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hommes vils et ignorants font des dérisions publiques d'une doctrine descendue du ciel, et on applaudit à l'impiété! et, dans un royaume où le titre de Chrétien honore nos rois, l'incrédulité impunie devient même un titre d'honneur pour des sujets! Les vaines idoles auroient donc eu le ministère public pour vengeur contre les savants et les sages; et le seul Dieu véritable ne l'auroit pas contre les libertins et les insensés! PETIT CARÊME.

L'IMP

SOURCES DE L'IMPIÉTÉ.

IMPIE porta en naissant les principes de religion naturelle communs à tous les hommes : il trouva écrite dans son cœur une loi qui défendoit la violence, l'injustice, la perfidie, et tout ce qu'on ne peut pas souffrir soi-même : l'éducation fortifia ces sentiments de la nature on lui apprit à connoître un Dieu, à l'aimer, à le craindre: on lui montra la vertu dans les règles : on la lui rendit aimable dans les exemples: et quoiqu'il trouvât en lui des penchants opposés au devoir, lorsqu'il lui arrivoit de s'y laisser emporter, son cœur prenoit en secret le parti de la vertu contre sa propre foiblesse.

Ainsi vécut d'abord l'impie sur la terre : il adora avec le reste des hommes un Être suprême; il respecta ses lois; il redouta ses châtiments; il attendit ses promesses. D'où vient donc qu'il n'a

plus connu de Dieu; que les crimes lui ont paru des polices humaines, l'enfer un préjugé, l'avenir une chimère, l'âme un souffle qui s'éteint avec le corps? Par quel degré est-il parvenu à ces connoissances si nouvelles et si surprenantes? par quelles voies a-t-il pu réussir à se défaire de ses anciens préjugés, si établis parmi les hommes, et si conformes aux sentiments de son cœur, et aux lumières de sa raison? A-t-il examiné? a-t-il consulté ? a-t-il pris toutes les précautions sérieuses que demandoit l'affaire la plus importante de sa vie? s'est-il retiré du commerce des hommes pour laisser plus de loisir aux réflexions et à l'étude ? a-t-il purifié son cœur, de peur que les passions ne lui fissent prendre le change? De quelles attentions n'a-t-on pas besoin pour revenir des premiers sentiments dont l'âme avoit été d'abord imbue?

Mais à mesure que ses mœurs se sont déréglées, les règles lui ont paru suspectes : à mesure qu'il s'est abruti, il a tâché de se persuader que l'homme étoit semblable à la bête. Il n'est devenu impie qu'en se fermant toutes les voies qui pouvoient le conduire à la vérité; en ne se faisant plus de la religion une affaire sérieuse; en ne l'examinant que pour la déshonorer par des blasphèmes et des plaisanteries sacriléges : il n'est devenu impie qu'en cherchant à s'endurcir contre les cris de sa conscience, et se livrant aux plus infâmes voluptés. C'est par cette voie qu'il est parvenu aux connoissances rares et sublimes de l'incrédu

:

lité c'est à ces grands efforts qu'il doit la découverte d'une vérité que le reste des hommes jusqu'à lui avoit ou ignorée, ou détestée.

Voilà la source de toute incrédulité; le déréglement du cœur. Trouvez-moi, si vous le pouvez, des hommes sages, véritables, chastes, réglés, tempérants, qui ne croient point de Dieu, qui n'attendent point d'avenir, qui regardent les adultères, les abominations, les incestes, comme les penchants et les jeux d'une nature innocente. Si le monde a vu des impies qui ont paru sages et tempérants, c'étoit, ou qu'ils cachoient mieux Icurs désordres, pour donner plus de crédit à leur impiété; ou la satiété du plaisir qui les avoit menés à cette fausse tempérance la débauche avoit été la première source de leur irréligion leur cœur étoit corrompu avant que leur foi fit naufrage; ils avoient intérêt de croire que tout meurt avec le corps avant que d'être parvenus à se le persuader; et un long usage du plaisir avoit bien pu les dégoûter du crime, mais non pas leur rendre la verțu plus aimable.

CARÊME, I.

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SUR L'INCREDULITÉ.

QUAND je vois d'un coup-d'œil tout ce que les siecles chrétiens ont eu de plus grands hommes, de génies plus élevés, de savants plus profonds et plus éclairés, lesquels, après une vie entière d'étude,

et une application infatigable, se sont soumis avec une humble docilité aux mystères de la foi; ont trouvé les preuves de la religion si éclatantes, qu'il leur a paru que la raison la plus fière et la plus indocile ne pouvoit refuser de se rendre; l'ont défendue contre les blasphèmes des païens; ont rendu muette la vaine philosophie des sages du siècle, et fait triompher la folie de la croix de toute la sagesse et de toute l'érudition de Rome ou d'Athènes; il me semble que pour revenir à combattre des mystères depuis si long-temps et si universellement établis; que pour être, si j'ose m'exprimer ainsi, reçu appelant de la soumission de tant de siècles, des écrits de tant de grands hommes, de tant de victoires que la foi a remportées, du consentement de l'univers, en un mot, d'une prescription si longue et si bien affermie; il faudroit, ou de nouvelles preuves qu'on n'eût pas encore confondues, ou de nouvelles difficultés dont personne ne se fût encore avisé, ou de nouveaux moyens qui découvrissent dans la religion un foible qu'on n'avoit pas encore découvert. Il me semble que, pour s'élever tout seul contre tant de témoignages, tant de prodiges, tant de siècles, tant de monuments divins, tant de personnages fameux, tant d'ouvrages que les temps ont consacrés, que toutes les attaques de l'incrédulité ont rendus d'âge en âge plus triomphants et plus immortels; en un mot, tant d'événements étonnants, et jusque-là inouis, qui établissent la foi des Chrétiens; il faudroit des raisons bien dé

cisives et bien évidentes, des lumières bien rares et bien nouvelles, pour entreprendre ou d'en douter, ou de la combattre. Hors de là on aura droit de nous regarder comme un insensé qui viendroit tout seul défier de loin une armée entière, seulefaire ostentation de son vain défi, et se

ment pour

parer d'une fausse bravoure.

Cependant, lorsque vous approfondissez la plupart de ces hommes qui se disent incrédules, qui se récrient sans cesse contre les préjugés populaires, qui nous vantent leurs doutes, et nous défient d'y satisfaire et d'y répondre; vous trouvez qu'ils n'ont pour toute science que quelques doutes usés et vulgaires, qu'on a débités dans tous les temps, et qu'on débite encore tous les jours dans le monde; qu'ils ne savent qu'un certain jargon de libertinage qui passe de main en main, qu'on reçoit sans l'examiner, et qu'on répète sans l'entendre: vous trouvez que toute leur capacité et leur étude sur la religion se réduit à certains discours de libertinage qui courent les rues, s'il est permis de parler ainsi, à certaines maximes rebattues, et qui, à force d'être redites, commencent à tenir de la bassesse du proverbe. Vous n'y trouvez nul fonds, nul principe, nulle suite de doctrine, nulle connoissance de la religion qu'ils attaquent : ce sont des hommes dissipés par les plaisirs, et qui seroient bien fâchés d'avoir un moment de reste pour examiner ennuyeusement des vérités qu'ils ne se soucient pas de commoitre, des hommes d'un caractère léger et

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