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« timent, qui suit pas à pas la nature toujours simple et gracieuse, qui ramène toutes les pen« sées aux principes de la raison, et qui ne trouve « beau que ce qui est véritable... Le vrai genre « sublime dédaigne tous les ornements empruntés, « et ne se trouve que dans le simple..... La pas«sion est l'âme de la parole. »

C'est encore dans ce discours, que Fénelon donne la notion la plus simple et la plus exacte de l'esprit et du goût qui doivent régner dans tous les genres de composition. « On a reconnu, dit-il, que les « beautés du discours ressemblent à celles de l'ar<< chitecture : les ouvrages les plus hardis... ne sont « pas les meilleurs. Il ne faut admettre dans un « édifice aucune partie destinée au seul ornement; mais, visant toujours aux belles proportions, on << doit tourner en ornement toutes les parties né«< cessaires à soutenir un édifice. »

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Seroit-il permis d'observer, au sujet de la réception de Fénelon à l'Académie françoise, que madame de Maintenon le plaisantoit quelquefois sur sa qualité d'académicien. Elle écrivoit aussi à la marquise de Dangeau, dont le mari étoit de l'Académie : « On m'a toujours reproché que je ne regardois <«< point l'Académie comme un corps sérieux (1).

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(1) Lettre de madame de Maintenon à madame de Dangeau, du 20 février 1716. (Recueil de La Beaumelle, t. VI, p. 89.)

111.

Le crédit de
Fénelon

envieux.

Nous ne rapportons point cette opinion de madame de Maintenon comme un jugement, mais seulement comme un trait de caractère, qui montre combien cette femme, qui avoit tant d'esprit, étoit peu portée à ce goût de bel esprit que Louis XIV lui avoit supposé, et qui lui avoit d'abord inspiré tant d'éloignement pour elle. Ce fut probablement cette plaisanterie de madame de Maintenon, qui inspira dans la suite à Fénelon l'idée de donner aux travaux de l'Académie françoise, une direction vraiment utile et sérieuse (1).

Ce seroit bien mal connoître l'esprit des cours, lui suscite des que de supposer qu'aucun sentiment d'envie n'ait tenté de corrompre la satisfaction si pure dont jouissoit Fénelon. Peut-être on lui auroit pardonné de faire du duc de Bourgogne un grand prince; ce prince étoit encore bien éloigné du trône, et l'avenir est rarement ce qui occupe le plus les courtisans. Mais Fénelon étoit devenu l'ami, le confident et le conseil de madame de Maintenon; le crédit d'un homme dont le caractère et les maximes étoient déjà connus, commençoit à donner de l'ombrage à tous ceux qui croyoient avoir à redouter l'ascendant de ses vertus et de ses principes.

On avoit cherché à refroidir Bossuet pour Fénelon, par des éloges exagérés de l'éducation du duc

(1) Voyez, ci-après, liv. VIII, n. 1, etc. (t. IV.)

de Bourgogne, ou en affectant de douter des merveilles de cette éducation. Peut-être s'étoit-on flatté d'exciter dans le précepteur du père, un sentiment secret de jalousie contre le précepteur du fils. Mais la grande âme de Bossuet avoit trompé ces viles espérances. Accoutumé à ne se confier qu'en son propre témoignage, il avoit voulu juger lui-même cette éducation si vantée; et il avoit reconnu qu'elle étoit encore au-dessus des éloges qu'on lui en avoit faits. Il semble qu'une déclaration si précise auroit dû condamner à un éternel silence tous ces coupables détracteurs; mais lorsque la malheureuse affaire du quiétisme eut laissé un essor plus libre à la malveillance, auparavant sourde et cachée, des envieux de Fénelon, on parut craindre qu'il ne se fût plus occupé à entretenir le duc de Bourgogne dans le goût d'une dévotion mystique, et dans des pratiques minutieuses qui rétrécissoient son esprit et remplissoient tous ses moments, qu'à lui donner les connoissances convenables à son rang, et nécessaires à l'héritier d'un grand empire. Louis XIV, déjà prévenu contre Fénelon, parut prêter l'oreille à ces rumeurs, et ne put s'empêcher d'en montrer une espèce d'inquiétude et de mécontentement au duc de Beauvilliers, qui lui répondit avec modestie et fermeté (1): « Sire, je ne connois

(1) Vie de Fénelon, par le P. de Querbeuf, p. 244.

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112.

Réflexions sur l'éducation du Dauphin

et celle du duc de Bourgogne.

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qu'un Évangile; et je crois devoir à mon Dieu et « à mon Roi, de ne rien négliger pour préparer à la <«< France un roi vertueux. On peut savoir de M. le «< duc de Bourgogne lui-même, en quoi consistent «ses exercices de piété. Je suis prêt à leur substi<< tuer le chapelet, si on le juge convenable. Mais « pour fermer la bouche à tous mes accusateurs, « j'ose les défier de produire l'exemple d'un seul prince, qui, à l'âge de M. le duc de Bour«gogne, soit aussi instruit dans toutes les sciences <<< humaines. >>

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Nous ne prétendons certainement pas établir entre Bossuet et Fénelon, entre Montausier et Beauvilliers, un parallèle injurieux. La gloire, les talents et les vertus de ces hommes supérieurs à tous les éloges, sont consacrés depuis longtemps par le suffrage unanime de leurs contemporains, et par la vénération de la postérité. Oser dépouiller un seul d'entre eux d'une partie des titres de sa gloire, pour en orner celui que l'on croiroit honorer par une injuste prééminence, ce seroit montrer un enthousiasme puéril et maladroit; on offenseroit également la mémoire et de celui que l'on prétendroit élever, et de celui qu'on auroit la témérité de rabaisser. Il est des noms tellement environnés d'éclat et de faveur, qu'il faut se borner à les prononcer avec un égal respect, et s'interdire de fixer leur

rang.

Nous éviterons aussi d'établir aucun rapprochement entre les résultats de l'éducation du fils de Louis XIV, et de celle de son petit-fils. Ces résultats dépendent souvent des dispositions plus ou moins heureuses, qu'un élève apporte aux soins de son instituteur; et il faut convenir que la nature avoit favorisé le duc de Bourgogne d'une pénétration d'esprit si remarquable, et d'une telle avidité pour s'instruire, que Fénelon eut, sous ce rapport, un avantage qui manqua à Bossuet.

Nous hasarderons seulement une réflexion, sur le caractère et le génie particulier des hommes célèbres qui présidèrent à ces deux éducations. Seroit-il permis de penser, que l'austère vertu et l'inexorable rigidité du duc de Montausier, pouvoit intimider, ou, si l'on veut, devoit moins attirer un enfant, qui a toujours besoin d'être encouragé, que les vertus douces, égales et modestes du duc de Beauvilliers, aussi indulgent pour les autres, que sévère pour lui-même ; qui portoit dans toutes ses manières, comme dans toute sa conduite, l'expression tranquille et touchante du calme et de l'innocence de son âme; qui ne montra, qui n'éprouva jamais d'autre passion que celle de la vertu; qui se seroit même reproché l'amour de la gloire.

Puisque j'ai osé laisser entrevoir ma pensée, me sera-t-il permis de la montrer tout entière? Me pardonnera-t-on de croire, que le vaste génie de

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