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12.

Rapports inti

mes de Fénelon

avec

M. Tronson.

rivé une seule fois qu'elle ait été appelée ou qu'elle soit intervenue devant un tribunal quelconque, pour aucune discussion d'intérêt.

Pourroit-on nous savoir mauvais gré de nous être étendu, avec une espèce de complaisance, sur une société qui a eu le mérite d'avoir formé Fénelon? Saint-Sulpice fut son berceau; et sa gloire rejaillit sur Saint-Sulpice: On ne peut rien voir de plus apostolique et de plus vénérable que Saint-Sulpice (1); ce furent les dernières paroles que dicta Fénelon, mourant, pour être transmises à Louis XIV (2).

Dieu daigna bénir les vues qui avoient dirigé le marquis de Fénelon en plaçant son neveu au séminaire de Saint-Sulpice. Nous avons sous les yeux une lettre du jeune abbé de Fénelon à son oncle, dans laquelle il lui peint, avec autant de naturel que d'onction, les progrès de l'ascendant que M. Tronson prenait chaque jour sur cette âme douce et vertueuse : « Je souhaiterois passionnément « vous pouvoir dire ici quelque chose du détail de <«< ce qui se passe entre M. Tronson et moi; mais cer

(1) Lettre de Fénelon au P. Le Tellier, du 6 janvier 1715. (Corresp. de Fénelon, t. IV, p. 596,)

(2) A l'appui de ce jugement de Fénelon et de son historien sur la compagnie de Saint-Sulpice, on peut voir celui de plusieurs assemblées du clergé, citées dans la Vie de M. Olier, t. II, p. 213, etc. 325-331. (ÉDIT.)

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«tes, Monsieur, je ne sais guère que vous en dire; «< car, quoique ma franchise et mon ouverture de «< cœur pour vous me semblent très-parfaites, je vous « avoue néanmoins, sans craindre que vous en soyez jaloux, que je suis encore bien plus ouvert à l'égard de M. Tronson, et que je ne saurois qu'avec peine vous faire confidence de l'union « dans laquelle je suis avec lui. Assurément, Monsieur, si vous pouviez entendre les entretiens que « nous avons ensemble, et la simplicité avec laquelle « je lui fais connoître mon cœur et avec laquelle il « me fait connoître Dieu, vous ne reconnoîtriez pas « votre ouvrage, et vous verriez que Dieu a mis « la main, d'une manière sensible, au dessein dont « vous n'aviez encore que jeté les fondements. Ma « santé ne se fortifie point; et cette affliction ne « seroit pas médiocre, si je n'apprenois d'ailleurs à << m'en consoler. | Je crois que vous me permettrez (1), Monsieur, de vous demander de vos nouvelles << avec la même liberté avec laquelle je vous rends « compte de tout ce qui me regarde. Ayez donc la « bonté, s'il vous plaît, de me donner vos ordres ;

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(1) Le cardinal de Bausset avoit omis la suite de cette lettre, qu'il n'avoit pas trouvée dans les manuscrits de Fénelon, et dont il regrettoit vivement la perte; mais l'examen attentif des manuscrits nous l'a fait retrouver. Voy. la Corresp. de Fénelon avec sa famille, lett. I. (Corresp. t. II, p. 3.) (ÉDIT.)

13.

Fénelon entre

dans la communauté des prêtres de la paroisse

de S. Sulpice.

«< car à présent que tout mon cœur et tout mon

esprit est soumis, il ne faut plus user de tous les «sages ménagements, et de toutes les réserves par << lesquelles vous m'avez autrefois conduit si heureu<«< sement, sans que je pusse m'apercevoir où vous « me meniez. » On voit, par cette lettre, jusqu'à quel point le sage directeur auquel Fénelon ouvroit son cœur avec un si touchant abandon, avoit su lui insinuer les principes et les sentiments de cette charité pure et affectueuse, de cet amour de Dieu pour lui-même, dont il étendit peut-être ensuite les maximes au delà des bornes prescrites à la foiblesse humaine.

