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impossibles à

supposer dans un écri>> vain qui étoit ministre d'état. >>

IX. Observons d'abord que par cette supposition on ne répond qu'à une partie des preuves que présentent les prophéties de Daniel. Si son livre a été écrit après le règne d'Antiochus, et avant la venue de Jésus-Christ, comment le faussaire a-t-il pû prévoir des choses qui n'avoient alors aucune vraisemblance; la mort sanglante du Christ; la destruction de Jérusalem et de son temple par un peuple venu avec son chef; la cessation des sacrifices? Le coupable auteur de la falsification auroit-il été un prophète inspiré de Dieu ?

Mais d'ailleurs tous les faits historiques résistent à cette assertion, et la démentent formellement.

Après la persécution d'Antiochus, au temps où on place la supposition du livre de Daniel, un très grand nombre de juifs se trouvèrent dispersés dans tout le royaume de Syrie, dans l'Égypte, dans la Grèce, à Rome et dans d'autres pays. Comment auroit-on pu insérer dans le canon sacré, qu'ils portoient tous avec

eux, qu'ils conservoient religieusement, qu'ils lisoient et en particulier et dans les synagogues, et leur faire recevoir, comme en faisant partie, un livre nouvellement fabriqué?

Dans le même temps il se forma dans la nation juive des partis opposés : il s'éleva diverses sectes qui se haïssoient. Il auroit fallu les accorder pour leur faire recevoir à tous une fausseté notoire.

Ezechiel, dont la prophétie est généralement reconnue authentique et qui étoit contemporain de Daniel, parle de lui en plusieurs endroits. Il assimile sa justice à celle de Noë et de Job, et fait une mention expresse du don qu'il avoit reçu que les choses cachées lui fussent révélées (197).

Mathathias, père des machabées, qui vivoit du temps d'Antiochus, parle de même de Daniel et du fait rapporté par ce prophète, qu'il fût miraculeusement délivré de la fosse aux lions (198).

Au temps de Jésus-Christ, c'est-à-dire, seulement environ cent soixante ans après le règne d'Antiochus, on étoit tellement persuadé que le livre de Daniel étoit vé

ritablement son ouvrage que le divin Sau veur parle d'une de ses prédictions comme d'une chose généralement reconnue (199). S'il y avoit eu seulement des doutes sur cette authenticité, les juifs, acharnés comme ils l'étoient contre Jésus-Christ, lui auroient-ils passé cette citation sans la reprocher?

L'historien Josephe étoit parfaitement instruit de tout ce qui concernoit l'histoire de son pays, et connoissoit à fond tous les livres dans lesquels elle avoit été écrite. Dans plusieurs endroits de son ouvrage des antiquités judaïques, il fait une mention expresse de Daniel, Au chapitre onze du dixième livre, il rapporte plusieurs de ses prophéties et plusieurs faits d'après son autorité. Au chapitre douze, il montre comment les événemens avoient cadré avec ses prédictions, et il dit qu'on montroit encore à Ecbatane, le palais que ce prophète y avoit fait construire. Au livre onzième chapitre onze, il rapporte que Jaddus, souverain pontife, fit voir à Alexandre (antérieur à Antiochus de cent soixante ans), le livre de Daniel, dans lequel il étoit écrit

qu'un prince grec détruiroit l'empire des perses ; et il lui dit qu'il ne doutoit point que ce fút lui de qui cette prophétie se devoit entendre.

Ce qui achève de démontrer que le livre de Daniel n'a pas pu être supposé après la persécution d'Antiochus, c'est qu'avant ce temps-là il étoit traduit en grec. On croit communément que ce fût Ptolomée Philadelphe, antérieur de cent ans au règne d'Antiochus, qui fit traduire tous les livres du canon hébreu. D'autres pensent que le Pentateuque seul fût traduit sous ce prince, et que la traduction

des autres livres fût faite sous ses successeurs. Ceux qui la reculent le plus loin la placent au temps de Ptolomée, Physcon ou Philometor, contemporain d'Antiochus. En admettant, si on veut, cette opinion, qui cependant paroît peu fondée, il est évident au moins que la composition du livre de Daniel ne peut pas être postérieure à sa traduction.

On nous objecte la trop grande clarté des prophéties de Daniel. Nous avons déjà remarqué la contradiction des incrédules qui rejetent les prophéties,

tantôt parce qu'elles sont trop obscures, tantôt parce qu'elles sont trop claires. Où ont-ils pris qu'une prédiction perde de son autorité à raison de sa clarté? Il est évident au contraire que c'est une raison de plus pour y prendre confiance.

Quel est, entre les écrivains profanes, celui dont on voudroit avoir le témoiguage au sujet de la métamorphose de Nabuchodonosor. On n'en connoît aucun qui ait parlé de ce prince. Les histoires venues jusqu'à nous n'ont pas pu mentionner ce fait plus que des autres.

On lit dans le livre de Daniel quelques termes d'arts qui sont à peu près les mêmes en grec et en chaldéen, et on en conclut que le livre de Daniel a été composé après Antiochus. Quel rapport y a-t-il entre le principe et la conséquence? La langue grecque étoit - elle celle qu'on parloit dans la Syrie et dans la Judée, où on veut que la supposition se soit faite? D'ailleurs ces termes semblables ne pouvoient-ils pas être dérivés du chaldéen et adoptés par les grecs, instruits dans les arts postérieurement aux chaldéens ?

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