétention d'avoir rempli ce programme complétement, d'une manière irréprochable, à l'abri de justes critiques; mais on a la conviction, fondée sur des faits manifestes, d'avoir fait disparoître des fautes graves, écarté des interpolations malheureuses, relevé des variantes utiles et des notes profondes, je ne dis pas dans toutes les parties de tous les sermons, mais à chaque page, à chaque alinéa. Eclairé par les travaux de la critique et dirigé par les conseils de grands savans et d'illustres écrivains, on a déblayé le vestibule et relevé les colonnes du temple; d'autres, plus habiles et trouvant de nouveaux matériaux de reconstruction, couronneront l'édifice.

Il ne me reste plus qu'à décharger mon cœur par l'accomplissement d'un devoir qui m'est aussi doux que sacré. Comme je l'indiquois tout à l'heure, la bienveillance, jointe à l'amour du bien et. du beau, m'a fait ce bonheur, de remplir ma tâche sous la conduite des Maîtres Mgr l'Evêque de Quimper, M. le Marquis de Nicolay, M. L. Veuillot, M. V. Cousin, m'ont généreusement accordé tous les conseils de la science, de la critique et du goût; que ces personnages éminens daignent recevoir ici l'hommage de ma reconnoissance.

Mer l'Evêque de Meaux, si plein de bonté paternelle et si zélé pour le souvenir et le culte de son glorieux prédécesseur, a bien voulu mettre à ma disposition des autographes précieux, qui renferment plusieurs sermons me seroit-il permis de me joindre à l'opinion publique, pour reconnoître tant de condescendance et tant de mérite?

J'offre aussi mes remerciments aux employés de la Bibliothèque

nationale, particulièrement à M. C. Claude, qui connoit si bien dans tous ses recoins ce département des manuscrits, je devois dire ce monde littéraire et scientifique, où les explorateurs découvrent chaque jour de nouveaux trésors, comme les astronomes découvrent de nouvelles planètes au firmament.

F. LACHAT.

PREMIER SERMON

POUR

LA FÊTE DE TOUS LES SAINTS.

(PREMIÈRE RÉDACTION) (a).

Omnia vestra sunt, vos autem Christi.

Tout est à vous, et vous êtes à Jésus-Christ, dit le grand Apôtre, parlant aux justes. I Cor., 11, 22 et 23.

Si nous employions à penser aux intérêts qui nous sont préparés dans le ciel la moitié du temps que nous perdons à songer aux vains intérêts de ce monde, nous ne vivrions pas comme nous faisons dans un mépris si extravagant des affaires de notre salut. Mais c'est une des punitions de notre péché : ce tyran ne s'est pas contenté de nous faire perdre le royaume dans l'espérance duquel

(a) Bossuet a écrit deux fois ce sermon.

La première rédaction a été faite vers 1653: plusieurs marques indiquent cette date. Accumulant les textes sacrés, l'auteur parle autant latin que françois : défaut qu'il trouva régnant à son début dans la carrière apostolique, et qu'il devoit détruire lui-même; il se sert aussi d'expressions qui alloient vieillissant depuis le commencement du XVIIe siècle, et qu'il a bannies plus tard. Il dit, par exemple: «Souffrirez-vous pas bien? pensons-nous pas que? cependant que, prenez garde de vous le pas représenter, » pour, de vous le représenter; « quasi pas, quasi plus, quasi rien, quasi toujours; châteaux enchantés de qui les poëtes disent; considérer en gros; il (Dieu) n'y trouve rien à raccommoder (à la création), il régalera les élus dans le banquet de la gloire; il faudra que l'abondance divine se débonde; les grands hommes qui ont planté l'Eglise par leur sang. »

Bossuet écrivit de nouveau le sermon sur les bienheureux vers 1657. Dans l'œuvre retouchée, les textes bibliques occupent moins de place et les expressions surannées se produisent plus rarement. L'écriture du manuscrit révèle elle-même une époque plus récente; à peine reconnoissables dans la première rédaction, les caractères commencent à prendre dans la dernière des formes plus nettes et plus distinctes.

Les premiers éditeurs ont mêlé et juxtaposé les deux rédactions pour n'en former qu'une seule œuvre oratoire. Après avoir mélangé les deux exordes, ils ont fait un premier point avec le premier sermon, puis un deuxième et un troisième point avec le dernier. Dans cette disposition, les deux derniers points ne sont que la répétition du premier. D'ailleurs le sujet ne comporte que deux points les élus, 1° le dernier accomplissement de l'œuvre de Dieu, 2o la dernière fin de l'œuvre de Jésus-Christ,

TOM. VIII.

