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claves? mais ce sont des témoins qui vous embarrassent et vous gênent, plutôt qu'une pompe qui vous décore. Habiter des palais somptueux ? mais vous vous édifiez, dit Job, des solitudes où les soucis et les noirs chagrins viennent bientôt habiter avec vous. Y rassembler tous les plaisirs? ils peuvent remplir ces vastes édifices, mais ils laisseront toujours votre cœur vuide. Trouver tous les jours dans votre opulence de nouvelles ressources à vos caprices ? la variété des ressources tarit bientôt; tout est bientôt épuisé; il faut revenir sur ses pas, et recommencer sans cesse ce que l'ennui rend insipide, et ce que l'oisiveté a rendu nécessaire. Employez tant qu'il vous plaira vos biens et votre autorité à tous les usages que l'orgueil et les plaisirs peuvent inventer; vous se rez rassasiés, mais vous ne serez pas satisfaits; ils vous montreront la joie, mais ils ne la laisseront pas dans votre cœur.

Employez-les à faire des heureux, à rendre la vie plus douce et plus supportable à des infortunés que l'excès de la misère a peut-être réduits mille fois à souhaiter, comme Job, que le jour qui les vit naître eût été lui-même la nuit éternelle de leur tombeau; vous sentirez alors le plaisir d'être nés grands, vous goûterez la véritable douceur de votre état; c'est le seul privilége qui le rend digne d'envie. Toute cette vaine montre qui vous environne est pour les autres; ce plaisir est pour vous seuls. Tout le reste a ses amertumes; ce plaisir. seul les adoucit toutes. La joie de faire du bien

est tout autrement douce et touchante que la joie de le recevoir. Revenez-y encore, c'est un plaisir qui ne s'use point; plus on le goûte, plus on se rend digne de le goûter; on s'accoutume à sa prospérité propre, et on y devient insensible; mais on sent toujours la joie d'être l'auteur de la prospérité d'autrui : chaque bienfait porte avec lui ce tribut doux et secret dans notre âme : le long usage qui endurcit le cœur à tous les plaisirs le rend ici tous les jours plus sensible.

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HUMANITÉ.

T ce n'étoit pas même en lui une douceur empruntée, où la politesse et les manières ont plus de part que le sentiment; un simple usage plutôt qu'une vertu : c'étoit un fonds d'humanité.

La valeur, l'élévation forment presque toujours un caractère d'insensibilité : la gloire des armes est toujours teinte de sang; et lorsque le rang laisse le reste des hommes si loin de nous, il est le cœur nous en rapproche.

rare que

Un héros et un prince humain; voilà, messieurs, ce que le prince de Conti allioit ensemble. Il disoit souvent que, quand même la religion n'obligeroit pas de regarder les hommes comme nos frères, il suffit d'être né homme pour être touché du malheur de ses semblables.

Et de là, à la prise de Neuhausel, où la place

emportée d'assaut sembloit autoriser le carnage et la fureur du soldat, combien de victimes innoeentes arrache-t-il d'entre les bras de la mort ! combien arrête-t-il de ces actions barbares que ne demande plus la victoire, mais qu'inspire la seule cruauté! apprenant aux Allemands à mêler la valeur, qui leur est commune avec nous, à l'huma→ nité qui nous est propre.

De là, le lendemain du combat dé Steinquer que, il vient sur le champ de bataille, encore tout couvert de morts et de mourants; fait transporter tous les blessés, sans distinction de François et d'ennemi; assure à une infinité de malheureux la vie ou le salut; et force les ennemis mêmes de benir, dans le héros qui a su les vaincre, le li bérateur qui les sauve.

ORAIS. FUNÈB. DU PRINCE DE CONTI.

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COURAGE HÉRÉDITAIRE.

Qu'ux prince du sang de nos rois ait eu de la valeur, c'est un privilége de la naissance, plutôt qu'un mérite dont on doive faire honneur à la

vertu.

Le courage et l'intrépidité sont parmi eux des biens héréditaires, ainsi que les sceptres et les couronnes; et comme on ne les loue pas d'être nés princes, on ne doit pas les louer d'être nés vaillants. ORAIS. FUN. DU PRINCE DE CONTI,

Alassillon.

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VALEUR.

MAIS AIS qu'est-ce que la valeur? est-ce une fierté de tempérament, un caprice de cœur, une fougue qui ne soit que dans le sang, une avidité mal entendue de gloire, un emportement de mauvais goût, une petitesse d'esprit qui se fait des dangers de gaieté de cœur seulement pour avoir la gloire d'en être sorti? Quel siècle fut jamais plus corrigé là-dessus que le nôtre? Quel est le goût des honnêtes gens sur ce qui fait la véritable valeur? La sagesse, la circonspection, la maturité n'y entrentelles pour rien ? Quel a été le caractère des grands hommes que vous avez vus dans ce siècle à la tête de nos armées, et dont les noms vous sont encore si chers? Les Turenne, les Condé, les Créqui, par quelle voie sont-ils montés à ce dernier point de gloire et de réputation au-delà duquel il est défendu de prétendre? Le sage et vaillant général à qui cette province doit sa sûreté, et le reste du royaume sa paix et son abondance, lui dont vous recevez les ordres de plus près comme de votre propre chef, et sous le nom et les étendards de qui vous avez l'honneur de combattre, s'est-il frayé un chemin à l'élévation où le choix du prince et le bonheur de l'état l'ont placé par une valeur indiscrète? et la sagesse, qui est comme née avec lui, a-t-elle jamais rien gâté ou à son mérité ou à

sa fortune?

Mais c'est que nous nous faisons de fausses idées des choses. La valeur, lorsqu'elle n'est pas à sa place, n'est plus une vertu; et cette noble ardeur qui, au milieu des combats, est générosité et grandeur d'âme, n'est plus, hors de là, que rusticité, jeunesse de cœur, ou défaut d'esprit. Mais quelle idée, me direz-vous encore, a-t-on, dans les troupes, d'un homme qui passe pour avoir quelque commerce avec la dévotion? Eh quoi, Seigneur! il y auroit donc de la gloire à servir les rois de la terre; et ce seroit bassesse et lâcheté que de vous être fidèle ! Et qu'y avoit-il autrefois dans les armées des empereurs païens de plus intrépide dans les périls que les soldats chrétiens? Cependant c'étoient des gens qui, au milieu de la licence des troupes, avoient leurs heures marquées pour la prière, passoient quelquefois les nuits à bénir tous ensemble le Seigneur, et qui, au sortir d'une action, savoient fort bien courir à l'échafaud et y répandre sans murmure leur sang pour la défense de la foi. BÉNéd. des drap. du RÉG. DE CATINAT.

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EGALITE D'AME.

SES grandes qualités ne se bornoient pas, comme dans beaucoup d'autres, à quelques actions louables, mais rares, qui échappent du milieu d'une foule de vices, qui perdent tout leur mérite par le contraste, et qui sont plutôt des saillies que dés

vertus.

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