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l'associer à une éducation dirigée par Fénelon. L'abbé Fleury fut nommé sous-précepteur: on est dispensé de faire l'éloge d'un pareil choix (1). Tous ses ouvrages portent l'empreinte de son âme et du caractère de son esprit. Ses vertus lui méritèrent la vénération de ses contemporains; et son nom est encore prononcé avec respect, dans un siècle si différent de celui où il a vécu. La vérité, l'exactitude, la profondeur et l'étendue des recherches, le jugement le plus sain et le plus sûr, une foi vive et sincère I, forment en général le caractère dominant de ses écrits. Personne n'a mieux su faire connoître et aimer la religion. Son admiration pour les premiers siècles de l'Église annonce qu'il en avoit les vertus et les mœurs. Mais cette admiration même a pu contribuer à le rendre trop sévère, et quelquefois injuste, dans l'histoire des siècles qui ont suivi ces temps de ferveur et de perfection (2). On conçoit à peine comment toutes les occupations qui ont rempli la vie de l'abbé Fleury, ont pu lui laisser la

(1) Voyez au n. VI des Pièces justificatives de ce livre, les Provisions de l'abbé Fleury.

(2) On peut voir, à l'appui de ces réflexions, l'Ami de la Religion, t. XVII, p. 301, etc.; t. XXII, p. 241, 353, etc. Nouveaux Opuscules de Fleury (publiés par M. l'abbé Émery); 2o édit. Préface, p. 30, 43, etc.—Catéchisme hist, de Fleury, Avertissement de l'édition de Louvain. (Cette édition a été reproduite à Lyon, 1822, in-12.) (ÉDIT.)

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70. Autres officiers

attachés

au jeune prince.

liberté de se livrer aux travaux immenses que supposent le genre et le nombre de ses ouvrages.

Il connoissoit par expérience la manière d'élever et de bien élever les princes. Avant d'être appelé à l'éducation du duc de Bourgogne, il avoit été chargé de celle des princes de Conti et du comte de Vermandois. La mort du comte de Vermandois en 1683, avoit rendu l'abbé Fleury à la liberté et à l'étude; mais son premier besoin étoit d'être utile à l'Église. Lorsqu'en 1685, l'abbé de Fénelon fut chargé des missions du Poitou, il appela l'abbé Fleury; et l'abbé Fleury accourut à sa voix. Plus Fénelon le connut, plus il apprit à l'aimer et à l'estimer; et il regarda comme un bonheur pour lui, et un avantage inappréciable pour le duc de Bourgogne, le concours d'un tel coopérateur à une telle éducation.

L'abbé de Beaumont, fils d'une sœur de Fénelon, fut associé plus tard à l'abbé Fleury, en qualité de sous-précepteur(1). Il fit voir, par son zèle et son application, qu'il n'avoit point été appelé par la voix

(1) Le cardinal de Bausset supposoit ici, que l'abbé de Beaumont fut associé, dès le principe, à l'abbé Fleury, en qualité de sous-précepteur. Il paroît que c'est une erreur. Les Registres du secrétariat de la maison du Roi, qui contiennent les provisions accordées, en 1689, aux instituteurs du duc de Bourgogne, ne font aucune mention de l'abbé de Beaumont. Ils n'en parlent pas davantage, en 1690, à l'oc

de la chair et du sang. Il fut, pendant plusieurs années, sous-précepteur des petits-fils de Louis XIV, sans recevoir, sans demander la plus foible grâce. Enveloppé dans la proscription de Fénelon, il eut la gloire de partager ses malheurs, son exil et ses travaux; et il eut le bonheur, dans cette nouvelle situation, de n'avoir rien à désirer, ni à regretter (1).

Le duc de Beauvilliers avoit également choisi, pour faire les fonctions de sous-gouverneur, en qualité de gentilshommes de la manche (2), deux hommes aussi distingués par leurs principes reli

casion des provisions accordées aux instituteurs du duc d'Anjou. Ce n'est qu'en 1693, qu'on trouve, dans ces Registres, les provisions de l'abbé de Beaumont, qui fut alors seulement nommé sous-précepteur des ducs de Bourgogne, d'Anjou et de Berry. (Voyez au n. VI des Pièces justificatives de ce livre, l'Extrait des Registres du secrétariat de la maison du Roi.) (Édit.)

