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7.

Fénelon entre au séminaire

S.-Sulpice.

et de l'honneur. La Providence ménageoit au marquis de Fénelon la plus douce des consolations, en substituant, au fils qu'il avoit perdu, un neveu qui devint, avec sa fille, l'objet de ses soins et de ses plus tendres affections.

Il n'avoit pas vu, sans un mélange d'inquiétude et de satisfaction, l'espèce d'enthousiasme avec lequel on admiroit déjà les talents naissants de son jeune neveu. Dans la crainte qu'on ne corrompît un si heureux naturel, par des éloges exagérés ou prématurés, il se hâta de le soustraire aux premiers prestiges d'un monde trompeur, || en le plaçant dans un pieux asile où il pût entretenir et consolider les vertueuses inclinations qui le portoient à l'état ecclésiastique. Le choix de cet asile étoit naturellement indiqué au marquis de Fénelon, par la réputation dont jouissoit alors le séminaire de Saint-Sulpice, et par l'estime particulière dont la famille de Fénelon étoit pénétrée pour cette mai

n° xiv. - Dictionn. de la Noblesse, t. X; art. Montmorency, p. 422 et 424.)

Pour ce qui regarde le cardinal de Montmorency, mort en 1808, il étoit réellement petit-fils du marquis de LavalMontmorency, marié à la cousine germaine de Fénelon, Son nom est omis à son rang dans le Dict. de Moreri (art. Laval, p. 183, no xш); mais il est marqué dans le Dict. de la Noblesse. (Ibid. p. 422.) On trouve, dans les Mélanges de Philosophie, rédigés par M. Picot, une courte Notice sur le cardinal de Montmorency. (T. IV, p. 574, etc.) (ÉDIT.)

son, où plusieurs de ses membres avoient déjà été formés à l'esprit et aux vertus ecclésiastiques (1). C'est ce qui faisoit dire longtemps après à Fénelon : « Saint-Sulpice, où j'ai été nourri, est une « maison que ma famille a toujours chérie et révérée, longtemps avant que je fusseau monde (2). » || Le marquis de Fénelon fit donc entrer son neveu au séminaire de Saint-Sulpice, pour y prendre le véritable esprit de son état, sous la direction de M. Tronson, l'un des plus chers et des plus fidèles disciples de M. Olier (3).

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(1) Voyez, au n° Ier des Pièces justific. de ce livre, la Notice généalog, sur la famille de Fénelon, § 2, 6 et 7.

(2) Lettre de Fénelon à l'abbé de Beaumont, du 22 mars 1706. (Corresp. t. V, p. 226.)

(3) Nous avons cherché avec intérêt le nom de Fénelon, depuis archevêque de Cambrai, dans un ancien Catalogue d'entrée des Messieurs du séminaire de Saint-Sulpice, de 1641 à 1722; et nous avons été surpris de n'y pas trouver un nom devenu si célèbre. Nous ignorons la cause de cette omission, qui n'est pas la seule dans le Catalogue dont nous parlons. Le cardinal de Bausset, dans la troisième édition de son Histoire (page 37, note 1), suppose que Fénelon, depuis archevêque de Cambrai, est désigné, dans ce Catalogue, sous le nom de François de Fénelon, entré au séminaire au mois d'octobre 1665. Mais il y a tout lieu de croire que l'illustre auteur a confondu l'abbé de Fénelon, depuis archevêque de Cambrai, avec celui de ses frères qui s'attacha à la compagnie de Saint-Sulpice, et qui fut envoyé en 1667 au séminaire de Montréal en Canada. Voyez, au no 1er des Pièces justific. de

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8.

État de l'Église de France

à cette époque.

Ce fut dans les lumières, les exemples, et dans la piété tendre et affectueuse de ce sage directeur, que le jeune abbé de Fénelon puisa le goût de ces vertus vraiment sacerdotales, dont il offrit ensuite le modèle le plus accompli dans les divers emplois dont il fut chargé, et dans les fonctions importantes qu'il eut à remplir.

