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des souvenirs lascifs et injustes; nous faisons sans cesse revivre nos jours passés en ce qu'ils ont eu de criminel: il semble que la vie est trop courte pour offenser Dieu; nous revivons sans cesse par des images qui renouvellent nos iniquités passées, c'est-à-dire, nous vivons doublement pour le crime, n'ayant jamais vécu un instant pour la vertu. Ainsi le passé nous souille ou nous séduit, loin de nous détromper et de nous instruire; nous n'y voyons que les révolutions humaines, nous ne remontons pas plus haut, et nous vivons comme si le hasard conduisoit l'univers, et qu'il n'y eût point d'autre raison de ce qui arrive que l'événement lui-même.

MYSTÈRES.

Rien n'est constant ni durable sur la terre; ni les fortunes les plus florissantes, ni les amitiés les plus vives, ni les réputations les plus brillantes, ni les faveurs les plus enviées. On y voit une sagesse souveraine qui se plaît, ce semble, à se jouer des hommes en les élevant les uns sur les ruines des autres; en dégradant ceux qui étoient au haut de la roue, pour y faire monter ceux qui rampoient il n'y a qu'un moment; en produisant tous les jours de nouveaux héros sur le théâtre, et faisant éclipser ceux qui auparavant y jouoient un rôle si brillant; en donnant sans cesse de nouvelles scènes à l'univers. On voit les hommes passer toute leur vie dans des agitations, des projets et des mesures, toujours attentifs ou à se sur

prendre, ou à éviter d'être surpris; toujours empressés et habiles à profiter de la retraite, de la disgrâce où de la mort de leurs concurrents, et à se faire de ces grandes leçons de mépris du monde de nouveaux motifs d'ambition et de cupidité : toujours occupés, ou de leurs craintes, ou de leurs espérances; toujours inquiets, ou sur le présent, ou sur l'avenir; jamais tranquilles, travaillant tous pour le repos, et s'en éloignant toujours plus. AVENT.

Le monde devint un théâtre d'horreur où les rois et les nations conjurées les unes contre les autres ne sembloient conspirer, en se détruisant tour à tour, qu'à purger l'univers de cette race impie et idolâtre qui couvroit alors toute la face de la terre. C'étoit un nouveau déluge de sang dont votre justice se servoit pour la punir et la purifier encore. Leurs villes, si célèbres autrefois par leur magnificence, par leur force, et encore plus par leurs crimes et leurs dissolutions, ne furent plus que des monceaux de ruines. Ces asiles fameux de l'idolâtrie et de la volupté furent renversés de fond en comble. Ces · statues si renommées qui les embellissoient, que l'antiquité avoit tant vantées, la foiblesse de leurs dieux ne put les mettre à couvert; et elles furent ensevelies dans les débris de leurs villes et de leurs temples. Il ne reste donc plus rien de tous ces superbes monuments de l'impiété.

Que sont devenus ces Césars qui faisoient mou

voir l'univers à leur gré? ces protecteurs d'un culte profane et insensé; ces oppresseurs barbares de vos saints et de votre église? A peine en restet-il quelque souvenir sur la terre : leur nom même ne s'est conservé jusqu'à nous qu'à la faveur du nom des martyrs qu'ils ont immolés, et que les fêtes de votre Église feront passer d'âge en âge jusqu'à l'avènement de votre Fils. La gloire et la puissance de ces tyrans s'est évanouie avec le bruit que leur ambition, leur cruauté, leurs entreprises insensées avoient fait sur la terre. Semblables au tonnerre qui se forme sur nos têtes, il n'est resté de l'éclat et du bruit passager qu'ils ont fait dans le monde que l'infection et la puanteur. C'est le destin des choses humaines, de n'avoir qu'une durée courte et rapide, et de tomber aussitôt dans l'éternel oubli d'où elles étoient sorties. Mais votre Eglise, grand Dieu! mais ce chefd'œuvre admirable de votre sagesse et de votre miséricorde envers les hommes; mais votre empire, maître souverain des cœurs, n'aura point d'autres bornes que celles de l'éternité. Tout nous échappe, tout disparoit, la figure du monde change sans cesse autour de nous. C'est une scène sur laquelle, à chaque instant, paroissent de nouveaux personnages qui se remplacent; et de tous ces rôles pompeux qu'ils ont joués pendant le moment qu'on les a vus sur le théâtre, il ne leur reste à la fin que le regret de voir finir la représentation, et de ne se trouver réellement que ce qu'ils sont dePARAPHR.

vant vous.

E

DEVOIRS DES ROIS.

Le trône où vous êtes assis a autour de lui encore plus de remparts qui le défendent contre la volupté, que d'attraits qui l'y engagent. Si tout dresse des piéges à la jeunesse des rois, tout leur tend les mains aussi pour leur aider à les éviter. Donnez-vous à vos peuples à qui vous vous devez; le poison de la volupté ne trouvera guère de moment pour infecter votre cœur; elle n'habite et ne se plaît qu'avec l'oisiveté et l'indolence que les soins de la royauté en deviennent pour vous les plus chers plaisirs. Ce n'est pas régner de ne vivre que pour soi-même; les rois ne sont que les conducteurs des peuples : ils ont, à la vérité, ce nom et ce droit par la naissance; mais ils ne le méritent que par les soins et l'application. Aussi les règnes oisifs forment un vuide obscur dans nos annales elles n'ont pas daigné, même compter les années de la vie des rois fainéants; il semble que, n'ayant pas régné eux-mêmes, ils n'ont pas vécu. C'est un chaos qu'on a de la peine à éclaircir encore aujourd'hui; loin de décorer nos histoires, ils ne font que les obscurcir et les embarrasser ; et ils sont plus connus par les grands hommes qui ont vécu sous leur règne que par eux-mêmes.

Ce n'est pas le souverain, c'est la loi qui doit régner sur les peuples. Vous n'en êtes que le

ministre et le premier dépositaire. C'est elle qui doit régler l'usage de l'autorité; et c'est par elle que l'autorité n'est plus un joug pour les sujets, mais une règle qui les conduit, un secours qui les protége, une vigilance paternelle qui ne s'assure leur soumission que parce qu'elle s'assure leur tendresse. Les hommes croient être libres quand ils ne sont gouvernés que par les lois : leur soumission fait alors tout leur bonheur, parce qu'elle fait toute leur tranquillité et toute leur confiance: les passions, les volontés injustes, les désirs excessifs et ambitieux que les princes mêlent à l'usage de l'autorité, loin de l'étendre, l'affoiblissent: ils deviennent moins puissants dès qu'ils veulent l'être plus que les lois; ils perdent en croyant gagner. Tout ce qui rend l'autorité injuste et odieuse l'énerve et la diminue: la source de leur puissance est dans le cœur de leurs sujets; et quelque absolus qu'ils paroissent, on peut dire qu'ils perdent leur véritable pouvoir dès qu'ils perdent l'amour de ceux qui les servent.

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SOINS DE LA ROYAUTE.

REPRÉSENTEZ-VOus le détail immense des soins de la royauté, un prince qui veut suffire à tous, et à qui tous peuvent à peine suffire : abolissant les abus, rétablissant la décence et l'autorité des lois, tirant les dignités publiques de l'avilissement où

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