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vus dans leurs ouvrages, ou dans les récits de l'histoire.

Cette espèce de phénomène paroîtra cependant moins étonnant, si l'on se rappelle ce que nous avons déjà dit au sujet de tous les auteurs anciens, que le duc de Bourgogne étoit parvenu à entendre, à expliquer, et à traduire dès l'âge de dix ans.

Et quelle idée doit-on se former des instituteurs qui avoient réussi à placer dans l'esprit d'un enfant de quatorze ans, tout ce que la religion, considérée sous le double rapport de sa doctrine et de son histoire, peut renfermer de plus instructif et de plus merveilleux; tout ce que la mythologie, qui a donné naissance aux chefs-d'œuvre de la littérature et des arts, peut offrir de plus enchanteur; tout ce que le magnifique spectacle de l'histoire ancienne et moderne peut présenter de grandes leçons politiques et morales?

On doit ajouter, qu'on lui avoit donné une connoissance assez exacte de quelques autres sciences, pour lui laisser la faculté de les approfondir, si son attrait lui en inspiroit le désir, ou si les circonstances lui en faisoient sentir l'utilité. L'abbé Fleury, dont nous aimons toujours à réclamer le témoignage, parce que jamais ni l'intérêt, ni la flatterie n'ont altéré la vérité dans sa bouche ni dans ses écrits, ne faisoit pas difficulté de dire, « qu'il « eût été difficile de trouver dans le royaume, non

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100.

Education du duc d'Anjou et du duc de Berry.

<«< pas un gentilhomme, mais quelque homme que « ce fût, de l'âge du duc de Bourgogne, qui fût plus instruit que lui (1). »

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Ce prince eut même, dès sa première jeunesse, un talent qu'ont très-rarement les jeunes gens les mieux élevés et les plus instruits, parce qu'il semble exiger une grande habitude et un grand usage du monde. Il n'avoit dix-huit ans, que et ses lettres étoient déjà citées, pour le naturel et le bon goût qui s'y faisoient remarquer. C'est le témoignage que lui rend madame de Maintenon (2), la femme de son siècle qui écrivoit avec le plus de goût, comme madame de Sévigné écrivoit avec le plus de grâce.

Nous nous sommes attachés à retracer, avec une attention particulière, le tableau de l'éducation du duc de Bourgogne; elle fut le chef-d'œuvre de la vertu et du génie; sa mémoire est encore chère à tous ceux qui ramènent leurs pensées sur ces temps déjà si loin de nous. Fénelon avoit placé sur ce jeune prince tous les vœux et toutes les espérances de la patrie.

(1) Opusc. de Fleury, t. III, p. 150.

(2) « M. le duc de Bourgogne écrit avec goût; le roi d'Espagne, de fort bon sens; M. le duc de Berry, fort « mal.... Il est ici grand bruit des belles, bonnes et ten« dres lettres de M. le duc de Bourgogne.» Lettre de madame de Maintenon au duc de Noailles, 11 et 19 décembre 1700. (Recueil de La Beaumelle, t. III, p. 4 et 6.)

Mais ce seroit bien méconnoître le caractère et les vertus de Fénelon, que de supposer qu'il n'ait pas apporté des soins aussi assidus à l'éducation des deux jeunes princes, frères du duc de Bourgogne, et confiés successivement aux mêmes instituteurs (1). On doit seulement observer, que Fénelon fut éloigné de la cour assez peu de temps après que le duc de Berry fut confié à ses soins; ce court intervalle fut même rempli par de fréquents voyages à Cambrai.

1 A l'époque où le duc d'Anjou fut mis sous la direction des instituteurs du duc de Bourgogne, le marquis de Louville fut placé auprès du plus jeune de ces princes, en qualité de gentilhomme de la manche (2). Il étoit digne de cet emploi, par la solidité de ses principes, jointe à des manières pleines de franchise et de gaieté. Aussi conserva-t-il toute sa vie l'estime et l'affection du jeune prince; et le testament de Charles II, roi d'Espagne, ayant appelé, en 1700, le petit-fils de Louis XIV à la couronne d'Espagne, Louville fut chargé de l'accompagner à Madrid, comme chef de la maison françoise (3).

(1) Voyez au n. VI des Pièces justific. de ce livre, les Brevets qui confient à Fénelon l'éducation du duc d'Anjou, et celle du duc de Berry. Le premier de ces brevets est daté du 25 août 1690, et le second, du 24 août 1693. (ÉDIT.)

(2) Voyez ci-dessus, la note 2 de la p. 163. Voyez aussi une courte Notice sur le marquis de Louville, dans le t. XI de la Corresp. de Fénelon, p. 334.

(3) Voyez plus bas, liv. VII, n. 11. (t. IV.)

101.

Mémoire

du marquis

de Louville,

sur l'éducation

des princes.

1 Il y avoit déjà quelques années que le marquis de Louville partageoit, auprès du duc d'Anjou, les fonctions de ses vertueux instituteurs, lorsque plusieurs personnes de confiance lui témoignèrent le désir de connoître en détail le plan suivi dans l'éducation des jeunes princes. Ce fut pour répondre à ce désir, qu'il rédigea le Mémoire publié en 1827 dans la Correspondance de Fénelon, d'après le manuscrit autographe du marquis lui-même (1). Ce manuscrit ne porte aucune date; mais on voit, par le contenu, qu'à l'époque où il fut rédigé, l'éducation du duc de Bourgogne et celle du duc d'Anjou étoient déjà fort avancées; que l'archevêque de Cambrai étoit encore auprès d'eux; qu'ils savoient déjà en perfection le latin, l'histoire ancienne et moderne ; qu'ils écrivoient très-facilement et très-purement, soit en latin, soit en cois; enfin, qu'ils commençoient à étudier la jurisprudence. Ce concours de circonstances indique assez clairement l'année 1696, comme on peut s'en convaincre en comparant le Mémoire du marquis de Louville, avec le plan d'études dressé par Fénelon pour l'année 1696, et que nous avons rapporté plus haut. La longueur de ce Mémoire ne nous permet pas de le rapporter ici en entier. Nous remarquerons seulement qu'il entre dans un

(1) Corresp. de Fénelon, t. II, p. 358.

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grand détail sur l'éducation physique, morale, religieuse et littéraire des princes. On y trouve la confirmation de tout ce que nous avons déjà rapporté, sur les soins assidus et les succès étonnants de Fénelon auprès du duc de Bourgogne. On y remarque de plus quelques détails importants, que nous croyons devoir faire connoître, pour compléter ceux que nous avons déjà donnés sur l'éducation des jeunes princes.

« La manière dont on élève les enfants de « France, par rapport à leur santé, dit le marquis << de Louville, n'est pas approuvée des médecins; <«< il a fallu que M. le duc de Beauvilliers ait beau«-coup pris sur lui, et que le Roi ait autant de con«< fiance en lui qu'il en a, pour lui avoir permis <«< d'en user comme il a fait à cet égard.

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¶ Ici, le Mémoire entre dans un grand détail sur la frugalité remarquable et sur l'extrême simplicité du régime ordinaire des jeunes princes; il parle ensuite des exercices corporels qu'on emploie pour leur fortifier le tempérament.

¶ « Pour les exercices qu'on leur fait faire, ils « sont tels, qu'aucun bourgeois de Paris ne voudroit « hasarder un pareil régime sur ses enfants; et il << faut avouer qu'à moins qu'ils ne soient aussi sains « que ceux-ci le sont, il ne seroit pas sûr de le ha<< sarder. Jamais ils ne se couvrent lorsqu'ils sont dehors, à moins qu'ils ne soient à cheval, ou

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