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d'autre preuve que le fait suivant: Un habitant de Lima (Pérou) en ayant goûté, fait venir, chaque année, une provision de ce chocolat qu'il trouve infiniment supérieur à celui de son pays. On conçoit facilement, grâce aux frais de transport, quel doit être pour ce gourmet le prix de revient de ce produit étranger. Le cacao se vend aux environs de Neiva, 320 francs les 125 kilog. Le fret pour Paris serait énorme, comme on le verra pour les quinquinas.

» Le cacao n'est cultivé que dans les vallées basses et seulement dans les terrains facilement irrigables. Les plantations de cacao n'acquerront jamais une grande étendue dans la vallée de la haute Magdalena.

» Canne à sucre. Comme pour le cacao, la terre est trop sèche dans cette région pour que cette culture y puisse bien réussir. Le pays ne possède pas de raffineries. Le sucre est présenté sous le nom de panela, en pains d'un jaune ocreux, ayant la forme d'une petite brique. » Les vesaces fermentés sur des graines d'anis, puis distillés, fournissent l'anisado.

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> Chevaux. Les chevaux sont peu durs à la fatigue, quoique descendant de l'ancienne race espagnole qui avait beaucoup de sang arabe. Un cheval de selle ordinaire ne vaut que de 120 à 200 francs. Les mules, plus résistantes et d'un pied plus sûr pour les courses dans les sentiers vertigineux de la montagne, sont beaucoup plus recherchées.

Une mule de selle vaut environ 400 francs.

de charge dressée, 300 à 320 francs.

non dressée, 200 à 240 francs.

» Moutons. On en trouve deux races: l'une apportée par les anciens conquérants, ressemble beaucoup à notre ancienne race provençale. Elle a le poil ras sur les jambes, sous le ventre, sur la tête et sur une partie du cou. Elle

produit peu de viande et de laine, aussi est-elle laissée aux petits fermiers. Une race anglaise (Southdown), beaucoup plus avantageuse, se trouve seule dans les grandes fermes.

» Jusqu'à ces dernières années le pays manquait de fabriques de tissus. Depuis peu on a commencé, aux environs de Bogota, à faire des ruanas (même vêtement que le poncho des Mexicains), des couvertures de laine et des draps pour l'habillement des troupes.

» Race porcine. - La race porcine est très-répandue et souffre de l'œstre dans les mêmes conditions que la race bovine.

» Chèvres. — On élève quelques chèvres, quoique leur viande soit peu estimée, mais leurs peaux sont précieuses pour la sellerie, et l'on ne voyage guère qu'à cheval ou à dos de mule, les dames coiffées de panamas pointus, donnant attache à un long voile blanc de grand effet, les hommes couverts de la ruana blanche, les jambes perdues dans d'énormes jambières en cuir, les pieds enfoncés dans des étriers de laiton en forme de sabots.

» Les chapeaux dits de Panama se fabriquent en différents points du pays, à Aïpé, à Neiva, et surtout dans l'État d'Antiocha. Les plus fins se font à Sonaza. On les expédie surtout sur Cuba, et là valeur totale des exportations est de 1,500,000 francs.

On trouve partout, dans les forêts humides des Andes, le cardulovica palmata, cyclanthée ayant un peu le port du latanier, ne dépassant pas 1 mètre de hauteur, et qui sert à leur fabrication.

› Le pays exporte, en outre, des peaux, des bois de teinture et des plantes médicinales dont je ne citerai que la plus importante le quinquina. On a beaucoup écrit sur cette plante, aussi m'en tiendrai-je aux notes que nous avons recueillies.

. Comme on l'a dit souvent, il n'existe pas de forêts de quinquina. Les cinchonas sont disséminés au milieu d'arbres de différentes espèces, auxquels ils sont obligés de disputer une modeste part de leur terrain. Aussi quelle mêlée, quelle lutte pour l'existence dans ces forêts tropicales! Observez cet arbre énorme, plusieurs fois centenaire. Combien d'ouragans ont secoué sa cime! combien de géants, déchirés par la foudre, ont succombé dans son voisinage! Et lui, toujours vert, son tronc arrondi, il semble braver le temps et défier la nature. Il se croit dieu, car il se croit éternel. Il se croit tout-puissant, car il est resté seul maître de son terrain. Oui, tous les végétaux ont fui ses environs, à part quelques êtres chétifs qu'il ne daigne pas distinguer du haut de son nuage. Est-il donc si redoutable? Ne se serait-il pas plutôt, par son orgueil, aliéné son entourage ?

