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CHAPITRE PREMIER.
De la Prophétie en général.

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I. Le nom de prophète, dans les livres saints, n'a pas toujours la même signification. Il désigne quelquefois celui qui est chargé de porter la parole pour un autre. Nous en avons un exemple dans le livre de l'exode, où Dieu dit à Moyse, qui craignoit de n'être pas entendu de Pharaon Aaron votre frère sera votre prophète (13). Dans d'autres endroits, ce mot signifie des hommes occupés à chanter les louanges du Seigneur. Ainsi, au premier livre des Rois, nous voyons Saul se mêler au choeur des prophètes, et prophétiser d'abord avec eux, et ensuite seul dans sa maison (14). Quelquefois encore ce titre est donné à ceux qui enseignoient et expliquoient la loi de Dien. C'est en ce sens que dans les livres des Rois, il est fait plusieurs fois mention des enfans des prophètès; c'est-à-dire, de leurs disciples et des jeunes gens qui étudioient,

sous eux, la loi sainte (15). Mais ce ne sont pas-là les significations précises et actuelles du mot prophète. Nous entendons, par ce mot, uniquement un homme qui prédit l'avenir de la part de Dieu.

II. Toute prophétie est une prédiction; mais toute prédiction n'est pas une prophétie.

D'abord nous disons que la prophétic est une prédiction. Elle a pour objet l'annonce des choses futures. La déclaration faite au nom de Dieu, des choses passées ou présentes qui sont secrètes, s'appelle révélation, mais ce n'est pas une vraie prophétie, et ce n'est qu'improprement que plusieurs saints Pères lui ont donné ce nom.

Nous disons ensuite que toute prédiction n'est pas une prophétie, ce qui exclut deux sortes de prédictions.

En premier lieu, on ne peut pas mettre au rang des prophéties, les prédictions qui se font d'après la connoissance que l'on a des causes naturelles. L'astronome prédit des éclipses; le médecin, les crises des maladies; le physicien, les phénomènes de la nature. Toutes ces conjectures, plusou

moins vraisemblables, quelquefois même certaines, ne placent pas celui qui les produit parmi les prophètes. Les payens eux-mêmes ne les regardoient pas comme appartenantes à leur divination (16).

En second lieu, elles ne sont pas non plus, des prophéties, les prédictions faites en l'air et au hasard, qui, cependant se réalisent quelquefois, parce que les événemens qu'elles annoncent étoient dans l'ordre de la possibilité, peut-être même de la probabilité. Il faut, de plus, pour constituer une vraie prophétie, que la chose prédite ait été prévue avec certitude.

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D'après ces observations, nous définissons, avec le commun des théologiens, la prophétie la prévision certaine et la prédiction des choses futures, dont la connoissance ne peut pas être acquise par les causes naturelles.

La première question qui se présente est de savoir si la prophétie, telle que nous venons de la définir, est possible. Nous répondons deux choses: la première, qu'elle est possible à Dieu, la seconde, qu'elle n'est possible qu'à Dieu. III. 1. Comme nous avons démontré

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la possibilité du miracle par la toutepuissance de Dieu, de même par sa prescience, nous prouvons la possibilité de la prophétie. Pour contester cette vérité, il faudroit soutenir que Dieu, ou ne prévoit pas tous les événemens, ou ne peut pas en donner à l'homme la connoissance, ce qui sont deux absurdités : car, d'une part, comment imaginer que celui qui, de toute éternité, a ordonné tous les événemens futurs, les ignore (17)? De l'autre, quelle répugnance peut-on apercevoir à ce que Dieu communique à l'homme cette connoissance? Est-ce la révélation en elle-même qui répugneroit? Nous avons prouvé le contraire. Est-ce la révélation seulement des choses futures? Qu'y a-t-il` là qui implique contradiction? Dieu a pu rendre l'homme capable de prévoir certaines choses par la lumière naturelle. Qu'y a-t-il donc de répugnant à ce qu'il lui découvre dans l'avenir des événemens que la seule lumière naturelle ne peut pas faire apercevoir? La prophétie n'implique contradiction ni du côté de Dieu ni du côté de l'homme. Elle est donc évidemment possible.

On comprend difficilement qu'un écrivain célèbre ait cru attaquer la possibilité de la prophétie par le raisonnement suivant. Il est évident qu'on ne peut savoir l'avenir, parce qu'on ne peut savoir ce qui n'est pas (18). Avec ce bel argument on établira de même qu'un astronome ne peut pas prévoir avec certitude les éclipses qui ne sont pas encore, C'est précisément ce qui n'existe pas encore, ce qui est actuellement rien, qui peut être l'objet de la prévision et de la prédiction. La parité est exacte, il n'y a qu'une différence : l'homme prédit ce qui n'est pas, mais ce qui ne surpasse *point ses lumières. Dieu seul prédit ou fait prédire ce dont l'existence future excède toutes les connoissances humaines.

IV. 2. Puisque la vraie prophétie exclut les connoissances naturelles, il est évident qu'elle est de l'ordre surnaturel, et par une conséquence ultérieure, qu'elle ne peut venir que de Dieu. Elle est un genre de miracle que Dieu seul peut opérer, soit par lui-même, soit par ceux à qui il en donne le pouvoir, Celui-là seul peut donner une connois

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