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commencement du XIIe siècle : car il est dit dans l'acte de la dédicace de l'autel de l'église de Notre-Dame du Ronceray, qui fut faite en 1119 par Calixte II, que ce pape, après la cérémonie, alla, suivi de l'Abesse et des religieuses du Ronceray, prêcher dans le cimetière de SaintLaurent Papa verò portea, tumbam, quæ est in cœmeterio Sancti Laurentii, ascendit, ibique populo verba Domini paulo refecto, etc. »

« Dans l'année 1119, une grande rumeur s'empare de notre cité (Angers); la population tout entière assiège les rues conduisant au Tertre Saint-Laurent; le clergé de la province, dans sa pompe sacerdotale, s'échelonne hiérarchiquement sur la croupe de la colline; une tombe s'élève parmi celles du cimetière. Un illustre personnage monte sur la pierre funèbre, et son œil imposant embrasse avec amour la multitude dévote qui serpente autour de lui; il aperçoit tous les temples sacrés où naguère Urbain II avait crié : « Chrétiens, partez à la Croisade, Dieu le veut! » Ce personnage illustre, c'était le pape Calixte II. L'histoire ne nous a pas conservé ses paroles; mais la chaire en plein vent qu'il choisit sur le Tertre, nous annonce qu'elles durent fulminer contre l'hérésie de Bérenger, dont plusieurs esprits se nourrissaient encore. »

« Ce fut pendant le règne de Foulques V, que le pape Calixte II vint à Angers, et y consacra, à la sollicitation du comte, l'autel principal de l'église du Ronceray, en présence des évêques d'Angers, de Lyon, de Nantes, et de Geoffroi, abbé de Vendôme, qui le même jour, firent la dédicace de cette église. »

Après cette cérémonie, qui eut lieu la veille de Noël, de l'an 1119, le pape se rendit au cimetière Saint-Laurent, monta sur une tombe, et fit un discours très-touchant, qu'il termina en accordant à tous les auditeurs la remise

de la septième partie de leurs pénitences, et ycelle

mesme indulgence donna et octroya perpétuellement à tous ceux et celles qui, par chacun an, dévotement visiteront ladite église le jour de la solennité de la dédication. L'abbesse du Ronceray et ses religieuses assistè

rent à ce sermon.

... Le Sacre d'Angers, c'est-à-dire, la procession du jour de la Fête-Dieu, est une des plus curieuses qui se fassent dans le monde chrétien, et elle attire un grand concours de peuple dans la ville. Cette cérémonie a été principalement instituée pour être dans tous les siècles une réparation publique de l'hérésie de Bérenger, qui le premier parla, prêcha et dogmatisa contre la présence réelle...

... Des préparatifs extraordinaires annoncent la cérémonie dont il est ici question, le Sacre. La procession commence le jour de la Fête-Dieu de grand matin, et ne finit que le soir.

Outre le clergé qui est des plus nombreux, et les ordres religieux, on y voit l'Etat séculier par ordre de corps, de compagnies et de communautés, au nombre d'environ 4,000 personnes, marchant la torche allumée à la main. Le Chapitre de la cathédrale marche le dernier. Tous les musiciens sont en chape et suivent la croix. Douze enfants de chœur occupent le milieu de la rue entre les musiciens qui chantent conjointement un verset en musique. Les chanoines sont tous en chape derrière le dais, qui est très-beau et porté par quatre chanoines ou diacres. L'évêque et deux de ses archidiacres portent le Saint-Sacrement sur un brancard.

La procession va d'abord à l'abbaye du Ronceray, dans l'église de laquelle se trouve, à cette occasion, un reposoir très-magnifique. Les religieuses sont placées dans un jubé devant l'autel, et elles y exécutent un très-beau concert de musique.

Au sortir de cette église, la procession dirige sa marche

vers le Tertre de Saint-Laurent, qui est une montagne hors de la ville. Il y a en cet endroit une chapelle qui porte le nom du saint que nous venons de nommer, et dans cette chapelle subsiste encore à présent une chaire dans laquelle on prétend que Bérenger a prêché contre la présence réelle de J.-C. dans l'Eucharistie.

Un prédicateur monte dans cette même chaire, et y prêche un sermon relatif à la solennité. Ensuite, la procession revient à la ville dans le même ordre qu'elle en est sortie, mais avec cette différence qu'en revenant ce sont les trois archidiacres qui portent le Saint-Sacrement. L'évêque marche alors après les chanoines, en chape, mitré et crossé, et il donne de temps en temps la bénédiction au peuple.

