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Il est matériellement possible, ajoute judicieusement M. Kerviler, de se placer sous ce dais élégant pour porter la parole vers la place; mais il ne paraît guère probable qu'un prédicateur ait jamais essayé d'y monter pour entraîner la foule, car sa voix n'eût pu se faire entendre d'une pareille hauteur à une distance suffisante. Elle eût porté dans le vide. C'est plutôt, dit en terminant l'habile ingénieur, une sorte de Loggia d'où l'évêque donnait sans doute, les jours de grande fête, sa bénédiction solennelle.

En finissant son étude sur les chaires, M. Kerviler fait passer sous nos yeux une petite chapelle en l'honneur de sainte Anne, construite par un architecte plein de goût, en 1879. à Plonéis, entre Quimper et Douarnenez.

Cette chapelle est précédée d'un porche couvert par une terrasse, et cette terrasse, entourée d'une élégante balustrade, supporte un autel en pierre... On y prêche du haut de la balustrade, devant des foules de 5 à 6,000 per

sonnes...

Et M. Kerviler a raison d'ajouter : C'est ainsi que le domaine archéologique se continue, dans les pays de foi, jusqu'aux périodes directement contemporaines...

Il ne serait peut-être pas téméraire de dire que les premiers missionnaires de la foi chrétienne, en Bretagne, n'ont fait en prêchant la parole divine aux populations rassemblées au pied de leurs chaires en plein vent ou improvisées pour la circonstance, que suivre l'exemple des druides qui, eux aussi, devaient exercer un ascendant immense au moyen de la parole qu'ils adressaient au peuple du haut des dolmens ou du pied des menhirs, ou sur les tumulus qui renfermaient les restes vénérés des aïeux, ou bien encore au pied du chêne sur les rameaux duquel ils venaient avec leur serpette d'or de couper le gui sacré, et dont les branches touffues formaient une voûte verdoyante qui prolongeait au loin leur voix. P. MAURIÈS.

JUIN 1882.

FREITAS CONTRE GROTIUS

SUR

LA QUESTION DE LA LIBERTÉ DES MERS

(Justification de la domination portugaise, en Asie)

Par le Dr Fr.-Séraphin de FREITAS, Portugais

De l'Ordre de N.-D. de Merci

Professeur de la Chaire de Droit canon à l'Académie de Valladolid

TRADUIT PAR LE COMMISSAIRE GÉNÉRAL DE LA MARINE

A. GUICHON DE

GRANDPONT

Il est superflu de longuement insister sur la compétence du traducteur à reproduire fidèlement les idées de son modèle latin, et à nous initier, nous profanes, à la science du Droit canonique. L'auteur des Gloriæ navales, et de la traduction en vers français de l'Imitation de J.-C., nous avait déjà prouvé que la langue d'Horace et de Virgile lui était familière, aussi bien que la prose latine adoptée par les théologiens et quelques écrivains ascétiques.

Nous conseillons à nos studieux lecteurs de ne point dédaigner les quelques pages qui précèdent le travail de cette traduction qui nous semble composé avec autant de conscience que de talent. Ils y verront que M. Guichon de Grandpont, comme il le dit lui-même, s'était plu, dans l'ardeur d'une studieuse jeunesse, à traduire le Mare Libe

rum, de Grotius, séduit qu'il avait été par les idées généreuses et l'énergique éloquence du célèbre jurisconsulte hollandais. Il avoue en toute sincérité que Selden, Burg, Welwod et plusieurs autres, les champions de la doctrine contraire, ne lui inspiraient aucun intérêt. Il confesse avec une bonne foi qui n'est pas toujours l'apanage des savants, qu'il ignorait alors plusieurs choses, lesquelles, sans modifier son opinion sur le fond et l'issue du débat, auraient pu lui inspirer quelque réserve, quant à la solidité des argumentations respectives et au mérite de certains contradicteurs.

On peut dire aujourd'hui, que c'est grâce à M. Guichon de Grandpont que le monde des savants et des jurisconsultes a pris connaissance du plus sérieux adversaire de Grotius, le seul qui, suivant les énergiques et pittoresques expressions du traducteur, l'ait saisi vigoureusement corps à corps, chapitre par chapitre, argument par argument, avec une science aussi profonde qu'étendue.