Fénelon a été un des principaux ornements de l'Église gallicane; on ne peut regarder comme étranger à son histoire le tableau de l'état où elle se trouvoit au moment où il entra dans une carrière qu'il devoit parcourir avec tant de gloire.

Lorsqu'après cinquante ans de guerres civiles, le cardinal de Richelieu eut rendu à l'autorité royale toute son énergie, il voulut asseoir les fondements d'un gouvernement durable, sur ces principes religieux qui sont les plus fermes garants de l'ordre et de la tranquillité d'un grand empire. Cet homme, qui avoit l'instinct de la politique, comme d'autres ont cru en avoir la science; cet homme, qui n'avoit pas une pensée, un sentiment, une volonté, qui n'eût pour objet l'affermissement de l'autorité et le maintien de l'ordre, savoit que l'esprit de la religion est essentiellement un esprit conservateur,

ce livre, la Notice généal. sur la famille de Fénelon, § 2 et 7. – Voyez aussi la Corresp. de Fénelon, t, II, p. 287, note 1. (ÉDIT.)

parce qu'elle commande toujours le respect des lois et la soumission à l'autorité publique.

Il s'attacha, dans le choix des évêques, à rechercher la science unie à la régularité des mœurs et à l'amour de la discipline. Sous son ministère, tout prit un caractère de décence, d'ordre et de dignité. C'est de cette époque que date la véritable gloire de l'Église gallicane, celle d'avoir formé le clergé le plus régulier, le plus éclairé, le plus ami de l'ordre et de la paix, le plus fidèle à ses principes religieux et à ses devoirs politiques.

Tant que le cardinal de Richelieu vécut, rien ne troubla la paix de l'Église de France. Il maintint avec une égale fermeté la pureté de la doctrine, les règles de la discipline, les droits de la juridiction ecclésiastique, et les maximes du royaume. Aussitôt que quelque corps ou quelque particulier hasardoit des opinions nouvelles ou dangereuses, il savoit les arrêter dans leur principe, ou les réprimer avec vigueur.

Richelieu n'aimoit pas plus les idées singulières en religion qu'en politique; et il fit enfermer à Vincennes le fameux abbé de Saint-Cyran, qui lui parut bien plus dangereux qu'édifiant. Il se contenta de répondre, à ceux qui sollicitoient sa liberté, que si on se fût assuré à temps de Luther et de Calvin, on n'eût pas vu des torrents de sang inonder la France et l'Allemagne pendant cinquante ans.

Il est vraisemblable qu'on n'eût jamais entendu parler en France des querelles du jansénisme, si le cardinal de Richelieu eût vécu quelques années de plus. Le livre de Jansénius étoit imprimé deux ans avant la mort de ce ministre, sans que personne, à l'exception des amis intimes de l'auteur, soupçonnât seulement qu'il existoit.

Mais à peine le cardinal de Richelieu eut-il les yeux fermés, que la controverse s'engagea. Un nouveau règne, une minorité toujours plus favorable aux esprits inquiets, une régente qui cherchoit à faire aimer son autorité naissante, un ministre encore assez indifférent à des discussions de cette nature, laissèrent la dangereuse liberté d'agiter des questions qui ont produit une longue suite de troubles et de divisions.

Ce fut surtout entre la société des Jésuites et l'école de Port-Royal que s'établit cette lutte opiniâtre, qui a été si fatale à l'une et à l'autre, et qui, peut-être, n'a pas été sans quelque influence sur des événements plus récents.

Fénelon fut ami des Jésuites, sans leur être as servi, et opposé à Port-Royal, sans en être l'ennemi. Ces deux écoles occupoient l'attention publique, à l'époque où Fénelon entra dans le monde; ni l'une ni l'autre n'existent plus aujourd'hui; et on peut parler de l'influence qu'elles eurent sur les affaires de l'Église de France, pendant un siècle entier,

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