Les rues par où passe la procession sont tendues de toiles en dessus; ce qui forme une espèce de plafond qui empêche que la procession ne soit mouillée quand il pleut, ou que le soleil n'incommode quand il fait beau. Toutes les boutiques sont ouvertes et remplies d'amphithéâtres sur lesquels le beau monde se place. Quoique cette procession parte dès le matin, ainsi que nous l'avons déjà dit, elle n'arrive à la cathédrale qu'à trois heures aprèsmidi...

Après cette excursion dans l'Anjou, revenons dans notre vieille province de Bretagne avec M. Kerviler, qui nous montre, d'après les documents inédits fournis par M. l'abbé Chauffier, ancien élève de l'école des Chartres, saint Vincent Ferrier montant sur les estrades et dans les chaires volantes pour de là haranguer ses pieux auditeurs.

La prédication de ce saint personnage, qui parfois a lieu dans le cimetière, rappelle à M. Kerviler, outre les chapelles ossuaires, ou abris pour dire les messes des morts qu'on remarque dans les cimetières de Bretagne, le petit monument composé d'un mur d'appui avec un comble

en pavillon élevé sur quatre colonnes, que l'on voyait encore à la fin du siècle dernier dans l'enceinte du Charnier des Innocents, à Paris.

Nous étudions avec autant de fruit que de plaisir archéologique, avec M. Kerviler, la construction des chaires extérieures qui font partie intégrante des calvaires des cimetières de Runan, de Pleubian et de Plougrescant (Côtes-du-Nord), de Plougasnou, de Trévignon, en Saint-JeanTrolimon, de Kerinec, en Poullan, et des Trois-Fontaines, entre Briec et Pleyben (Finistère), et de celles que l'on remarque aux murailles des églises de Guérande (LoireInférieure), de Vitré (Ille-et-Vilaine), de Guimiliau (Finistère) et du Guerno (Morbihan). Cette dernière surtout est de nature à piquer notre attention, car la chaire en est presque identique à celle de Guimiliau.

Ceux qui parmi vous, Messieurs, n'ont point visité le cimetière de Guimiliau, ne seront peut-être pas fâchés d'en lire la description; et pour ceux qui déjà le connaissent, elle ravivera leurs souvenirs.

Le cimetière, décoré d'un arc-de-triomphe et d'un ossuaire de 1648, renferme un calvaire qui est, à lui seul, un monument. On en fait le tour par cinq arcades chargées d'un peuple de statues en pierre, disciples, prophètes, saintes femmes, larrons sur leurs gibets, gardes sur leurs chevaux, dans les attitudes les plus naturelles et les plus naïves. Les soldats qui viennent arrêter le Christ au Jardin des Oliviers, portent des casques à visières, des rondaches et des culottes bouffantes avec braguettes; saint Pierre tient à la main l'oreille de Malchus; ailleurs une musique militaire, composée de tambours et d'olifants, précède le portement de la croix; dans une scène accessoire, des diables grotesques précipitent les damnés dans l'enfer, figuré par une gueule de dragon vomissant des flammes. L'arbre de la croix, à plusieurs étages, domine

cette foule de personnages, et des anges, suspendus dans les airs, recueillent dans des calices le sang qui coule des mains du Sauveur. »

Ce curieux calvaire, exécuté en Kersanton, porte au frontispice la date de 1581 et celle de 1588, sous la scène de l'Adoration des Mages.

Transportons-nous, avec M. Kerviler, à Sainte-Anne d'Auray, devant la Scala Sancta, construite au xvire siècle, la seule qui soit encore, suivant lui, en usage régulier dans notre région. Là, nous trouvons la plus vaste chaire qui ait jamais été élevée sur une place publique. Il est vrai que, lors de la reconstruction de la basilique, il y a quelques années, il a fallu la démolir à cause de l'allongement de l'église; mais, ajoute M. Kerviler, on en a précieusement conservé tous les matériaux, et on l'a réédifiée sur le même plan, dans le champ de la statue miraculeuse.

C'est, je crois, M. Deperthes, ancien architecte en chef de la ville de Brest, et celui-là même dont le plan de reconstruction de l'Hôtel de Ville de Paris a été choisi entre plus de soixante-cinq autres projets, qui est l'auteur de la reconstruction de la basilique de Sainte-Anne.

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M. Kerviler nous montre encore une petite chapelle ouverte, élevée sur le haut de la colline de Rumengol, pour les jours de pardon, et l'autel qu'on remarque sur le haut de l'arc-de-triomphe du cimetière de Saint-Jean-du-Doigt. Une simple note de M. Kerviler ne laisse pas que de piquer vivement notre intérêt car il s'agit d'un petit édicule fort original que l'on remarque au transept sud de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon, par-dessus la galerie ou balustrade qui surmonte la grande rosace. C'est une niche ou dais en ogive construite au milieu de la galerie, et supportée par deux colonnettes dont les bases viennent s'appuyer sur le balustre.

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