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examen

de sa doctrine, par les trois

la doctrine de madame Guyon, s'attachèrent beaucoup moins à discuter les imputations calomnieuses commissaires. qu'on avoit cherché à répandre contre ses mœurs, qu'à s'assurer de ses sentiments intérieurs, et à la faire expliquer sur quelques maximes et quelques expressions de ses écrits, qui offroient un sens répréhensible || (1). Ses réponses parurent annoncer l'intention de n'avoir jamais voulu s'écarter de la doctrine de l'Église, et des regrets sincères d'avoir pu. donner des soupçons sur la pureté de sa foi. Elle montra une entière déférence aux avis des commissaires; et ceux-ci concurent une opinion d'autant plus favorable de ses sentiments,|| qu'elle fit alors de nouvelles instances à Bossuet, pour obtenir ce qu'elle demandoit depuis longtemps, qu'il voulût bien la recevoir au couvent de la Visitation de Meaux || (2). Elle prit avec lui l'engagement d'y vivre dans une entière retraite, de se mettre sous la direction du confesseur qu'il jugeroit à propos de

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(1) Voyez les Réponses de madame Guyon, aux demandes qui lui ont été faites dans les conférences des 6 et 12 décembre 1694. (Corresp. de Fénelon, t. VII, p. 114, 123, etc.) La plupart des demandes roulèrent sur la doctrine et les sentiments de madame Guyon; quelques-unes seulement (la 31o et la 33o) sur ses mœurs. (ÉDit.)

(2) Madame Guyon avoit fait cette demande dès le mois de septembre 1693; mais Bossuet ne se rendit à ses instances, qu'au mois de janvier 1695. (Corresp. de Fénelon, t. VII, p. 28, 30 et 138.)' (Édit.)

lui donner, et de n'entretenir au dehors aucune correspondance. Bossuet fut touché d'un abandon aussi absolu; il se rendit à ses instances, et elle partit en effet pour Meaux, dans les premiers jours de janvier 1695.

Après avoir éclairci ou écarté tous les faits personnels, qui n'étoient qu'un objet secondaire de leur commission; après avoir obtenu sur la doctrine personnelle, ou plutôt sur les intentions de madame Guyon, tous les éclaircissements qu'ils jugèrent suffisants; les trois commissaires fixèrent toute leur attention sur les points de doctrine à établir contre la nouvelle spiritualité. Ils concurent le dessein d'exposer les véritables sentiments de l'Église, sur les points controversés, en arrêtant quelques maximes doctrinales, qui pussent désormais servir de règles pour l'enseignement et la pratique, dans les matières de spiritualité, et prévenir les abus qu'on seroit tenté de faire, des expressions figurées qui se rencontrent assez souvent dans les auteurs mystiques.

36.

Conférences

Tel fut le véritable objet des conférences tenues à Issy, dans la maison de campagne du séminaire d'Issy; quelle de Saint-Sulpice (1). L'évêque de Meaux et l'évêque de Châlons étoient convenus de s'y rendre, par égard

(1) Voyez au n. Ier des Pièces justificatives de ce livre, quelques observations sur ce sujet.

part Fénelon

y prend.

pour M. Tronson, dont les infirmités et la santé languissante exigeoient le repos et le séjour de la campagne. Cette retraite convenoit également à la détermination que l'on avoit prise, de dérober le secret de ces conférences à M. de Harlay, archevêque de Paris, dont on craignoit les préventions contre madame Guyon. Ce prélat pouvoit d'ailleurs se trouver blessé, de voir des évêques étrangers statuer sur une question de doctrine élevée dans son diocèse.

