Oldalképek
PDF
ePub

dans le Bulletin de la Société. Les autres Mémoires, classés par ordre de mérite, resteront à la Société, qui sera libre de les publier.

A l'arrivée de l'Amiral et dans l'intervalle des différents sujets traités, l'excelleute musique des équipages de la flotte, sous l'habile direction de M. Léon Karren, a fait entendre différents morceaux, et entre autres les airs nationaux des États de Colombie et de la République de l'Uruguay, dont il venait d'être question.

La séance est levée à 3 heures 1/2.

ARCHIPEL DES ILES MARQUISES

CHAPITRE Ier

Arrivée à Nuka-Hiva.

- Une fiûte à nez.

[blocks in formation]
[ocr errors][merged small]

Le fils de M. X.

Archipel de MenLes iles Motu-Iti, Ua-Pu, Ua-Uka, Tahuata,

Commandant la frégate l'Aventure, M. le capitaine de vaisseau Dubouzet, récemment nommé gouverneur des établissements français de l'Océanie, allait à la NouvelleCalédonie, ayant pour mission préalable de relâcher aux iles Marquises, et de rendre à la liberté trois condamnés politiques, MM. Gent, Aude et Langomazino, que l'Empereur venait de gracier. L'évacuation du pénitencier de Nuka-Hiva, créé par une loi spéciale du 8 juin 1850, ayant pour conséquence la suppression de la garnison du fort, nous devions embarquer pour Taïti, non-seulement les déportés et leurs familles, auxquels la rentrée en France était interdite, mais aussi tout le personnel militaire et administratif de Tahio-Hae.

Le 7 novembre, de grand matin, nous aperçùmes à l'horizon, à peine estompés dans la brume, les profils de Nuka-Hiva. Plus tard, nous distinguâmes ses hautes montagnes aux crêtes aiguës et déchiquetées, et les profondes dentelures des sommets de cette terre volcanique. Une

vigoureuse végétation couvrait ces flancs montagneux, et à leur base, des masses d'ombre accusaient la direction des fertiles vallées de cette île.

Longeant un îlôt de forme conique, la Sentinelle de l'Ouest, nous vîmes, après l'avoir doublé, une roche dénudée, la Sentinelle de l'Est, appelées ainsi l'une et l'autre, en raison de la situation qu'elles occupent de chaque côté de l'entrée de la baie de Tahio-Hae. Un chenal de 100 mètres sépare cette dernière roche de l'île.

Au fond de la baie était un fort français, le fort COLETTE, que nous reconnùmes à son pavillon largement déployé par la brise. Derrière, s'élevaient des montagnes sur les flancs bruns desquelles apparaissait le Dyke blanc d'Aragonite en forme de croix, que jadis Porter signala comme pouvant servir de point de relèvement pour entrer dans la baie.

Ce ne fut qu'après avoir longtemps louvoyé, que nous atteignîmes le fond de la rade où, vers onze heures, nous mouillâmes non loin de terre et par dix brasses de fond.

La baleinière des officiers du fort, qui s'empressaient de nous faire apporter des fruits et des vivres frais, était seule sur la rade, autrement déserte, la frégate de la station du Pacifique l'Artémise se trouvant en Californie, d'où elle devait sans tarder faire voile pour Taïti.

Si en 1838, Dumont-Durville, aussitôt après le mouillage des corvettes l'Astrolabe et la Zélée dans la baie de Tahio-Hae, fut obligé de faire tendre des filets d'abordage pour s'opposer à l'escalade et à l'envahissement des femmes, qui nageaient le long du bord, le commandant Dubouzet n'eut point à se préoccuper de ce soin. Aucune naïade ne vint vers nous, et ce fut en vain que, munis de nos jumelles marines, nous tentâmes de découvrir à terre l'une de ces indigènes, jadis aussi audacieuses que provocantes.

Dès que le canot major accosta le débarcadère, deux chefs nuhiviens qui, pour nous faire honneur, avaient revêtu leur costume de grande cérémonie, s'avancèrent jusqu'au bas de la cale et nous souhaitèrent la bienvenue: KAHOA (bonjour)! nous dirent ils d'une voix sombrée et gutturale; KAHOA! leur répondîmes-nous en leur tendant. la main (1).

En abordant ces insulaires, nous ne pûmes maîtriser tout d'abord l'émotion de surprise que nous ressentîmes en nous trouvant pour la première fois en présence de ces sauvages, de ces cannibales peut-être, parés d'un costume authentique et nullement de fantaisie, ainsi qu'on se plaît à les affubler lorsqu'on les représente aux enfants dans leurs livres de contes.

Le maintien fier de ces deux hommes, leur air grave et réservé, tout en eux se trouvait réuni pour imposer le respect.

De haute taille, ces chefs avaient la tête ceinte d'un tavaa, sorte de coiffure composée de longues plumes de coq, vertes et à reflets métalliques, disposées en éventail sur un disque cintré, orné sur le devant de petits grains rouges d'abrus precatorius, collés à côté les uns des autres. Deux plumes blanches caudales de l'oiseau appelé paille en queue, se dressaient en guise d'aigrettes au centre de ce large éventail dont les longues plumes leur tombaient presque sur les épaules.

Les tatouages bleuâtres qui ornaient le front et les joues, ceux qui entouraient les ailes du nez, la bouche et le menton de ces chefs, donnaient à leur visage, en partie

(1) Aux îles Marquises le parler est lent, on scande les mots d'une façon marquée. Le langage est hérissé de consonnes dures et rudes; les ky abondent, les r y sont rares, les font défaut. La consonne ng ne se rencontre que dans une seule vallée de Nuka-Hiva.

64

caché sous ces marques indélébiles, un aspect farouche. Bien qu'ils s'efforcassent de paraître aimables et de sourire, ils n'en avaient pas moins l'air presque redoutables. Plus tard, nous pùmes nous convaincre qu'ils étaient les meilleurs gens du monde.

De petits ornements sculptés dans des dents de cachalot (kahau), traversaient leurs oreilles, et à leur collier, fait de dents de porcs ou de requins enlacées, pendait une assez large valve d'huître perlière.

Nouée autour de leur cou et en guise de manteau, flottait sur leurs épaules une longue pièce d'étoffe rouge, de fabrication indigène (tapa), qui, traînant jusqu'à terre, laissait par-devant à découvert les tatouages de leur poitrine, ceux de leurs avant-bras, de leurs mains, de leurs jambes et de leurs pieds, dessins bizarres qui étaient profondément scalpés dans la peau de leurs membres.

De grosses touffes de cheveux noirs et crépus (topepu), entouraient leurs poignets, et de semblables ornements (e poe), ceignaient leurs jambes au-dessus des malléoles.

Par dessus leur maro ou hami, qui cachait la nudité de leur sexe, ils portaient autour des hanches un autre éventail, plus large que celui qui leur servait de coiffure, et qui, à part le disque de grains rouges dont il était privé, lui était en tout semblable.

Autrefois, les guerriers portaient encore à leur ceinture des crânes humains, en partie remplis de petits cailloux qui faisaient beaucoup de bruit quand ils dansaient ou gesticulaient.

Droits et fièrement campés, ces hommes tenaient d'une main un long bâton en bois de fer (Casuarina equisetifolia), terminé au sommet par une touffe de cheveux crépus, à l'instar d'une tête d'écouvillon. Ils agitaient de la main droite un éventail en lanières tressées de feuilles de pan

« ElőzőTovább »