› Patience, voici le châtiment. C'est l'armée des flatteurs. Ils s'avancent humbles, rampants. Qu'il leur permette d'approcher et ils ajouteront à sa force la grâce de leurs festons. Comment se défier de ces tendres feuillages, de ces tiges grêles, élégamment spiralées? Il ne repousse ni leurs flatteries, ni leurs caresses. Qu'ils viennent, et bon prince, il leur permettra de respirer un peu de son air et de se chauffer à son soleil. Ils l'enlacent, ils l'enchaînent. Ils sont bientôt maîtres chez lui; leurs feuilles étouffent les siennes. Leurs produits de désassimilation s'accumulent sur son tronc, à l'aisselle de ses branches, dans les crevasses de sa puissante écorce, où ils constituent bientôt des terrains fertiles, où des graines poussées par le vent ou transportées par les oiseaux peuvent germer à leur aise Bientôt il a disparu sous une forêt disparate, où dicotylédones, monocotylédones, fougères, algues et champignons vivent côte à côte.

» De tous ces parasites, les plus dangereux pour lui,

sont les champignons, car, ne pouvant élaborer euxmêmes leur nourriture, ils ne vivent qu'aux dépens des combinaisons effectuées par d'autres êtres, et ils ne lâcheront son cadavre qu'après l'avoir entièrement désorganisé. › Par un beau soleil, le colosse s'effondre; il n'a pas été besoin d'un souffle pour le coucher sur le sol.

» Pauvre vieil arbre! Doit-on attribuer sa chute à sa vanité ou simplement à un généreux mouvement d'hospitalité? Ni à l'un ni à l'autre. Il est victime de la loi impérieuse qui assigne une durée aux êtres vivants et qui assure le rajeunissement indéfini de la nature vivante.

» Les quinquinas n'échappent pas à cette loi commune. De plus, ils sont utiles à l'homme, et rien n'est plus fatal aux êtres en général, que cette utilité.

Des milliers de kineros ou chercheurs de quinquinas leur font une guerre acharnée. Ils s'en vont cherchant à l'aventure les quinquinas sauvages qu'ils dépouillent de leur écorce jusqu'à leurs racines, ne prenant aucun soin de la conservation de ces précieux arbres. Aussi, ceux-ci devaient-ils bientôt disparaître, si l'on n'avait commencé en diverses négions du globe à cultiver des quinquinas pour remplacer les arbres détruits. On trouve des quinquinas sur les trois Cordillières, mais plus riches en quinine et plus nombreux sur la Cordillière orientale. Ils affectionnent l'humidité et les faibles pressions. Sous la latitude de Neïva, ils poussent à des hauteurs qui varient entre 1,600 et 2,600 mètres, dans ce qu'on appelle la région des nuages blancs, car il est à remarquer que les hautes montagnes des Andes sont coupées à ces altitudes par de longs flocons de brume blanche.

La Cordillière orientale ne produit que des quinquinas contenant à peine 1 p. 100 de quinine. Les écorces sont expédiées à Buenaventura, sur le Pacifique.

Sur la Cordillière centrale, dans des régions très

limitées, aux environs de Pitayo, on trouve le quinquina rouge et dur, qui porte le nom de cette localité.

A l'extrémité nord de la Cordillière orientale, sur la frontière du Vénézuela et sur le versant occidental, regardant la Magdalena, on trouve des écorces dures, gercées extérieurement, très-riches en quinine, provenant surtout d'Ocaña et de Bucaramanga, et qui sont expédiées par Barranquilla.

» Plus au sud, dans les montagnes avoisinant Neïva, Colombia, San-Augostino, on trouve plusieurs variétés de cinchona cordifolia et trois variétés de cinchona lancifolia, l'une à grandes feuilles, une autre pubescente et la troisième enfin, nommée quinquina touna, la seule exploitée, les autres étant trop pauvres en quinine. Les écorces de cette zône provenaient jusqu'ici des cinchona lancifolia sauvages. Elles s'appelaient soft bark sur le marché de Londres, et contenaient 3 à 3,5 de quinine; aussi étaientelles très - recherchées par les fabricants de sulfate. Les exportations de Neïva, Colombia, San-Augostino, s'élevaient à 800,000 kilog. par an, ayant dans le pays une valeur de plus de 3,000,000 de francs. Le fret pour Paris est énorme et ne s'élève pas à moins de 80 francs pour 125 kilog.

» Les chercheurs de quinquina de Colombia sont des hommes paisibles, que leur existence sauvage, sous les grands dômes des forêts, en contact perpétuel avec les imposants tableaux de la nature, rend silencieux et contemplatifs. Ils forment sous ce rapport le plus grand contraste avec les blancs des vallées qui ont conservé la loquacité et le verbiage emphatique de leurs ancêtres. Ils sont durs à la fatigue, et le plus souvent très-robustes, car il en est qui portent sur les versants rapides et dépourvus de sentiers des Andes, des fardeaux de 11 arrobes, soit plus de 135 kilog.

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