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Enfin Jésus-Christ présente dans sa personne le troisième caractère attribué, par Jacob à l'envoyé divin qu'il annonce. Il est arrivé au temps où le sceptre sortoit de Juda, qui cessoit d'avoir un chef tiré de son sein. Depuis lui, nonseulement cette tribu n'a plus de souverain, de chef; elle ne forme plus même un état, une république (132). C'est contre ce dernier point que porte l'opposition des ennemis du christianisme. Il est donc nécessaire de l'éclaircir et de le prouver.

XI. « La tribu de Juda, disent-ils, » n'a donné des chefs au peuple hébreu » que pendant le gouvernement d'un ou » de deux juges, et depuis David jusqu'à » la captivité de Babylone. Encore il faut » observer que, depuis Roboam, les rois » de la tribu de Juda n'ont régué que » sur la moindre partie des Israëlites.

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Il faut donc, disent les juifs, trouver » un autre que Jésus-Christ à qui on » applique la prophétie. Il faut, disent >> les incrédules, du défaut d'accomplis>> sement conclure que ce n'est pas » une prophétie, et qu'il n'y est pas ques» tion de Jésus-Christ >>.

XII. Le vice de cette objection est que l'on veut faire signifier au mot schebet, que la vulgate a rendu par le mot sceptre, une autorité royale, et une autorité qui s'étende sur les autres tribus. On veut de même que le mot metokek rendu par le mot dux ou chef, soit entendu d'un roi issu de Juda. Ainsi le sens que l'on dome à cette prophétie est que, jusqu'à l'arrivée du personnage annoncé, il y aura une suite de rois descendu de Juda qui gouverneront tout ce peuple d'Israël. Si tel étoit véritablement le sens de cette prédiction, nous conviendrions qu'elle n'est pas une prédiction de Jésus-Christ. Mais nous avons déjà observé que le mot schebet exprime seulement une verge ou un bâton de commandement; il ne signifie donc pas nécessairement une autorité monarchique il peut s'entendre de toute autorité politique analogue aux divers états d'une nation. De même le mot metokek ne s'applique pas toujours à un monarque, pas même à un souverain.. Il désigne quelquefois un chef quelconque, quelquefois un législateur, ou un juge, ou

un

un greffier, ou un docteur de la loi. C'est donc à tort que l'on prétend que ces expressions sont absolument relatives à une autorité royale, et que l'on veut que dans leur signification naturelle elles promettent à Juda une suite continue de rois de son sang, qui ne cessera qu'à l'époque marquée.

Il ne s'ensuit pas non plus des paroles de Jacob, que la puissance, l'autorité promise à Juda doive s'étendre constamment sur les autres tribus. Elles peuvent aussi bien s'entendre d'une autorité politique sur elle-même. En admettant ce sens, l'objection tombe, et la prophétie se trouve pleinement accomplie, d'adord jusqu'à Jésus-Christ et ensuite dans sa personne. C'est ce qu'il s'agit de développer.

La prophétie de Jacob a pour objet les descendans de Juda; la tribu qui doit naître de lui, de même que les prédictions qu'il fait à ses autres enfans sont relatives aux tribus dont ils doivent être les pères. Ces tribus devoient former autant de corps politiques, ayant chacun leurs chefs, leurs magistrats, leurs

juges. Cela se voit assez clairement dans la prophétie faite à Dan, où Jacob lui annonce qu'il jugera son peuple, de même que les autres tribus d'Israël (133). Je sais que beaucoup d'interprètes entendent autrement ce passage, et disent qu'il a rapport aù temps où la tribu de Dan donna à la nation un juge dans la personne de Samson. Mais il paroît que Jacob annonce à Dan une chose qui doit lui être commune avec toutes les autres tribus, et on ne voit pas de chefs de la nation entière dans toutes les tribus. Dailleurs s'il est naturel d'expliquer une prophétie par l'événement en voyant chaque tribu avoir son régime particuJier, nous pouvons avec fondement juger que c'est là ce qu'a prédit Jacob. Ses paroles à Juda, prises en elles-mêmes, n'expriment pas plus une autorité sur les autres tribus, qu'une autorité sur ellemême; mais entendues dans ce dernier sens, elles sont conformes à celles adressées dans la même suite de discours à son frère Dan. Il est donc naturel de leur donner cette signification; et voici qu'elle est alors la prophétie : entre lęs

douze tribus, qui toutes formeront des sociétés politiques, ayant chacune leurs chefs et leurs magistrats, la tribu de Juda aura cela de particulier qu'elle conзervera son autorité civile schebet et ses chefs pris dans clle, metokek, jusqu'au temps où viendra l'envoyé. Il paroît que c'est dans ce sens que saint JeanChrisostôme a entendu cet oracle (134); et il est d'autant plus juste de l'entendre dans ce sens simple et naturel qu'entendu ainsi il a eu son accomplissement plein et exact. Les autres tribus ont cessé d'exister en corps d'état et d'avoir des chefs pris dans leur sein. Juda a conservé constamment la prérogative qui lui avoit été annoncée; cette tribu n'a perdu la verge de commandement et le chef tiré d'elle qu'au temps de la venue de Jésus-Christ. La suite de son histoire le montre clairement.

XIII. Quelques interprètes ont cru trouver, dès le temps où les israëlites étoient dans l'Egypte en état de servitude, des traces de l'autorité qu'exerçoient dans chaque tribu des chefs qui en étoient tirés. Ils se fondent sur ce

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