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» démentir la prophétie, de reconnoître » pour vierge la Mère du Sauveur, que » l'on voyoit dans le mariage. Cela seroit » vrai, s'il n'y avoit point de milieu. » entre être mariée et n'être pas vierge. >> Car si, selon le prophète, Dieu pou>> voit faire enfanter une vierge, qui empêchoit qu'il n'opérât un si grand mystère sous le voile sacré du ma»riage? C'étoit au contraire ce que de» mandoit la convenance des conseils de » Dieu, et l'ordre de sa sagesse aussi >> douce qu'efficace. Et après tout, s'il » en faut venir à cette discussion, eût-ce » été une œuvre convenable à Dieu, de » donner en spectacle aux hommes, une » fille avec son enfant, pour être le >> scandale de toute la terre, le sujet » de ses dérisions et l'objet inévitable » de ses calomnies? Quand elle auroit » assuré qu'elle étoit vierge, sa parole

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particulière n'eut pas été un témoi>> gnage suffisant pour l'affermissement » de la foi. Il falloit que la révélation » d'un si grand mystère fût préparée par >> tous les miracles de Jésus-Christ et de ses Apôtres, avant qu'elle fût reçue

» avec une autorité digne de créance. » Ainsi, c'étoit un conseil digne de Dieu, de faire naître dans le mariage » le Fils de la Vierge, afin que sa nais»sance parût du moins honnête; jus» qu'à ce que le temps fût venu de la » faire paroître surnaturelle et divine. Ce » n'étoit donc pas, comme porte votre » objection, démentir la prophétie, de >> reconnoître que Notre-Seigneur fils » d'une mère mariée, fût le Christ. Isaïe » ayant bien dit que la Mère du Christ » seroit vierge, mais n'ayant dit nulle » part qu'elle ne seroit pas mariée ».

VIII. « Les juifs font contre l'appli>>cation des prophéties, à Jésus-Christ, une autre objection dont les incrédules ne manquent pas de se préva» loir. Ils disent que notre Messie n'a jamais été appelé Emmanuel, mais qu'il » a eu nom Jésus ».

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Cette difficulté est bien ancienne, et plusieurs pères des premiers siècles de l'église, y ont répondu (258). Nous dirons après eux, que dans le style de l'écriture, il est très-commun de confondre le nom de la personne avec la

personne même. Ainsi, il est dit dans beaucoup d'endroits, qu'on bénit le nom de Dieu, qu'on lui rend grâces pour exprimer qu'on loue et qu'on remercie Dieu. Souvent aussi nous voyons le mot vocari, employé pour le mot esse. Quand Isaïe dit à Jérusalem tu seras appelée la cité du juste, la ville fidèle (259). Il n'entend pas qu'on changera son nom et qu'on lui donnera celui-là. Il seroit facile d'en citer une multitude d'autres exemples; contentons-nous d'un seul tiré de cette même prophétie. Au verset 6 du neuvième chapitre, Isaïe dit que le nom dont sera appelé l'enfant qu'il prédit, sera Admirable, Conseiller, Dieu fort, Père du siècle futur, Prince de la paix. Il n'entend certainement pas que ce sera là le nom de cet enfant : il veut dire que ce seront ses qualités. Il en est de même du nom d'Emmanuel. Ce même enfant sera appelé, c'est-à-dire, sera Dieu avec nous. Le prophète annonce non pas son nom propre, mais son titre. Il dit la chose qu'il sera, et non pas le nom qu'il portera. Il annonce ce que l'on croira de lui, et non la dénomination dont

on le désignera. Nous pourrions ajouter contre les juifs, qu'ils ont bien mauvaise grâce à proposer cette difficulté, puisqu'aucun de ceux à qui ils essayent d'appliquer la prophétie, n'a porté le nom d'Emmanuel.

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Il nous font encore deux autres difficultés, l'une que Jésus-Christ n'a pas siégé sur le trône de David, comme cette prophétie l'annonce l'autre que Jésus-Christ n'a point été un personnage pacifique comme Isaïe annonce que doit être Emmanuel; puisqu'il a déclaré luimême qu'il étoit venu apporter non la paix, mais la guerre. J'examinerai ces deux objections dans l'article où il sera question de la royauté du Messie.

« Les incrédules nous oppose enfin » une dernière difficulté. Plusieurs péres » de l'église ont reconnu que cette pro

phétie ne concerne pas directement » Jésus-Christ; et beaucoup de commen>>tateurs l'expliquent autrement que

>> nous ».

Quant aux Saints Pères, les passages que nous avons rapportés prouvent qu'un grand nombre d'entr'eux out regardé le

texte d'Isaïe comme une prophétie de Jésus-Christ. Pour prétendre que d'autres ont pensé diversement, il faudroit les nommer, et c'est ce qu'on n'a ni fait ni pu faire.

Par

rapport aux commentateurs, tous, au moins moralement entendent de Jésus-Christ cette prédiction. Il y a entr'eux de la différence sur la manière d'en expliquer les diverses parties; mais quant au point essentiel ils sont d'accord. On ne sera pas étouné de leur diversités sur les détails, si on considère que les cinq chapitres d'Isaïe présentent presque continuellement le passage d'un objet à l'autre, et nous avons déjà observé que c'est une chose commune dans le style des prophètes. Ici, Isaïe mêle sans cesse la prédiction du Messie, celle de la délivrance et celle de la spoliation du royaume de Juda. Il passe d'un objet à l'autre, et y joint quelquefois des objetsétrangers. Entre les commentateurs, plusieurs n'ont pas observé la liaison des cinq chapitres, et la connexion des trois objets qui y sont prédits. C'est une des causes de leurs différentes explications,

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