(1) Ce ne fut qu'après la mort de Fénelon, et au commencement du règne suivant, que l'abbé de Beaumont reçut la récompense de ses services; il fut nommé à l'évêché de Saintes en 1716. C'est à lui que nous devons, en grande partie, la conservation des manuscrits de Fénelon. (Voyez une courte Notice sur ce prélat, daus le t. XI de la Corresp. de Fénelon, p. 285.)

(2) On appeloit alors gentilshommes de la manche, ceux qui, à raison du service assidu qu'ils devoient à un prince, étoient habituellement à ses côtés, et comme à sa manche. (ÉDIT.)

71.

Étroite union

entre tous

ses instituteurs.

gieux que par toutes les qualités propres à former un honnête homme et un grand prince, MM. de Léchelle et Dupuy. Un seul trait suffit à leur éloge. Leur attachement à Fénelon leur coûta leurs places et leur fortune; et ils ne lui en restèrent que plus attachés.

ans;

Tous ceux qni composoient l'éducation du duc de Bourgogne, entrèrent en fonctions au mois de septembre 1689. Fénelon n'avoit alors que trentehuit et le duc de Beauvilliers, quarante-un (1). Jamais il n'y a eu, il n'y aura peut-être jamais d'exemple d'une union semblable à celle qui régnoit entre tous les instituteurs du duc de Bourgogne. Ils n'avoient qu'un cœur, un esprit et une âme; cette âme étoit celle de Fénelon (2). Tel

(1) On trouve un état beaucoup plus complet de la maison du duc de Bourgogne, dans l'ouvrage intitulé: État de la France, contenant tous les princes, ducs et pairs, etc. (édit. de 1695, t. I, 2o part. p. 720, etc.) Cet ouvrage, publié pour la première fois en 1652, n'étoit d'abord qu'un petit livret; mais il fut complété successivement par divers auteurs, et particulièrement par l'abbé Trabouillet, chanoine de Meaux, qui en donna près de vingt éditions différentes. Parmi ces éditions, on doit surtout remarquer celle de 1699, 3 v. in-12. Il en a paru depuis d'autres éditions, en 1722 et 1727, 5 vol. in-12, publiées par deux religieux Augustins, les PP. Ange et Simplicien. Voyez le Dict. des anon. de Barbier (t. Ier, n° 5958), et la France litter. de Quérard, t. IX, art. Simplicien et Trabouillet.) (ÉDIT.)

(2) Mémoires de Saint-Simon, ch. 302; t. XVII, p. 180,

étoit le charme extraordinaire de Fénelon, et l'ascendant irrésistible qu'il obtenoit sur tous ceux qui l'approchoient, qui ni la différence de l'âge, ni la prééminence du rang et des dignités, ni même la supériorité des talents ou des connoissances, dans les parties qui lui étoient étrangères, ne dispensoient ses amis de devenir ses disciples, et de l'interroger comme un oracle investi du droit de disposer de toutes leurs pensées et de toutes leurs affections. C'est l'idée qu'en donnent tous ses contemporains; et leur témoignage est d'autant moins suspect, qu'il nous a été transmis par des personnes que la différence des opinions, ou une certaine malignité d'esprit, devoit naturellement porter à juger Fénelon avec sévérité.

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72. Portrait de

Fénelon, par

le chancelier

« d'Aguesseau (1), étoit un de ces hommes rares, « destinés à faire époque dans leur siècle, et qui d'Aguesseau « honorent autant l'humanité par leurs vertus,

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qu'ils font honneur aux lettres par des talents supérieurs; facile, brillant, dont le caractère

édit. in-12. Ce passage des Mém. de Saint-Simon est cité textuellement dans le IVe liv. de cette Hist. n. 98, t. III. (ÉDIT.)

(1) Mémoires historiques sur les affaires de l'Église de France, depuis 1697 jusqu'en 1710. (OEuvres du chancelier d'Aguesseau ; éd. in-4o, t. XIII, p. 167, etc.) Voyez au n. VII des Pièces justificatives de ce livre, une note importante sur ce passage. (ÉDIT.)

et par le duc de Saint-Simon.

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