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DE FENELON.

LIVRE PREMIER.

DEPUIS LA NAISSANCE DE FÉNELON JUSQU'A LA CONTROVERSE DU QUIÉTISME.
ÉDUCATION DU DUC DE BOURGOGNE.

Fénelon est déjà si connu, sa réputation est si universellement établie, qu'il paroît d'abord inutile et peut-être impossible de le faire encore mieux connoître. Sa mémoire est aussi chère aux nations étrangères qu'à la France elle-même. Ses ouvrages les plus recommandables ont été traduits dans toutes les langues; ils sont du petit nombre de ceux qu'un consentement unanime a jugés dignes de fixer les premiers regards des générations naissantes, d'éclairer la raison dans l'âge de la maturité, et de répandre encore du charme et de l'intérêt sur les dernières années de la vie.

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PRÉAMBULE.

Il a été donné à quelques hommes de génie, d'imprimer à leurs ouvrages un caractère de force et de grandeur, qui subjugue l'esprit et commande l'admiration; mais Fénelon seul a eu le singulier bonheur de trouver des amis dans tous ses lecteurs. En lisant ses écrits et surtout ses lettres, on croit entendre Fénelon, on croit vivre avec lui; il révèle, sans le vouloir, le secret de toutes ses vertus. On admire la supériorité de son génie; mais on est encore plus touché du charme de son caractère.

Des auteurs estimables ont déjà écrit la vie de Fénelon. Le chevalier de Ramsay, qui avoit eu le bonheur de passer plusieurs années dans sa familiarité, en a publié une histoire abrégée, peu de temps après sa mort, en 1723; mais il n'entroit pas dans son plan, de faire usage des nombreux matériaux qu'il auroit pu réunir.

Le marquis de Fénelon, son petit-neveu, fit imprimer, en 1734, un court Précis qui offre des détails curieux.

Un ecclésiastique recommandable par ses vertus, par ses écrits, et par son amour pour la religion, publia, en 1787, une vie très-étendue de Fénelon, qui fut placée à la tête de la nouvelle édition de ses OEuvres (1). Il y fit entrer des pièces qui n'a

(1) Cette édition, de format in-4°, fut commencée vers 1780 par l'abbé Gallard, grand-vicaire de Seulis, et continuée par le P. de Querbeuf, ancien Jésuite.

voient point encore vu le jour. Mais de justes et sages considérations ne lui permirent pas de faire connoître tous les manuscrits intéressants qu'on avoit rassemblés pour cette grande entreprise (1).

Ces considérations n'existent plus aujourd'hui. Des circonstances singulières ont mis ces mêmes manuscrits à notre disposition; et nous croyons qu'ils peuvent encore assurer à la mémoire de Fénelon de nouveaux droits à la vénération et à la reconnoissance publique.

La gloire de Fénelon appartient à la religion, à la France, à l'Europe entière, et surtout à l'Église gallicane j'ai pensé que l'étude de sa vie et de ses écrits pouvoit occuper utilement la retraite d'un évêque, que de longues et douloureuses infirmités ont privé de la faculté de remplir les fonctions les plus importantes de son ministère.

François de Salignac de la Mothe-Fénelon, archevêque de Cambrai, naquit au château de Fénelon, en Périgord, le 6 août 1651. Sa maison étoit

1.

Naissance de

Fénelon 1651.

Rapports

de sa famille

de Paul.

La Fie de Fénelon, publiée en 1787, a pour auteur le P. de avec S. Vincent
Querbeuf. Voyez, au sujet de cette édition des OEuvres de
Fénelon, son Hist. litt. p. 177. (NOTE DE L'
L'ÉDITEUR.)

(1) On doit ajouter qu'on ne lui laissa pas même le temps de les employer. On désira que sa Vie de Fénelon parût avant l'ouverture d'une assemblée du clergé, qui avoit été d'abord annoncée pour le mois d'août 1787.

(Note de l'auteur.)

aussi distinguée par son ancienneté que par son illustration (1).

Pons de Salignac, comte de la Mothe-Fénelon, père de l'archevêque de Cambrai, avoit épousé en premières noces Isabelle d'Esparbès de Lussan, fille du maréchal d'Aubeterre; il en avoit des enfants qui étoient déjà au service, lorsqu'il se remaria avec Louise de la Cropte de Saint-Abre, d'une ancienne maison du Périgord. Le marquis de Saint-Abre, son frère, alloit être élevé aux premiers honneurs de la guerre, lorsqu'il fut tué, le 16 juin 1674, au combat de Sintzheim, où il commandoit en qualité de lieutenant général, sous les ordres du vicomte de Turenne.

à

Ce mariage, qui réunissoit toutes les convenances de goût, de naissance et d'opinion, parut affliger les enfants du premier lit, parce qu'ils n'y trou voient pas au même degré les avantages de la fortune; mais une décision respectable ne tarda pas calmer, sur ce point, les inquiétudes de la famille, ou du moins de ceux d'entre ses membres qui curent connoissance de cette décision. Plusieurs d'entre eux, et particulièrement le marquis Antoine de Fé

(1) Voyez, parmi les Pièces justificatives du livre premier (n°1er), la Notice généal. et histor, sur la famille de Fénelon. Nous remarquerons seulement ici, en passant, que, d'après la tradition de la famille, on doit écrire et prononcer Fénelon, et non Fénélon. (ÉDIT.)

nelon, oncle de l'archevêque de Cambrai, entretenoient avec saint Vincent de Paul des relations habituelles, fondées sur les sentiments de vénération qu'inspiroit alors à toute la France la réputation de sagesse et de vertu dont jouissoit le saint fondateur de la Mission. Consulté sur ce projet de mariage qui trouvoit de si grandes oppositions, saint Vincent de Paul se prononça formellement pour l'exécution du projet ; « et, pour empêcher la famille « de s'y opposer, il prédit qu'il naîtroit de ce ma

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riage un fils qui seroit la gloire de son nom. » Ce sont les propres expressions d'un historien de saint Vincent de Paul, d'après les lettres mêmes de ce saint prêtre, qu'il avoit sous les yeux, et dont il donne l'analyse en cet endroit de son histoire (1). Il est sans doute à regretter, que cet auteur n'ait pas cité les propres expressions de saint Vincent de Paul, sur un objet si important; et nous n'oserions décider, d'après un si court exposé, s'il parle d'une

(1) Ce fait important, qui paroît avoir échappé aux recherches du cardinal de Bausset, est rapporté par Collet, dans la Vie de saint Vincent de Paul, t. II, p. 18. C'est d'après lui, que plusieurs écrivains plus récents ont rapporté le même fait. Voyez en particulier, l'Esprit de saint Vincent de Paul (par dom Joseph Ansart, Bénédictin); Paris, 1780, in-12; chap. 27. Vie de saint Vincent de Paul (par Bégard); Paris, 1787, in-12; t. II, liv. VI, p. 161.

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Au reste, la prédiction dont nous parlons ici, d'après Collet, n'est pas la seule qu'il attribue au saint fondateur de la Mission. (Vie de saint Vincent de Paul, t. II; p. 515, etc. (Édit.)

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