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nous avions été élevés, il nous a tellement ravalé le courage que nous n'osons plus prétendre à sa conquête, quelque secours qu'on nous offre pour y rentrer. A peine nous en a-t-il laissé un léger souvenir; ou, s'il nous en demeure encore quelque vieille idée qui ait échappé à cette commune ruine, cette idée, Messieurs, n'a pas assez de force pour nous émouvoir, elle nous touche moins que les imaginations de nos songes. Ce qui est plus cruel, c'est qu'il ne nous donne pas seulement le loisir de penser à nous. Il nous entretient toujours par de vaines flatteries (a); et comme il n'a rien qui nous puisse entièrement arrêter, toute sa malice se tourne à nous jeter dans une perpétuelle inconstance, tantôt d'un côté, tantôt d'un autre, et nous faire passer cette misérable vie dans un enchaînement infini de désirs incertains (b) et de prétentions mal fondées. Cela fait que nous ne concevons qu'à demi ce qui regarde l'autre vie; ces vérités ne tiennent quasi pas à notre ame déjà préoccupée des erreurs des sens. En quoi nous sommes semblables à ces insensés desquels parle le Sage, qui sans considérer les grands desseins de Dieu sur les saints, s'imaginoient qu'ils fussent enveloppés dans le même destin que les impies, parce qu'ils les voyoient sujets à la même nécessité de la mort : Videbunt finem sapientis, et non intelligent quid cogitaverit de eo Dominus'. Souffrirez-vous pas bien, Messieurs, pour nous délivrer de ce blâme, que nous donnions un peu de temps à admirer la providence de Dieu sur les saints? Certes nous ne pouvons rien dire qui contribue plus à leur gloire ni à notre édification. Comme c'est l'endroit par où (c) il estime plus leur félicité, aussi doit-ce être ce qui nous excite davantage.

Voyons donc dans ce discours les grandes choses que Dieu s'est proposé de faire en ses saints, quid cogitaverit de illis Dominus ; comme il les a regardés dans toutes ses entreprises: Quæ sit magnitudo virtutis ejus in nos qui credimus; comme il les a inséparablement attachés à la personne de son Fils, afin d'être obligés de le traiter comme lui: Vos autem Christi. Après avoir établi ces vérités, il ne me sera pas beaucoup difficile de vous 1 Sap., IV, 17. 2 Ephes., 1, 19. (a) Var.: Prétentions. () Vagues.

(c) Par lequel.

persuader des merveilles qu'il opérera dans l'exécution de ce grand dessein. Ce que je tâcherai de faire fort brièvement en concluant ce discours. Je vous prie d'implorer avec moi l'assistance du Saint-Esprit, par l'intercession de la sainte Vierge.

PREMIER POINT.

Pour nous représenter quelle sera la félicité des enfans de Dieu en l'autre vie, il faut considérer premièrement en gros combien elle doit être grande et inconcevable, afin de nous en imprimer l'estime; et après il faut voir en quoi elle consiste, pour avoir quelque connoissance de ce que nous désirons.

Pour ce qui regarde la première considération, nous la pouvons prendre de la grandeur de Dieu et de l'affection avec laquelle il a entrepris de donner la gloire à ses enfans. C'est une chose prodigieuse de voir l'exécution des desseins de Dieu. Il renverse en moins de rien les plus hautes entreprises; tous les élémens changent de nature pour lui servir; enfin il fait paroître dans toutes ses actions qu'il est le seul Dieu et le créateur du ciel et de la terre. Or il s'agit ici de l'accomplissement du plus grand dessein de Dieu et qui est la consommation de tous ses ouvrages.

Toute cause intelligente se propose une fin de son ouvrage. Or la fin de Dieu ne peut être que lui-même. Et comme il est souverainement abondant, il ne peut retirer aucun profit de l'action qu'il exerce, autre que la gloire qu'il a de faire du bien aux autres et de manifester l'excellence de sa nature; et cela parce qu'il est bien digne de sa grandeur de faire largesse de ses trésors, et que d'autres se ressentent de son abondance. Que s'il est vrai qu'il soit de la grandeur de Dieu de se répandre, sans doute son plus grand plaisir ne doit pas être de se communiquer aux natures insensibles. Elles ne sont pas capables de reconnoître ses faveurs, ni de regarder la main de qui elles tirent leur perfection. Elles reçoivent, mais elles ne savent pas remercier. C'est pourquoi quand il leur donne, ce n'est pas tant à elles qu'il veut donner qu'aux natures intelligentes, à qui il les destine. Il n'y a que celles-ci à qui il ait donné l'adresse d'en savoir user. Elles seules en connoissent le prix; il n'y a qu'elles qui en puissent bénir l'auteur. Puis donc

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