Cette lettre indique également que, malgré sa tendre et respectueuse déférence pour un oncle qui pouvoit lui-même être regardé comme un modèle de la vie spirituelle, il ne croyoit pas pouvoir s'ouvrir entièrement à lui, sur toutes les pensées dont M. Tronson étoit le seul confident et l'unique dépositaire (1).

Après avoir reçu les ordres sacrés au séminaire de

(1) Nous supprimons, en cet endroit, les détails qu'on lit, dans les éditions précédentes de cette Histoire, sur le projet attribué à Fénelon de se consacrer aux missions du Canada. Le cardinal de Bausset, en attribuant ce projet à Fénelon, l'a confondu, par inadvertance, avec un de ses frères, comme nous l'avons déjà remarqué (ci-dessus, p. 17, note 3). Voyez le n° III des Pièces justif. du liv. Ier. (ÉDIT.)

Saint-Sulpice (vers l'an 1675) (1), Fénelon se consacra aux fonctions du saint ministère, dans la communauté des prêtres de la même paroisse. On n'auroit pas besoin sans doute d'un exemple aussi remarquable que celui de Fénelon, pour se pénétrer de toute la dignité d'un ministère qui donne toujours le droit de faire le bien, et jamais le pouvoir de nuire; qui n'exerce qu'une justice fondée sur la miséricorde, et non cette justice que la terreur accompagne et dont les sentences sont écrites avec le sang; qui place sans cesse les ministres de la religion en

(1) Nous déterminons cette date d'après quelques détails donnés un peu plus bas, par le cardinal de Bausset, sur les divers emplois que Fénelon exerça successivement avant sa nomination à la charge de précepteur du duc de Bourgogne, en 1689. Avant cette époque, il avoit exercé d'abord pendant trois ans les fonctions du saint ministère dans la paroisse de Saint-Sulpice (ci-après, p. 41), puis celles de supérieur des Nouvelles-Catholiques pendant dix ans (no 24); ce qui suppose clairement qu'il avoit été ordonné prêtre vers l'an 1675. Il est vrai qu'il fut question, dès le mois de juillet 1674, de lui procurer la députation de la province ecclésiastique de Bordeaux à l'assemblée générale du clergé de 1675 (p. 43); mais on ne peut conclure de là qu'il fût déjà prêtre en 1674; on sait en effet que le caractère sacerdotal n'étoit pas requis, à cette époque, pour la députation dont il s'agit; il suffisoit d'être dans les ordres sacrés. (Voy. l'Abrégé des Mémoires du Clergé, et la Table de la collection des Procès-verbaux des assemblées du Clergé, art. Députés.) (ÉDIT.)

tre la puissance et la foiblesse, entre la richesse et l'indigence, pour le soulagement de tous les maux et la réparation de toutes les injustices; qui leur permet d'intervenir dans toutes les discussions, pour les concilier par la douceur et la confiance, sans jamais y mêler la force et l'autorité; qui console le malheur, par les seules espérances qui peuvent ouvrir le cœur des malheureux à la résignation et prévenir le désespoir; qui inspire la confiance au criminel lui-même, par la loi d'un secret inviolable, et qui fait servir cette confiance à le conduire au repentir; qui peut, sans rougir, implorer les plus humbles secours pour les transmettre à l'indigence; qui, souvent dépositaire des richesses que la charité lui a confiées, s'ennoblit lui-même par une glorieuse pauvreté (1); qui enseigne la doctrine la plus favorable au repos de la société et au bonheur du genre humain, sans être obligé de varier son langage et ses préceptes, au milieu de toutes les variations des institutions humaines.

Ce fut dans l'exercice de ce ministère, en se mêlant à tous les états et à toutes les conditions, en s'associant à toutes les infortunes, en compatissant à toutes les foiblesses, en y portant ce mélange de douceur, de force et de charité qui s'approprie

(1) M. Languet, curé de Saint-Sulpice, distribuoit par an un million d'aumônes, et n'avoit qu'un lit de serge et deux chaises en paille.

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