Ces conférences durèrent plus de huit mois (1). Les fréquents voyages que Bossuet étoit obligé de faire à Meaux, et M. de Noailles à Châlons, pour les devoirs de leur ministère, amenoient nécessairement d'assez longs intervalles entre les conférences. Mais ces intervalles n'étoient point perdus pour le travail des commissaires, qui se livroient alors à une étude approfondie des questions soumises à leur examen, des auteurs mystiques qui s'en étoient occupés, et des nouvelles opinions qui cherchoient à s'introduire à l'ombre de ces noms respectés. « Ces « conférences, dit madame de Maintenon, commençoient par la prière, et finissoient de même; on n'y

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(1) La Déclaration de Fénelon que nous avons rapportée plus haut (p. 375), suppose que les conférences d'Issy étoient déjà commencées, ou sur le point de commencer, le 22 juin 1694; et elles ne furent terminées que le 10 mars 1695. (ÉDIT.)

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« vérité; on travailloit séparément; on conféroit << sans précipitation et sans préjugé (1). »

pas

|| Pendant les premiers mois, Fénelon ne fut appelé aux conférences, quoiqu'il y prît un vif intérêt, par suite de ses anciennes et habituelles relations avec les trois commissaires, mais surtout par un effet de son zèle pour la doctrine du pur amour, et de son amitié, ou même si l'on veut, de sa prévention pour madame Guyon. || D'ailleurs, l'étude approfondie qu'il avoit faite, depuis quelque temps, des plus célèbres auteurs mystiques (2), lui donnoit, en cette matière, des connoissances et des avantages, que les commissaires eux-mêmes ne crurent pas devoir négliger. Fénelon a écrit depuis, et Bossuet ne l'a point contesté, « que ce prélat convint, « au commencement des conférences, qu'il n'avoit jamais lu ni saint François de Sales, ni le bien« heureux Jean de la Croix, ni la plupart des auateurs mystiques; et qu'il voulut que Fénelon lui

"

a

(1) Entretiens de madame de Maintenon. (Mém. de madame de Maintenon, t. VI, p. 208.) Corresp. de Fénelon, t. VII, p. 55, note.

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(2) On a vu plus haut (p. 343 et 353), que, dans le commencement de ces contestations, Fénelon, aussi bien que Bossuet, connoissoit peu les auteurs mystiques, et avoit même de grands préjugés contre eux. Mais depuis ses premiers rapports avec madame Guyon, il s'étoit livré avec ardeur à l'étude de ces auteurs. (ÉDIT.)

37.

Sa doctrine

devient de plus

à Bossuet.

« en donnât des recueils. Il fit en conséquence des <«<extraits de saint Clément d'Alexandrie, de saint « Grégoire de Nazianze, de Cassien, et du Trésor « ascétique, pour montrer que les anciens n'avoient <«< pas moins exagéré que les mystiques des derniers siècles; qu'il ne falloit prendre en rigueur ni les « uns ni les autres; qu'on en rabattît tout ce qu'on voudroit, et qu'il en resteroit encore plus qu'il << n'en falloit, pour contenter les vrais mystiques << ennemis de l'illusion (1). »

que

|| Bossuet, accoutumé au langage rigoureux de en plus suspecte l'Ecole, et peu familiarisé avec le style passionné les ardeurs de l'amour divin inspirent souvent aux auteurs mystiques, laissa sans doute percer son étonnement, à la vue de ces transports amoureux et de ce langage exagéré, qu'il traita dans la suite de pieux excès et d'amoureuses extravagunces || (2); il parut alors craindre que Fénelon ne partageât véritablement des illusions dangereuses; et c'est ici que l'on commence à remarquer en lui une méfiance plus marquée (3).

(1) Réponse à la Relation sur le quiétisme, n. 18-20. (OEuvres de Fénelon, t. VI.) Voyez aussi, à l'appui de ce passage, les Questions à M. de Noailles. (2 quest. OEuvres de Fénelon t. IV.) — Remarques sur la Réponse à la Relation, art. 7, S 1er. (OEuvres de Bossuet, t. XXX.)

(2) Instruction sur les états d'oraison, liv. X, n. 19, 22, etc. (3) On a vu plus haut (p. 368, etc.) l'origine et les premiers effets de cette méfiance.

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