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hommages le monde envie plus notre opulence qu'il ne l'honore faisons-en un saint usage, il n'enviera plus nos richesses, et il respectera notre charité. C'est connoître peu la sainteté de notre ministère, de se persuader qu'il y ait quelque autre chose que la vertu qui puisse le rendre respectable; mais c'est encore moins connoître le monde, de croire lui inspirer du respect pour la religion par les mêmes abus qui rendent ses ministres méprisables. Un Augustin vêtu simplement, ne se nourrissant que de simples légumes, et n'accordant qu'à l'hospitalité, dit Possidius, une nourriture plus délicate, c'est-à-dire, l'usage de la viande, quels honneurs ne reçut-il pas de son siècle! Le grand Basile ne portoit jamais sur son corps que le même vêtement; et toutes les richesses, dit saint Grégoire de Nazianze, qu'on lui trouva après sa mort, se réduisirent à une croix cependant Basile est l'oracle de l'Orient, respecté de tout l'univers, et des Césars euxmêmes dont il combattoit les erreurs. Exupère, ce pasteur si respectable, pousse si loin, dit saint Jérôme, l'excès de son détachement et de ses largesses, qu'il est réduit à porter la divine Eucharistie dans un panier d'osier, et le sang de JésusChrist dans un vase de terre. O sainte magnificence! ô faste vraiment épiscopal et digne d'un ministre de la croix! ô spectacle de charité mille fois plus digne du respect et des hommages des peuples que tout le vain éclat d'un luxe profane! Je ne vous dis pas, regardez et faites selon ce

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modèle ces grands exemples ne sont plus de nos mœurs : mais je vous dis, voyez si l'Eglise perdoit quelque chose de sa majesté dans la simplicité et la frugalité de ses pasteurs illustres; et si la dignité de l'épiscopat fut jamais regardée avec plus de vénération que lorsqu'elle ne brilla que par la sainteté, l'humilité, et la pauvreté évangélique de ceux qui en étoient revêtus ? CONFÉRENCES, I.

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ESPRIT DU MONDE.

NOTRE vie est une vie pleine de l'esprit du monde, et vuide de l'esprit de Dieu; non-seulement parce que notre vie n'est pas intérieure et recueillie, mais encore parce que c'est l'esprit du monde qui en forme les désirs, qui en conduit les affections, qui en règle les jugements, qui en produit les vues, qui en anime toutes les démarches. Sur toutes les choses qui nous environnent, sur tous les événements qui nous frappent, sur tous les objets qui nous intéressent, nous pensons comme le monde, nous jugeons comme le monde, nous sentons comme le monde, nous agissons comme le monde. Les afflictions nous rebutent, les prospérités nous élèvent, les mépris nous révoltent, les honneurs nous flattent. Ceux qui réussissent dans le monde, nous les appelons heureux; ceux qui échouent nous paroissent dignes d'être plaints. Nous envions la

fortune ou la faveur de nos supérieurs; nous souffrons impatiemment celle de nos égaux; nous regardons avec mépris la condition de ceux que la nature nous assujettit. Les talents que le monde admire, nous les admirons dans les autres; nous nous les souhaitons à nous-mêmes : la valeur, la réputation, la naissance, les agréments du corps et de l'esprit, nous les envions, s'ils nous manquent; nous nous en applaudissons, si nous les avons enfin nos vues, nos jugements, nos maximes, nos désirs, nos espérances sont toutes mondaines. Il se peut faire que nous parlions du monde avec mépris; mais dans le détail de la conduite, nos vues, nos jugements, nos affections sont toujours mondaines. Il se peut faire même que nous y mêlions quelques sentiments chrétiens; qu'en certaines occasions nous ayons des vues conformes à celles de la foi; que sur certains événements nos dispositions soient chrétiennes et spirituelles: mais ce ne sont là que des étincelles de foi, pour ainsi dire, qui nous échappent; que des intervalles de grâce qui n'interrompent que pour un instant le cours de nos dispositions mondaines. Ce qui domine dans la conduite, ce qui fait comme le corps de toute notre vie, ce que nous sommes, même indépendamment de nos réflexions, et lorsque nous agissons naturellement; en un mot, le principe constant et comme universel de tous nos sentiments intérieurs et de toutes nos démarches extérieures, c'est l'esprit du monde; nous n'avons qu'à sonder

notre cœur pour en convenir. Or l'esprit de Dieu n'est point où règne l'esprit du monde : il nous pousse peut-être, il nous excite, il nous inspire de saints désirs, il réveille notre peu de foi; mais il ne règne pas dans notre cœur : il heurte à la porte, mais nous ne l'avons pas encore reçu il laisse tomber sur notre âme quelques étincelles de son feu divin, mais il n'y est pas encore venu lui-même.

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L'esprit du monde est un esprit de souplesse et de ménagement. Comme l'amour-propre en est le principe, il ne cherche la vérité qu'autant que la vérité lui peut plaire; il ne se déclare pour la piété qu'autant que la piété trouve des partisans favorables; il ne se fait honneur de la vertu que dans les lieux où la vertu l'honore. Et voilà l'esprit qui nous régit et qui nous gouverne; un esprit de timidité et de complaisance craint d'être à Dieu, et dans toutes les occasions où il s'agit de se déclarer pour lui, on mollit et on se ménage; et dès qu'il faut s'exposer pour sa gloire à la dérision et à la censure des hommes, on recule, et on se fait de sa lâcheté une fausse prudence; et dès qu'il est question de déplaire pour ne pas manquer au devoir, on en croit la transgression légitime; et la première chose qu'on examine dans les démarches que Dieu demande de nous, c'est si le monde y donnera son suffrage; et pour ne pas perdre l'estime du monde, on paroît encore mondain; on parle son langage, on applaudit à ses maximes, on s'assujettit à ses

usages; et pour éviter même d'être ennuyeux, ou entre dans ses plaisirs on est de ses dissipations, on participe peut-être à ses crimes.

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QU'EST-CE que le monde pour les mondains

eux-mêmes qui l'aiment, qui paroissent enivrés de ses plaisirs, et qui ne peuvent se passer de lui? Le monde? c'est une servitude éternelle, où nul ne vit pour soi, et où, pour être heureux, il faut pouvoir baiser ses fers et aimer son esclavage. Le monde? c'est une révolution journalière d'événements qui réveillent tour à tour dans le cœur de ses partisans les passions les plus violentes et les plus tristes; des haines cruelles, des perplexités odieuses, des craintes amères, des jalousies dévorantes, des chagrins accablants. Le monde? c'est une terre de malédiction, où les plaisirs mêmes portent avec eux leurs épines et leur amertume. Le jeu lasse par ses fureurs et par ses caprices les conversations ennuient par les oppositions d'humeur et la contrariété des sentiments: les passions et les attachements criminels ont leurs dégoûts, leurs contre-temps, leurs bruits désagréables : les spectacles ne trouvant presque plus dans les spectateurs que des âmes grossièrement dissolues, et incapables d'être réveillées que par les excès les plus monstrueux de la débauche,

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