M. A. Guichon de Grandpont, en homme judicieux, en écrivain d'un goût pur et sévère, ne dresse point le modèle qu'il traduit sur un piédestal, où certains écrivains ont coutume de placer, comme des idoles, les auteurs originaux dont ils ont interprété le texte. Il reproche au savant réfutateur du Mare Liberum, de Grotius, des défauts disgracieux et fatigants, tout en rendant pleine justice à son ardent et pur patriotisme, à sa piété ferme, à son savoir, à sa méthode, à la droiture et à la supériorité de son jugement. Il nous montre la surabondance, la prolixité, la naïveté, les répétitions, tolérables et souvent utiles au barreau, ou dans une chaire d'enseignement, mais qui à ses yeux sont autant de fautes dans une discussion politique aussi élevée que celle à laquelle se livre le Dr Freitas.

Et le texte de l'auteur portugais étant d'un bout à l'autre

si encombré, comme à plaisir, de la mention des lois et des autorités dont il s'appuie, que le fil en est brisé à chaque page, et ne se renoue parfois que difficilement, l'ingénieux traducteur a pris soin de renvoyer la plupart de ces citations au bas des pages où l'on peut les consulter avec fruit.

Sachons donc gré à notre savant et laborieux collegue, d'avoir entrepris la résurrection d'un ouvrage qui dormait enseveli dans la poussière des siècles. La traduction est à peu près littérale. M. A. Guichon a pensé que les lecteurs préféreraient un mot à mot assez correct à de sonores équivalents, et qu'ils lui sauraient gré de ne point déguiser ni atténuer la pensée de l'original.

En considérant l'importance des questions qui sont traitées par Freitas, nous ne pouvons que souscrire à l'idée si énergiquement exprimée par son habile traducteur :

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Que le livre de Freitas doit accompagner celui de Grotius dans les grandes bibliothèques publiques de tous les peuples, dans celles des assemblées législatives, des souverains, des ambassadeurs, des universités et des chancelleries; dût la poussière en être rarement secouée, ajoute le traducteur, j'aurai atteint mon but modeste. »

Ce qui donne à nos yeux un vif relief au travail de M. A. Guichon de Grandpont, c'est qu'il a consacré une courte, mais substantielle notice à ce Freitas, dont j'ai vainement cherché le nom dans nos biographies prétendues universelles et dans de volumineuses encyclopédies. Le traducteur a puisé ces documents dans la meilleure source, c'est-à-dire dans la Bibliotheca Lusitana de Diego Barbosa Machado, abbé de Sever, créateur de la bibliographie en Portugal, et l'un des trois frères dont le roi Joseph disait bonus, melior, optimus, arrière grand-oncle de S. E. José da Silva Mendès Leal; Celdra, littérateur portugais, et présentement ministre plénipotentiaire en France.

Nous signalerons à l'attention de nos lecteurs le chapitre de Freitas, intitulé: « Les Portugais ont-ils les premiers, pénétré dans l'Inde, par l'Océan antarctique? Celui qu'il a consacré aux navigations de Hannon et d'Eudoxe. L'auteur portugais y a prodigué tous les trésors de son immense érudition.

A ceux que ne rebutent point les études sur le Droit canonique, nous recommandons vivement la lecture des chapitres fort importants et fort instructifs qui traitent de la puissance du Souverain-Pontife à l'égard des choses temporelles, et du droit de pénétrer chez les Indiens, appartenant de préférence aux Portugais, en vertu de titre émané du Souverain-Pontife.

En relisant, avec le soin que comporte la matière, l'apologie des Portugais, en contemplant leur richesse avant leur navigation aux Indes, et les gains qu'ils ont conquis par ce commerce, on songe involontairement à l'énorme prépondérance que le Portugal fit sentir au monde commercial et maritime, on se reporte au temps où la gloire des découvertes faisait rejaillir sur ce beau pays de splendides reflets; aux jours heureux ou Diégo Cano découvrait le Congo, Alphonse Aveiro le Benin, Barthélemy Diaz le cap des Tourmentes (le cap de Bonne-Espérance), où Vasco de Gama double le cap de Bonne-Espérance; comme l'a dit un poète :

« Au sein du désespoir il puisa l'espérance. »

Vous voyez se dresser devant vous des hommes comme Cabral qui voit, poussé par la tempête, Quiloa, sur la côte orientale de l'Afrique; Gaspard Cortereal qui visite TerreNeuve, le fleuve Saint-Laurent et les côtes du Labrador; l'illustre florentin Americ Vespuce, voyageant au service du Portugal, explorant le Brésil dont il prend possession;

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