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fondements de l'univers. Ils admirent l'industrie et l'excellence d'un ouvrier qui a élevé des palais superbes que le vent va dégrader et détruire; et ils font honneur au hasard de la magnificence des cieux; et ils ne veulent pas vous reconnoître dans l'harmonie si constante et si régulière de cet ouvrage immense et superbe que la révolution des temps et des années a toujours respecté et respectera jusqu'à la fin. N'est-ce pas assez vous manifester à eux que de leur montrer tous les jours ces ouvrages admirables de vos mains? Les hommes de tous les siècles et de toutes les nations, instruits par la seule nature, y ont reconnu votre divinité et votre puissance ; et l'impie aime mieux démentir tout le genre humain, taxer de crédulité le sentiment universel, et ses premières lumières nées avec lui, de préjugés de l'enfance, que de se départir d'une opinion monstrueuse et incompréhensible, à laquelle ses crimes seuls, ces enfants de ténèbres, ont forcé sa raison d'acquiescer, et que ses crimes seuls ont pu rendre vraisemblable.

Si le Seigneur n'avoit montré qu'une fois aux hommes le spectacle magnifique des astres et des cieux, l'impie pourroit y sourçonner du prestige; il pourroit peut-être se persuader que ce sont là de ces jeux du hasard et de la nature, de ces phénomènes passagers qui doivent leur naissance à un concours fortuit de la matière, et qui, formés d'eux-mêmes et sans le secours d'aucun être intelligent, nous dispensent de chercher les raisons et les motifs de leur formation et de leur usage. Mais,

mon Dieu, ce grand spectacle s'offre à nos yeux depuis l'origine des siècles : la succession des jours et des nuits n'a jamais été interrompue, et a toujours eu un cours égal et majestueux depuis que vous l'avez établie pour la décoration de l'univers et l'utilité des hommes. Le premier jour qui éclaira le monde publia votre grandeur par la magnificence de ce corps immense de lumière qui commença à y présider; et il transmit avec son éclat à tous les jours qui devoient suivre ce langage muet, mais si frappant, qui annonce aux hommes la puissance de votre nom et de votre gloire. Les astres qui présidèrent à la première nuit ont reparu et présidé depuis à toutes les autres, et font passer sans cesse avec eux, par la régularité perpétuelle de leurs mouvements, la connoissance de la sagesse et de la majesté de l'ouvrier souverain qui les a tirés du néant.

Oui, Seigneur, les peuples les plus grossiers et les plus barbares entendent le langage des cieux, dont la magnificence publie votre gloire. Vous les avez établis sur nos têtes comme des hérauts célestes, qui ne cessent d'annoncer à tout l'univers la grandeur du roi immortel des siècles : leur silence majestueux parle la langue de tous les hommes et de toutes les nations; c'est une voix entendue partout où la terre nourrit des habitants: l'impie seul se bouche les oreilles, et il aime mieux écouter le coassement impur de ses passions qui blasphement en secret contre la souveraineté de votre être, que la voix éclatante de ces chefs

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d'œuvre sortant de vos mains qui la publient depuis la naissance du monde.

Qu'on parcoure jusqu'aux extrémités les plus reculées de la terre et les plus désertes, la magnificence des cieux y annonce votre gloire, comme dans les régions les plus habitées et les plus connues. Nul lieu dans l'univers, quelque caché qu'il soit au reste des hommes, ne peut se dérober à l'éclat de votre puissance, qui brille au-dessus de nos têtes dans ces globes lumineux qui décorent le firmament. Voilà, grand Dieu, le premier livre que vous avez montré aux hommes pour leur apprendre ce que vous étiez : c'est là où les enfants d'Adam étudièrent d'abord ce que vous vouliez leur manifester de vos perfections infinies; c'est à la vue de ces grands objets que, frappés d'admiration et d'une crainte respectueuse, ils se prosternoient pour en adorer l'auteur tout-puissant. Il ne leur falloit pas des prophètes pour les instruire sur ce qu'ils devoient à votre majesté suprême la structure admirable des cieux et de l'univers le leur apprenoit assez. Ils laissèrent cette religion simple et pure à leurs enfants : mais ce précieux dépôt se corrompit entre leurs mains; à force d'admirer la beauté et l'éclat de vos ouvrages, ils les prirent 'pour vous-même : les astres, qui ne paroissoient que pour annoncer votre gloire aux hommes, devinrent eux-mêmes leur divinité. Insensés! ils offrirent des vœux et des hommages au soleil et à la lune, à toute la milice du ciel, qui ne pouvoit ni les entendre ni les recevoir; ils ne

vous connurent plus, grand Dieu, vous qui n'avez posé ces masses éclatantes au-dessus de nous que pour être les signes et les témoins perpétuels de votre puissance, et conduire les hommes par ces objets visibles à la connoissance et au culte de vas perfections suprêmes et invisibles. Telle fut la naissance d'un culte impie et superstitieux qui infecta tout l'univers ; la beauté de vos ouvrages fit oublier aux hommes ce qu'ils devoient à leur auteur. Ce sont toujours vos dons eux-mêmes, grand Dieu, répandus dans la nature, qui nous éloignent de vous; nous y fixons notre cœur, et nous le refusons à celui dont la main bienfaisante répand sur nous ses largesses : vos ouvrages et vos bienfaits, les biens, les talents du corps et de l'esprit, sont nos dieux; c'est à eux seuls que se bornent tous nos hommages. Ils n'étoient destinés qu'à élever nos cœurs jusqu'à vous par les sentiments continuels de l'amour et de la reconnoissance; et l'unique usage que nous en faisons, est de les mettre à votre place, ô mon Dieu, et de les employer contre vous-même.

La grande leçon, ô mon Dieu, que le ciel, et le soleil surtout, devoit donner aux hommes, c'est sa régularité dans la course que vous lui avez marquée. Fidèle à suivre la voie que vous lui avez tracée dès le commencement, ce bel astre ne s'en cst jamais départi son éclat, où il semble que vous avez manifesté principalement votre gloire et votre puissance, lui a attiré autrefois des hommages impics et insensés: on a adoré cette tente

superbe où il semble que vous avez établi votre demeure et caché votre majesté; et on n'a pas compris qu'en obéissant vos ordres par l'uniformité constante de sa carrière, il crioit aux hommes que toute leur grandeur consiste à remplir leur destination, et à ne jamais s'écarter de la voie que vous leur avez tracée en les tirant du néant. Les créatures insensibles vous. obéissent, grand Dieu : c'est dans le cœur de l'homme seul que vos ordres éternels trouvent de l'opposition et de la révolte. Le soleil, comme un époux éclatant qui sort de sa chambre nuptiale, se lève et parcourt régulièrement tout ce vaste univers: il répand partout sa chaleur et sa lumière, et recommence chaque jour sa course majestueuse; et l'homme inconstant, et ne ressemblant jamais d'un moment à l'autre à lui-même, n'a point de route fixe et assurée : il se dément sans cesse dans ses voies; tous ses jours ne sont marqués que par des changements et des inégalités qui le font perdre de vue. Sa course ressemble à celle d'un insensé qui va et revient, et retourne sans savoir où ses pas doivent le guider : il se fatigue, il s'épuise, et n'arrive jamais au but. Son inconstance lui est elle-même à charge, et il ne peut la fixer : elle devient un poids qui l'accable, et dont il ne sauroit se débarrasser; elle fait tous ses crimes, et elle fait aussi tout son malheur et son plus cruel supplice. PARAPHR

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