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qu'il ne pleuve; car, quelque chaud, quelque « froid, ou quelque vent qu'il fasse, ils ont pres<«< que toujours la tête nue; et ils y sont déjà telle« ment accoutumés, qu'ils ne peuvent plus mettre « leur chapeau, et qu'ils n'en ressentent pas la « moindre incommodité... >>

¶ « ... Dans leurs promenades, qui arrivent régu<«lièrement tous les jours, été et hiver, quelque <«< temps qu'il fasse, ils marchent et courent tout << autant qu'ils veulent, soit à pied, soit à cheval, «<et se mettent assez souvent en sueur, sans qu'on « leur fasse jamais changer de chemise. Il n'y a que « le seul cas de la paume qui soit excepté, parce que « pour lors ils changent de chemise; mais on ne « les frotte ni on ne les couche.

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« Ils font, presque tous les jours, des courses à «< perdre haleine, chassent à pied, quelquefois des journées entières; ce qui arrive quand ils sont à <«< Fontainebleau ; ils y courent le serf, depuis qua« tre ans, pendant plusieurs heures. En un mot, «< on les élève comme s'ils devoient être un jour << des athlètes; et M. le duc de Beauvilliers est tel«<lement persuadé qu'un prince infirme n'est bon à << rien, surtout en France, où il faut qu'ils comman« dent leurs armées en personne, que tous les ac(( cidents que l'on peut envisager sur cela, ne l'ont détourner de son projet ; et jusques ici,

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jamais pu

«grâce à Dieu, il ne leur en est encore arrivé au

<«< cun; et ils sont au contraire d'une santé si par«< faite et d'un tempérament si robuste, qu'ils ne plaignent jamais de la moindre incommodité. « Il arrive quelquefois seulement qu'ils sont enrhu« més; mais ils n'en courent pas moins, à moins que « leurs rhumes ne soient très-considérables; et l'on << ne s'en embarrasse jamais. >>

103.

littéraire.

¶ Après quelques autres détails sur le règlement Leur éducation et l'emploi de leur journée, le Mémoire fait connoître la méthode employée pour leur éducation littéraire. << Ils apprennent le latin par l'usage, et non par « les règles de la grammaire, à l'exception des pre<«< miers commencements. La raison qui a fait pré«<férer cette conduite à l'autre, est qu'on veut leur « ôter tout ce qu'il y a de pénible et de fatigant « dans l'étude, afin de la leur rendre agréable; << et l'on y a si bien réussi, qu'ils vont à l'étude << avec presque autant de plaisir qu'à la promenade. « Il est vrai que les deux aînés ont naturellement «< du goût pour les belles-lettres, et savent déjà le << latin en perfection. Ils y écrivent très-facilement « et très-purement; font des fables et des dialogues qu'ils s'envoient l'un à l'autre, que non-seule<< ment ils mettent en bon latin, mais dont ils composent eux-mêmes les matières. Ils font des ex<«< traits françois des livres latins, et des extraits «< latins des livres françois. On ne veut point qu'ils « fassent de vers, ni latins ni françois, parce qu'il

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« est ridicule à un prince de vouloir passer pour <«< poëte; mais ils traduisent tous les poëtes, et par << la connoissance qu'on leur donne du bon latin, << on leur en fait sentir toutes les beautés. Ils ont « déjà traduit Virgile, Ovide et Horace tout en« tiers; et ils feront ainsi de tous les autres... »

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q«... On leur donne une grande horreur de la pédanterie; et l'archevêque de Cambrai, leur précepteur, est persuadé qu'il vaudroit mieux « qu'un prince fût tout à fait ignorant, en ce qui << regarde les belles-lettres ou les arts, que de les << savoir d'une manière pédante; parce qu'il est <«< ridicule à un prince, d'être caractérisé par aucune «< chose que ce puisse être, lorsqu'elle ne convient « pas essentiellement à son état ; n'y ayant que trois <«< choses, pour ainsi dire, qu'il lui soit permis de « savoir à fond, l'histoire, la politique, et com<«<mander ses armées ; c'est aussi ces trois choses-là, << que l'on tâchera de leur bien apprendre. Pour « tout le reste, on ne veut pas qu'ils y excellent, quand ils le pourroient faire. >>

