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naturelle et de leurs questions enfantines, pour les instruire insensiblement et sans effort.

Le second point, que l'auteur regarde avec raison comme capital en cette matière, consiste à n'offrir aux enfants que de bons modèles (1). L'ignorance des enfants et la flexibilité de leur cerveau, dans lequel rien n'est encore imprimé, les rendent naturellement souples et enclins à imiter tout ce qu'ils voient: ne laissez donc approcher d'eux que des personnes dont les exemples soient utiles à suivre; et « comme « il n'est pas possible qu'ils ne voient, malgré les «< précautions qu'on prend, beaucoup de choses irrégulières, il faut leur faire remarquer de bonne « heure l'impertinence de plusieurs personnes vicieu« ses et déraisonnables, sur la réputation desquelles <«< il n'y a rien à ménager; il faut leur montrer com« bien on est méprisé, et digne de l'être, combien on « est misérable, quand on s'abandonne à ses pas«<sions, et qu'on ne cultive point sa raison. »

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Le troisième point, sur lequel Fénelon s'étend plus longuement, est l'instruction (2). Rien de plus intéressant que les détails où il entre, dans cette partie de son ouvrage, sur la manière d'instruire les enfants, de leur faire goûter l'instruction, et de leur rendre la vertu aimable; sur les moyens d'ému

(1) De l'Éducation des filles, ch. 4. (2) Ibid. ch. 5 et 6.

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Manière d'instruire les

enfants.

lation et d'encouragement qu'on peut employer; sur le choix et l'application des récompenses et des châtiments; enfin, sur les moyens de faire entrer dans l'esprit des enfants les premiers principes de la religion (1). Sur ce dernier point en particulier, on trouve ici les développements qu'on chercheroit vainement ailleurs, et qui ne sauroient être trop médités, non-seulement par les pères et mères, mais par toutes les personnes appliquées à l'instruction de la jeunesse.

Fénelon établit tout son système d'éducation sur le seul fondement qui peut assurer le bonheur des familles et l'ordre de la société, sur la religion. Il fait arriver les enfants à l'instruction, par leur penchant même à la frivolité; c'est le goût général des enfants pour les histoires, que Fénelon emploie pour les instruire de la religion. Il indique ensuite la méthode la plus simple et la plus facile pour mettre les vérités les plus intellectuelles à la portée des enfants, et les leur faire comprendre autant qu'il est donné à l'esprit humain de pénétrer dans ces obscurités métaphysiques, sur lesquelles un enfant un peu instruit en sait autant que les hommes, et les hommes les plus instruits n'en savent guère plus que les enfants. C'est une vraie persuasion que Fénelon veut obtenir des enfants; et, comme il

(1) De l'Educ. des filles, ch. 7 et 8.

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le dit lui-même, « ce n'est pas en jetant un enfant <<< dans des subtilités de philosophie, qu'on parvient « à cette vraie persuasion (1). »

Il profite de la poupée même avec laquelle joue l'enfant, pour lui donner les premières notions de la distinction de l'esprit et du corps, de la différence des qualités morales, de l'immortalité de l'âme, des peines et des récompenses d'une autre vie; c'est toujours par des raisons sensibles qu'il parle à leur raison naissante.

Fénelon veut qu'on donne aux femmes comme aux hommes, sur tout ce qui concerne la religion, une instruction solide et exempte de toute superstition. « Il ne faut jamais laisser mêler dans la foi, ou dans les pratiques de piété, rien qui ne « soit tiré de l'Évangile, ou autorisé par une appro<< bation constante de l'Église. Accoutumez-les << donc à n'admettre pas légèrement certaines his<< toires sans autorité, et à ne s'attacher pas à de <«< certaines dévotions qu'un zèle indiscret introduit, «< sans que l'Église les approuve. »>

Il expose ensuite successivement tous les points de la doctrine de l'Église catholique, tout ce qui concerne les sacrements et les cérémonies du culte public, avec une clarté si admirable, qu'il est impossible que des enfants bien pénétrés de ses

(1) De l'Educ. des filles, ch. 7.

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Défauts à prévenir et à combattre en eux.

maximes et de ses leçons ne soient pas parfaitement instruits des vérités essentielles de la religion; on seroit même fondé à penser que ce degré d'instruction pourroit suffire au plus grand nombre des hommes.

On ne doit pas oublier de remarquer que Fénelon, dans ce traité si précis et si substantiel, fait trois fois le plus grand éloge du Catéchisme historique de l'abbé Fleury (1). Il est vraisemblable que son estime pour l'ouvrage et pour l'auteur le détermina dans la suite à s'associer cet homme si recommandable, dans l'éducation des petits-fils de Louis XIV.

Le quatrième point que Fénelon traite dans cet ouvrage, regarde le soin qu'on doit prendre de préserver les filles de plusieurs défauts ordinaires à leur sexe, comme sont principalement la mollesse, l'excessive timidité, qui les rend incapables d'une conduite ferme et réglée, la facilité à se répandre en paroles et en discours inutiles, les détours artificieux pour parvenir à leur but, la vanité surtout et le désir de plaire || (2). Fénelon ne dit qu'un seul mot de la dissimulation qu'on reproche aux femmes ; et ce mot renferme un grand sens. « Cette dissimu<«<lation, dit-il, est d'autant plus inutile, que si le

(1) De l'Éduc. des filles, ch. 9 et 10.
(2) Ibid. ch. 6 et 13.

« monde est quelquefois trompé sur quelque action « particulière, il ne l'est jamais sur l'ensemble d'une « vie entière. »

¶ Pour corriger la vanité et le désir de plaire, qui leur est si naturel, Fénelon veut qu'on s'applique à leur faire comprendre combien les grâces et les agréments naturels sont inutiles et même dangereux, s'ils ne sont soutenus par le mérite et la vertu; qu'on leur fasse soigneusement éviter la recherche dans les ajustements, l'empressement à suivre les modes l'affectation du bel esprit, et tant d'autres petitesses, qui n'aboutissent qu'à rendre une femme méprisable aux yeux de tout homme sage et bien réglé (1).

Il n'y a pas jusqu'à des leçons de grâce et de bon goût sur la parure, que Fénelon n'ait trouvé le moyen d'amener dans cet intéressant ouvrage. Il fait voir combien les jeunes personnes s'égarent souvent dans les combinaisons de leur vanité, en adoptant inconsidérément des modes qui leur font perdre la plus grande partie de leurs avantages. Il voudroit << qu'on leur fît remarquer la noble simplicité qui paroît dans les statues et les autres

"

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figures qui nous restent des femmes grecques et << romaines. Elles y verroient combien des che<«< veux noués négligemment par derrière, et des

(1) De l'Educ. des filles, ch. 9 et 10.

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