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parle de la paix que le Messie apportera au monde. Ici, il dit qu'il jugera les nations et convaincra d'erreur beaucoup de peuples, qui de leurs glaives feront des socs de charrue, et de leurs lances, des faulx: tellement que les nations ne leveront point l'épée les unes contre les autres, et ne s'exerceront plus aux combats. (318). Là, il annonce que le Messie sera appelé le prince de la paix, que son empire sera étendu et que la paix n'aura pas de fin. (319). Plus loin, il décrit poétiquement la paix dont on jouira sous son empire (320). Ailleurs il le représente sur les montagnes, préchant et annonçant la paix. (321). Ezéchiel présente le Messie sous le nom de David son père, paissant les brebis du Seigneur; et le Seigneur faisant avec elles un pacte de paix (322). Michée, antérieur à Isaïe, avoit presque dans les mêmes termes prophétisé, qu'au temps du Messie, les glaives seroient convertis en socs, et les lances en instrumens de labourage (323), et il s'étoit servi de l'expression que le Messie sera la paix (324). Nahum,

contemporain d'Isaïe, peint aussi comme lui le Messie sur les montagnes évangélisant et annonçant la paix (325). Il résulte évidemment de tous ces textes, que le règne du Messie doit, selon les prophètes, être un règne pacifique. Et comment peut-on entendre que celui qui sera le prince de la paix, qui sera lui-même la paix, sous l'empire duquel on jouira d'une paix universelle et perpétuelle; Comment, dis-je, peut - on entendre que ce même personnage sera un prince belliqueux, triomphant, qui assujettira par la force les nations à son joug? En quelque sens que l'on veuille entendre ces prophéties, elles ne peuvent cadrer avec l'idée d'un roi guerrier et conquérant. Mais si on veut entendre le royaume du Messie d'un royaume spirituel, la paix qu'il doit donner au monde sera la paix spirituelle; la paix avec Dieu, avec les hommies, avec sa conscience. Alors tout s'explique, tout se concilie; il ne reste plus de difficulté. Il n'y a aucune contradiction; il y a au contraire une très-grande analogie, entre un règne de l'ordre spirituel et la paix, soit intérieure

soit extérieure, que nous faisons profession de regarder comme un des biens que nous a apportés notre religion.

2° Nous avons vu le Messie appelé par Jacob et par Aggée, l'attente et le désiré des nations (326). Mais les nations désiroient elles, ou devoient - elles désirer un personnage qui les désoleroit par des guerres et qui les asserviroit avec violence à son empire? S'il s'agit au contraire d'un royaume spirituel, on comprend que les nations soient dans le cas de désirer ce qui doit faire leur suprême bonheur. Nous avons aussi observé que dans la prophétie de Jacob il est annoncé qu'à l'arrivée du Messie, le sceptre sortira de Juda; et que si le Messie se trouvoit être un roi de l'ordre temporel, au lieu de sortir alors de cette tribu, le sceptre y rentreroit.

3. Un caractère particulier donué au Messie par divers prophètes et spécialement par Isaïe, est celui de la douceur. Voilà mon serviteur dont je prendrai la défense, dit le prophète, au nom de Dieu. Il est mon élu. Mon ame se complait en lui. J'ai placé sur lui

mon esprit. Il annoncera la justice aux nations. Il ne criera point. Il ne fera point acception de personne. On n'entendra pas sa voix au-dehors. Il ne brisera point le roseau félé, et il n'éteindra point la méche fumante. Il rendra la justice selon la vérité. Il ne sera ni triste ni turbulent (327). Est-ce là le caractère d'un héros violent qui fait guerres sur guerres, et qui désole la terre par ses cônquêtes? Mais il est évident que cette douceur convient parfaitement à un roi de l'ordre spirituel, qui vient fonder un royaume non civil, mais purement religieux, qui établit l'empire des vertus, et qui n'emploie que des moyens du genre spirituel.

4. Loin que les prophéties présentent un Messie qui se mettra à la tête des juifs pour se soumettre les nations, elles annoncent au contraire que le Messie sera méconnu et rejeté par le peuple juif. Nous avons rapporté un texte de Daniel qui est formel, et qui porte expressément qu'il sera mis à mort, et que son peuple qui l'aura renié, cessera d'exister (328). En voici un autre d'Isaïe,

moins

moins précis à la vérité, mais qui a assez clairement rapport au même objet. Il sera envoyé pour vous sanctifier, mais il sera un sujet de chute et une pierre de scandale pour les deux maisons d'Israel; un piège et une cause de ruine aux habitans de Jérusalem, et beaucoup d'entr'eux tomberont et seront brisés, et seront arrétés et seront pris (329). Il seroit bien difficile aux juifs d'expliquer ce texte d'un Messie', les réunissant tous à lui, et commandant les armées de leur nation. Mais il s'entend parfaitement d'un Messie établissant un royauine spirituel. Et nous voyons qu'il est entendu dans ce sens et appliqué à Jésus-Christ, par le saint vieillard Siméon (330), et par saint Paul (331).

5.9 Enfin, comment concilier un Messie glorieux, triomphant, courant de prospérités en prospérités, avec les humiliations, les souffrances, la mort violente du Messie, prédites par un grand nombre de prophètes, comme nous le verrons dans un de ces articles su ivans (332).

VIII. En troisième lieu, j'ai dit que

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