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¶ « Ainsi on leur fait comprendre, que rien n'est plus ridicule à un prince, que de vouloir passer « pour poëte, pour grammairien, pour mathématicien, pour peintre, pour philosophe, pour musi

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cien, pour théologien, et même pour savant; « n'y ayant rien dans tout cela qui soit digne d'eux, « et qu'ils n'aient de commun avec une infinité de

« gens, et même de sottes gens. Mais on veut cependant que, sans se piquer de toutes ces sortes « de connoissances, ils en sachent plus qu'aucun « de leurs courtisans, et qu'ils en aient une assez <«< grande teinture, pour pouvoir parler de toutes «< ces choses avec ceux qui en parlent. Ainsi, sans « les jeter dans des discussions inutiles, qui font

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perdre un temps infini, si précieux pour les per«< sonnes de ce rang, on leur apprendra tout ce

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qu'il y a de beau, de curieux et d'utile à savoir << dans tous les arts et dans toutes les sciences.

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« On ne leur fait jamais rien apprendre par « cœur, à moins qu'ils ne le souhaitent, à cause que «< cela occupe un grand temps, et que la mémoire « de monseigneur le duc de Bourgogne est si prodigieuse, que, sans qu'il s'en mette en peine, il « lui est impossible de rien oublier de tout ce qu'on « lui a appris ; et l'on ne peut s'empêcher de dire « ici une chose qui est très-singulière : c'est que, « dans la tête de ce jeune prince, il y a une chronologie sûre pour toute sa maison. Dès que ses domestiques entre eux sont en dispute sur un point d'histoire, sur quelque morceau de la fable, << sur quelque tableau ou pièce de tapisserie qui <«< demande explication, ou enfin sur quelque autre «< chose que ce puisse être, dont il ait eu connois<«<sance, on s'adresse à lui pour le savoir; et il le sait

«

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toujours plus sûrement que ceux qui le lui ont « montré. »

104.

Leur éducation

religieuse.

105. Caractère

Son attachement

et sa

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La suite du Mémoire expose quelques particularités de l'éducation des princes, que nous avons indiquées précédemment; après quoi, l'auteur du Mémoire le termine par cette observation importante: « Je n'ai rien dit, dans tout ceci, de ce qui regarde l'éducation chrétienne qu'on leur donne, << parce qu'elle est répandue sur le tout; et l'on <«< songe bien plus à les rendre chrétiens, par les << sentiments vertueux qu'on leur inspire, et l'éloi<< gnement de tous ceux qui leur pourroient don<«< ner de mauvais exemples, que par des pratiques «< extérieures et pénibles, qui ne produisent ordinai«<rement d'autre effet, dans tous les enfants qui en <«< sont accablés, que de leur donner, pour tout le << reste de la vie, de l'éloignement, et quelquefois « même de l'horreur pour la piété ; et l'on peut « dire sans flatterie, parce que c'est une chose con<< nue dans toute l'Europe, que jamais princes n'ont « été élevés plus chrétiennement que ceux-ci. »

Pour ce qui regarde le duc d'Anjou, depuis Phidu duc d'Anjou lippe V, il est facile de reconnoître un élève de Fénelon dans les parties les plus estimables de son reconnoissance caractère. La nature lui avoit sans doute refusé pour Fénelon. cette imagination heureuse, cette conception prompte et pénétrante, cette ardeur démesurée pour tout apprendre et tout savoir, qui se montroient avec tant d'éclat dans le duc de Bourgogne. Mais elle lui avoit donné une âme honnête et vertueuse, une

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