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En considération de ce qu'il y a, dans leur métier, de nuisible à l'espèce humaine, Timon leur prodigue son or; mais ses conseils atroces produisent un effet tout contraire à celui qu'il en attend, et les brigands, frappés d'horreur, prennent la résolution de changer de vie, et de devenir honnêtes gens.

Flavius vient trouver son maître, qu'il a cherché pour le secourir. Timon entre d'abord en défiance de la pureté de ses motifs. Mais, bientôt convaincu du désintéressement de Flavius, il le force à recevoir de l'or, et se sépare ensuite de lui, en lui disant :

« (8) Ne vois jamais les hommes, et que je ne te voie jamais! »>

ACTE CINQUIÈME.

SCÈNE PREMIÈRE.

Bois, en face de la caverne de Timon.

Le poëte et le peintre du premier acte, ayant appris que Timon est encore dans l'opulence, viennent le chercher au fond des bois, pour lui promettre leurs ouvrages; car, dit le peintre,

(9) Promettre est le ton du siècle. La promesse tient éveillée l'espérance, qu'engourdit et tue l'accomplissement de la parole. Tenir n'est plus en usage que parmi

(8) Ne'er see thou man, and let me ne'er see thee.

of

(9) Promising is the very air o' the time: it opens the eyes expectation: performance is ever the duller for his act; and, but in the plainer and simpler kind of people, the deed of saying is

les gens du peuple. Promettre est plus poli, plus à la mode; tenir sa promesse, c'est faire son testament: cela annonce toujours une grande maladie dans le jugement de celui qui agit ainsi. »

Timon, qui les a entendus, après s'être amusé à leurs dépens par un accueil favorable, fait plus que leur promettre, et leur donne comptant des coups de bâton, avec lesquels il les renvoie.

SCÈNE SECONDE.

Deux sénateurs, députés par leur corps tout entier, viennent supplier Timon, qui s'est autrefois illustré à la tête des armées, de prendre la défense d'Athènes contre la révolte d'Alcibiade, et de ses troupes. Timon s'égaie aux dépens des terreurs du

sénat.

« (10) Moquez-vous,

dit-il,

de leurs glaives, tant que vous aurez des gorges

y opposer. »

Puis, changeant de ton, il feint d'être touché des maux de ses concitoyens. Les députés se félicitent déjà de leur succès, lorsque Timon les charge d'offrir

quite out of use. To promise is most courtly and fashionable : performance is a kind of will, or testament, which argues a great sickness in his judginent that makes it.

(10)

For their knives care not,

While you have throats to answer.

aux habitants d'Athènes, grands et petits, la commodité d'un arbre de son jardin, pour s'y venir pendre, avant qu'il l'ait fait abattre.

SCÈNE TROISIÈME.

Les murs d'Athènes.

Les députés du sénat annoncent qu'il ne faut point compter sur Timon.

SCÈNE QUATRIÈME.

Les bois.

Un soldat vient chercher Timon de la part d'Alcibiade; il ne trouve que son tombeau, avec une épitaphe, dont il prend l'empreinte sur de la cire. SCÈNE CINQUIÈME.

Les remparts d'Athènes.

La ville se rend à Alcibiade, qui a promis d'user de clémence envers le sénat.

Le soldat rapporte à son général l'inscription gravée sur le tombeau de Timon. Alcibiade la lit, et déplore les malheurs de celui qu'il a vengé en se vengeant lui-même.

Cette pièce, dont l'idée paraît avoir été fournie à Shakspeare par un passage de Plutarque dans la vie d'Antoine, a été refaite en Angleterre par deux auteurs différents.

MISE A LA RAISON.

(Taming of the SHREW.)

Voici une des pièces où Shakspeare a jeté le plus d'idées dramatiques. Mais elles n'y sont qu'en germe. Il ne les a point développées, ou, en les développant, il en a flétri tout le charme. Le luxe de l'imagination contraste par-tout ici avec une indigence absolue d'art et de raison.

D'abord, nous trouvons deux pièces bien distinctes, bien séparées; et celle qui donne le titre à l'ensemble de l'ouvrage, est encadrée dans une intrigue délicieuse, mais qui tourne beaucoup trop court, et dont Shakspeare n'a pas assez apprécié le mérite et les ressources. Il l'a modestement présentée comme un simple prologue (*). Mais il est visible qu'elle ne répond pas du tout à l'idée qu'on se fait d'un prologue, et que, dans son petit acte, c'est une pièce entière, à laquelle il ne manque qu'un dénouement.

Nous allons d'abord nous occuper de ce prologue, ou de cette introduction, comme on voudra. L'idée paraît avoir été fournie par une anecdote de Philippele-Bon, duc de Bourgogne. C'est le Dormeur éveillé des Arabes (4).

(*) Induction.

ESSAIS LITTéraires sur SHAKSPEARE. 301

SCÈNE PREMIÈRE.

Une place, en face d'une taverne.

Un chaudronnier ivre, nommé Sly, se querelle avec l'hôtesse d'une taverne, et refuse de payer des verres qu'il a cassés ; pendant que l'hôtesse va chercher le magistrat, Sly s'endort par terre.

Un lord, qui revient de la chasse, aperçoit l'ivrogne plongé dans un sommeil léthargique, et il lui prend la fantaisie de s'en amuser. Il ordonne à ses gens de ramasser le manant, et de le porter au château, de ne l'appeler que Mylord, et de lui faire accroire qu'il est fou depuis plusieurs années, et que sa folie consiste à méconnaître son rang.

Pendant qu'on exécute les ordres du seigneur, une troupe de comédiens vient à passer par là, et lui offre de donner une représentation. Le lord accepte, curieux de voir l'effet que le spectacle produira sur Sly.

SCÈNE SECONDE.

Chambre à coucher, dans le château du lord.

Sly vient de se réveiller: il se voit entouré de la magnificence d'une maison opulente; et quand il demande un pot de bière, on offre à sa grandeur un verre de vin des Canaries.

Il a beau réclamer contre sa soudaine métamorphose, on le monseigneurise de force; plus il répète qu'il est chaudronnier, plus on lui répond que c'est là

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