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Ses principaux ouvrages.

hasarder les reproches les plus graves contre ses opinions et même contre ses mœurs, et à ses amis beaucoup de peines et de soins pour justifier une conduite aussi extraordinaire pendant ces premières années.

Ce fut pendant ces voyages qu'elle composa deux ouvrages, qui ont fourni des motifs plus légitimes de censure. L'un est intitulé : Moyen court et trèsfacile de faire oraison; et l'autre, Le Cantique des Cantiques, interprété selon le sens mystique. Ses amis lui rendirent le funeste service de faire imprimer le premier à Grenoble, en 1685 (in-24), et le second à Lyon, en 1688 (in-8°). || Vers le même temps, on vit paroître à Verceil l'ouvrage latin du P. Lacombe, Analyse de l'Oraison mentale (in-12), dont la doctrine étoit au fond celle de madame Guyon; et elle leur attira bientôt, à l'un et à l'autre, les mêmes persécutions. Ces ouvrages parurent, à la vérité, munis de quelques approbations respectables (1); mais ces sortes d'approbations ne forment

(1) Le Moyen court et Le Cantique des Cantiques parurent avec l'approbation de deux docteurs, dont l'un étoit l'abbé Terrasson, syndic général du clergé de Lyon, et lientenant de l'officialité diocésaine et métropolitaine de cette ville. Ces approbations, et surtout celle de l'abbé Terrasson, étoient conçues dans les termes les plus honorables. L'ouvrage du P. Lacombe parut avec l'autorisation de l'évêque et de l'inquisiteur de Verceil, d'après l'examen et l'approbation de plusieurs consulteurs du Saint-Office. (ÉDIT.)

jamais une autorité suffisante contre un examen plus sévère, lorsque des maximes ou des expressions indiscrètes peuvent conduire à des interprétations ou à des conséquences dangereuses.

A peine madame Guyon fut-elle de retour à Paris, qu'on écrivit contre elle et contre le P. Lacombe, des lettres de presque tous les lieux qu'elle avoit parcourus. M. de Harlay gouvernoit alors le diocèse de Paris. Quels que soient les reproches qu'on ait pu faire à ce prélat, il avoit au moins la sagesse et le mérite d'apporter un soin extrême à combattre toutes les nouveautés qui pouvoient troubler la paix de l'Église et l'ordre public. La condamnation récente que le pape Innocent XI venoit de prononcer contre les ouvrages et la personne de Molinos, l'abus criminel que ce prétendu mystique avoit fait des principes d'une fausse spiritualité, justifioient le zèle de l'archevêque de Paris. On n'ignoroit pas que cette doctrine avoit trouvé des partisans secrets en France même; et on ne pouvoit apporter trop de vigilance, pour en arrêter ou pour en prévenir les progrès.

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et celle du P. Lacombe.

1687.

Les dénonciations qu'on porta à M. de Harlay Son arrestation contre madame Guyon et le P. Lacombe, lui parurent exiger, de sa part, des mesures de précaution et de sévérité; il crut trouver quelque conformité entre leur doctrine et celle de Molinos;

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en conséquence, il demanda et obtint un ordre du Roi, pour s'assurer de leurs personnes.

Le P. Lacombe fut arrêté au mois d'octobre 1687, détenu d'abord à la maison des Pères de la Doctrine chrétienne, et enfermé ensuite à la Bastille. L'official de Paris lui fit subir plusieurs interrogatoires; et comme il continuoit à marquer un attachement opiniâtre à la doctrine de son livre, on le transféra dans l'île d'Oleron, ensuite au château de Lourdes dans les Pyrénées, où nous le retrouverons en 1698.

Madame Guyon fut arrêtée au mois de janvier 1688, et conduite au monastère de la Visitation de Sainte-Marie, de la rue Saint-Antoine. Elle y subit aussi plusieurs interrogatoires, en présence de l'official et de son vice-gérent. Les pièces de cette procédure n'ont jamais été connues; mais il est bien évident, que cette instruction juridique n'avoit fourni aucune preuve des accusations si graves qu'on avoit intentées contre les mœurs de madame Guyon. Il eût été bien facile à M. de Harlay, de fermer la bouche aux amis de cette dame et aux personnes vertueuses qui agirent dans la suite en sa faveur, si la procédure avoit laissé le plus léger nuage sur des accusations d'une nature aussi délicate. Le seul doute auroit suffi pour rendre madame de Maintenon inaccessible à tout intérêt pour une femme

qui auroit cherché à couvrir ses désordres du masque de la religion.

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On doit encore observer, que, partout où madame Guyon arrivoit, chargée de préventions qui auroient dû éloigner d'elle toutes les personnes sages et solidement vertueuses, elle parvenoit bientôt à dissiper tous les nuages par la simplicité de ses mœurs, à toucher tous les cœurs par le spectacle de l'innocence opprimée, et à inspirer aux personnes les plus prévenues contre elle, un intérêt et un zèle qui les transformoient en ses disciples. Pendant la détention de madame Guyon au mo- Elle est recomnastère de la Visitation, madame de Miramion, alors si connue par son activité pour toutes sortes de bonnes œuvres (1), eut occasion d'entendre parler d'elle aux religieuses de ce monastère; elles ne cessoient de lui vanter sa piété, sa douceur, sa résignation, l'onction de ses discours, et l'attrait qu'elle leur inspiroit pour les choses spirituelles. Madame de Miramion voulut la connoître; et elle fut aussi édifiée de ce qu'elle vit et de ce qu'elle entendit, que de tout ce qu'elle avoit entendu dire. Blessée d'une injustice qui lui paroissoit un scandale pour la religion, elle réclama le crédit de

(1) Voyez le Dictionn. histor. de Feller, art. Miramion. Essai historique sur l'influence de la religion en France au dix-septième siècle (par M. Picot), t. II, p. 71, 86, 302, etc. (EDIT.)

mandée à madame de Maintenon par des personnes en crédit

madame de Maintenon, protectrice généreuse de tous les malheureux, et toujours disposée à accueillir les personnes de son sexe, qui annonçoient le goût de la vertu. Madame de Miramion jouissoit d'une considération, qui étoit la récompense d'une vie toute consacrée aux bonnes œuvres; un témoignage comme le sien étoit fait pour inspirer une juste confiance à madame de Maintenon, qui avoit déjà entendu parler avec éloge de madame Guyon à deux autres personnes, dont le suffrage, réuni à celui de madame de Miramion, ne pouvoit manquer de faire impression sur elle.

que

Madame Guyon avoit à Saint-Cyr une parente

madame de Maintenon affectionnoit beaucoup, et qu'elle désiroit vivement d'attacher à cette maison. Madame de la Maisonfort, née d'une famille ancienne et pauvre de Berry, et chanoinesse de Poussay en Lorraine, avoit été attirée à Saint-Cyr, dans le temps où l'on n'y étoit point assujetti à des vœux absolus. Elle avoit beaucoup d'esprit, de vertu; une imagination aimable et brillante n'excluoit point en elle les qualités nécessaires pour le gouvernement. Madame de Maintenon se plaisoit à voir en madame de la Maisonfort, celle qui devoit un jour la remplacer, pour entretenir à Saint-Cyr l'esprit et l'ordre qu'elle vouloit y établir. Ce fut peut-être, de toutes les dames de Saint-Cyr, celle qui inspira d'abord l'attrait le plus vif à madame

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