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» Et ce hasard l'exclut d'un rang si glorieux.

» Pour vous, qu'à plus d'un titre ont proclamé les dieux,

» Vous, de qui la fortune obtint des destinées

*

>> Le droit de la naissance et celui des années,

» Marchez puissé-je voir réunis dans vos mains
» L'intérêt d'Ilion et celui des Latins!

» Ce n'est pas tout mon fils, dont la tendre jeunesse
» Est l'espoir de l'état, celui de ma vieillesse,'

Digne appui des Troyens ensemble et des Toscans, » Va quitter mon palais pour voler dans vos camps. >>> Instruisez aux combats son précoce courage;

>>

Qu'il en fasse sous vous le noble apprentissage;
» De vos hautes leçons qu'il connoisse le prix:
»Savoir vous admirer, c'est avoir tout appris..
» De deux cents cavaliers une élite intrépide
» Va joindre à vos soldats son escadron rapide;
» Deux cents autres bientôt, également choisis,
» Vont sous vos étendards accompagner mon fils. »
Il dit et le héros, et le fidèle Achate,

:

Malgré le noble espoir dont ce discours les flatte,
Tous les deux en silence, immobiles tous deux,
Plongent d'un œil tremblant dans l'avenir douteux.
Tout à coup un signal que donne Cythérée
Vient ranimer leur coeur. Dans la plaine éthérée
L'air s'ébranle, des cieux partent de longs éclairs,
La trompette éclatante a sonné dans les airs.

On regarde, on se tait : de nouveau les cieux grondent.
Alors dans l'air serein, où mille échos répondent,

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Suspiciunt : iterum atque iterum fragor increpat ingens.
Arma inter nubem, coeli in regione serena,

Per sudum rutilare vident, et pulsa tonare.
Obstupuêre animis alii; sed Troïus heros
Agnovit sonitum, et divæ promissa parentis.
Tum memorat: Ne verò, hospes, ne quære profectò
Quem casum portenta ferant: ego poscor olympo.
Hoc signum cecinit missuram diva creatrix,
Si bellum ingrueret, vulcaniaque arma per auras
Laturam auxilio.

Heu! quantæ miseris cædes Laurentibus instant !
Quas poenas mihi, Turne, dabis! quàm multa sub undas
Scuta virûm galeasque et fortia corpora volves,
Tibri pater! Poscant acies, et foedera rumpant.

Hæc ubi dicta dedit, solio se tollit ab alto; Et primùm herculeis sopitas ignibus aras Excitat; hesternumque Larem

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, parvosque Penates
Lætus adit: mactant lectas de more bidentes','
Evandrus pariter, pariter Trojana juventus.
Post hinc ad naves graditur, sociosque revisit;
Quorum de numero, qui sese in bella sequantur,

Une superbe armure en longs sillons de feuxDescend, tonne à l'oreille, et resplendit aux yeux. Ces éclairs, ce fracas, cette armure brillante, Dans les cœurs attentifs ont jeté l'épouvante : Mais Vénus par ces sons se révèle à son fils; C'est elle, c'est sa mère, et ses dons tant promis. « Cher Évandre! dit-il, que ce bruit, cette flamme » D'une vaine frayeur n'altère point votre ame; » J'entends, je reconnois ce grand signal des cieux : » C'est à moi, c'est à moi que s'adressent les dieux. » Vénus, si les Latins me déclarent la guerre, » Et j'en crois son amour, doit au bruit du tonnerre » Descendre, et m'apporter les armes que Vulcain, » Pour défendre son fils, fabriqua de sa main. » Malheureux Laurentins, quel péril vous menace! >> Combien votre Turnus paîra cher son audace! » Et toi, fleuve toscan, ah! combien dans tes flots » Tu vas rouler de sang, d'armes et de héros ! » Allez, fiers ennemis; déclarez-moi la guerre ; » Vos têtes répondront des malheurs de la terre! A ces mots, prononcés d'un accent solennel, Il se lève, d'Hercule il approche l'autel, S'incline avec respect, sous la cendre réveille Les restes assoupis des flammes de la veille, Présente son hommage à ces humbles foyers, Immole cinq brebis aux dieux hospitaliers. Évandre y joint ses dons; et, marchant vers le temple, La jeunesse troyenne imite leur exemple,

Præstantes virtute legit; pars cetera pronâ

Fertur aquâ, segnisque secundo defluit amni,
Nuntia ventura Ascanio rerumque patrisque.
Dantur equi Teucris Tyrrhena petentibus arva:
Ducunt exsortem Æneæ, quem fulva leonis
Pellis obit totum, præfulgens unguibus aureis.

Fama volat, parvam subitò vulgata per urbem, Ociùs ire equites Tyrrheni ad limina regis. Vota metu duplicant matres, propiùsque periclo It timor, et major Martis jam apparet imago. Tum pater Evandrus, dextram complexus euntis, (11 Hæret, inexpletùm lacrymans, ac talia fatur :

O mihi præteritos referat si Jupiter annos! Qualis eram, cùm primam aciem Præneste sub ipsâ Stravi, scutorumque incendi victor acervos;

Et regem hac Herilum dextrâ sub tartara misi,
Nascenti cui tres animas Feronia mater

Le héros vers sa flotte enfin porte ses pas,
Choisit des cœurs vaillans et d'intrépides bras;
Le reste sur les flots, dont le cours les seconde,
Descend et s'abandonne à la pente de l'onde,
Va rejoindre son camp, et redire à son fils
Ce que le roi, le sort et les dieux ont promis.
Enfin, pour la jeunesse à Tarchon destinée

1

Des coursiers sont choisis; celui que monte Énée
Par une peau de tigre et par ses ongles d'or,
Déjà brillant et fier, se distinguoit encor.

Mais bientôt, consternant la foule épouvantée,
Un bruit s'est répandu dans l'humble Pallantée,
Que vers les murs toscans marche un gros de soldats :
Les mères, qu'effrayoit l'approche des combats,
Au pied des saints autels redoublent leurs prières,
Et, plus près du péril, frémissent d'être mères.
Le roi de ses adieux attendrit le héros,
Le presse sur son sein avec de longs sanglots,
Et, pour un fils qu'il aime exprimant ses alarmes,
De ses yeux paternels verse un torrent de larmes.

« Ah! si les dieux, dit-il, me rendoient mon printemps;

» Si j'étois ce guerrier qui dans de meilleurs temps
>> Moissonna, sous les murs de Préneste tremblante,
>> Des rangs entiers tombés sous sa main triomphante;
» Et, de leurs boucliers embrasant des monceaux,
» Voloit de la victoire à des combats nouveaux !
» Si j'étois ce vainqueur qui dans le noir Tartare
» Plongea cet Hérilus, ce colosse barbare,

III.

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