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HISTOIRE

DE FENELON.

LIVRE DEUXIÈME.

CONTROVERSE DU QUIETISME.

DE FENELON.

LIVRE DEUXIÈME.

CONTROVERSE DU QUIÉTISME.

LES premières années de l'éducation du duc de Bourgogne furent peut-être l'époque la plus heureuse de la vie de Fénelon. Il avoit obtenu sur ce jeune prince un utile ascendant; il avoit dompté son caractère; il avoit ouvert son cœur à tous les sentiments vertueux; il avoit dirigé son esprit vers les sciences utiles et agréables, avec une rapidité dont l'éducation d'aucun autre prince ne pouvoit offrir d'exemple. La cour admiroit avec surprise un changement qui surpassoit tout ce que la flatterie auroit pu supposer. Fénelon se livroit aux plus douces espérances; il voyoit déjà se réaliser dans

1. Situation de

Fénelon à la cour.

2.

Charme de

l'avenir ces systèmes de justice, de paix et de bonheur, que son imagination se plaisoit à créer, et qui devoient succéder au fracas des conquêtes et aux illusions de la gloire.

Avec cette brillante perspective devant les yeux, Fénelon jouissoit de tout le bonheur qu'il avoit su réunir autour de lui. Presque tous ses moments étoient remplis par les devoirs de sa place. La société de quelques amis vertueux lui offroit la seule distraction dont son cœur avoit besoin. Une entière conformité de principes et de sentiments religieux l'unissoit intimement au duc de Beauvilliers. Son esprit, ses talents, le charme de sa conversation, et l'heureuse séduction de ses manières, lui avoient concilié tous les suffrages.

La cour de Louis XIV, devenue plus sérieuse, conservoit toujours ce bon goût, cette noblesse et cette décence, si bien assortis au caractère de l'abbé de Fénelon. L'exemple du monarque, qui se montroit de jour en jour plus religieux et plus régulier dans ses mœurs, donnoit une nouvelle direction à l'opinion publique. La considération et la faveur alloient chercher la vertu; et si elles se trompèrent quelquefois, en se reposant sur ceux qui n'en avoient que l'apparence, elles parurent se fixer avec l'approbation générale sur Fénelon.

Le charme de son caractère avoit entraîné mason caractère: dame de Maintenon; elle lui montroit une confiance

jouit auprès de madame

qu'elle n'avoit éprouvée pour personne au même faveur dont il degré. Fénelon avoit été à portée de la voir souvent chez le duc de Beauvilliers. Madame de Maintenon, de Maintenon. qui avoit autant de tact que d'esprit, ne put être indifférente au mérite d'un homme dont l'imagination brillante et la conversation toujours animée ne s'écartoient jamais de ce bon goût et de cette parfaite raison, dont elle avoit le sentiment et le besoin. On remarque, dans quelques-unes de ses lettres, les premières traces de l'impression qu'il produisit sur elle; elle écrivoit à madame de SaintGéran, le 20 décembre 1683 : « Votre abbé de Fé« nelon est fort bien venu ici. Tout le monde ne <«<lui rend pourtant pas justice; et il voudroit être « aimé, avec ce qu'il faut pour l'être (1). »

Le duc de Saint-Simon, qui ne voit jamais les personnages dont il parle, que sous leurs rapports avec le monde, ou avec des intérêts politiques, assure que Fénelon possédoit plus que personne le don de plaire; « qu'il avoit pour cela des talents. « faits exprès; une douceur, une insinuation, des grâces naturelles qui couloient de source; un esprit facile, ingénieux, fleuri, dont il faisoit toujours un usage convenable à chaque chose et à chaque personne;..... un abord facile à tous; une <«< conversation aisée, légère, et toujours décente;

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(1) Lettres de madame de Maintenon, t. II, p. 299.

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