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(1) Le pauvre Jupiter se tut,

et trouvant enfin dans sa sollicitude le moyen de faire cesser la guerre. Ailleurs il daigne interroger toutes les créatures et les invite à exprimer sans peur ce qu'ils trouveraient à redire dans leur composé. Plus loin,

(2) Les Grenouilles se lassant

De l'étal démocratique,

Par leurs clameurs firent tant,

Que Jupin les soumit au pouvoir monarchique.

Dédaigneuses de leur roi Soliveau, elles recommencent leurs clameurs;

(3) Jupin en a bientôt la cervelle rompue.

Mais il condescend encore à leurs désirs.

(4) Donnez-nous, dit ce peuple, un roi qui se remue.
Le monarque des dieux leur envoie une Grue.

Les Grenouilles se plaindront encore, et de nouveau Jupiter sortira de son repos pour les engager, dans leur intérêt, à la patience.

(5)

Il devait vous suffire.

Que votre premier roi fût débonnaire et doux.

De celui-ci contentez-vous,

De peur d'en rencontrer un pire.

Voici l'Araignée, à laquelle l'Hirondelle enlève ses Mouches au passage, et dont elle rend la vie malheureuse. C'est vers le Ciel qu'elle dirige aussi sa plainte.

(6) O Jupiter, qui sus de ton cerveau,

Par un secret d'accouchement nouveau,

Tirer Pallas, jadis mon ennemie,

Entends ma plainte une fois dans ta vie.

(1) L'Aigle et l'Escarbot.

(2) (3) (4) (5) Les Grenouilles qui demandent un Roi. (6) L'Araignée et l'Hirondelle.

Discours insolent, dit le poète, car la divinité n'a oublié

personne.

(1) Jupin pour chaque état mit deux tables au monde :

L'adroit, le vigilant et le fort sont assis

A la première, et les petits

Mangent leurs restes à la seconde.

Si la Mouche et la Fourmi ont une contestation sur leurs mérites, c'est Jupiter qui sera pris à témoin de leur différend.

L'homme lui-même élève ses regards vers cette Providence universelle, dans ses misères. Un pauvre Bûcheron a perdu sa cognée :

(2) O ma cognée ! ô ma pauvre cognée,
S'écriait-il, Jupiter rends-la moi,

Je tiendrai l'être encore un coup de toi.

Partout notre auteur reconnaît cette condescendance, et parfois cette patience du souverain maître des choses, tout en l'exprimant d'une façon tant soit peu goguenarde: (3) Jupiter, dit l'impie, est un bon créancier, Il ne se sert jamais d'huissier.

Dans cette jolie fable où le Métayer obtint que Jupiter Lui donnât saison à sa guise,

l'expérience, on le sait, fut malheureuse.

Monsieur le

Receveur fut très-mal partagé, » et le Métayer demanda à résilier.

(4) Jupiter en usa comme un maître très-doux.

Et le fabuliste ajoute aussitôt :

(1) L'Araignée et l'Hirondelle.

(2) Le Bûcheron et Mercure.

(3) Jupiter et le Passager. (4) Jupiter et le Métayer.

(1)

Concluons que la Providence

Sait ce qu'il nous faut mieux que nous.

C'est la même pensée qu'il exprime encore en disant :

(2) Dieu fait bien ce qu'il fait, sans en chercher la preuve
En tout cet univers et l'aller parcourant,

Dans les Citrouilles je la treuve.

Légère ou grave en sa forme, la pensée de La Fontaine révèle toujours en lui un admirateur reconnaissant de la bonté créatrice. Nulle part il ne l'a plus noblement exprimée, bien que dans un langage approprié au ton de ses apologues, que dans la fable: l'Éléphant et le Singe de Jupiter. Le premier, en guerre avec le Rhinocéros, croit que le messager céleste vient assister aux luttes d'Éléphantide et de Rhinocère. Eh! non.

(3) Qu'importe à ceux du firmament

Qu'on soit Mouche ou bien Éléphant !

Cela est vrai, mais ce n'est pas par dédain des uns ou des autres; car aux questions de l'Éléphant demandant au porteur de caducée : Alors « parmi nous que venez-vous donc faire? Celui-ci répond ces paroles simples et profondes, par lesquelles nous terminons cette étude, car elles résument bien l'idée que La Fontaine se faisait de la Providence :

Partager un brin d'herbe entre quelques fourmis.

A. COUTANCE.

(1) Jupiter et le Mélayer.

(2) Le Gland et la Citrouille.

(3) L'Éléphant et le Singe de Jupiter.

LES ILES SAINT-PIERRE & MIQUELON

(DEUXIÈME PARTIE)

V

Industrie : Pêche et Préparation de la Morue
Produits

Occupant un sol rocheux, improductif, les habitants des îles Saint-Pierre et Miquelon n'ont pas le choix entre leurs moyens d'existence ils exploitent les richesses qu'une nature généreuse et bienfaisante a déposées à profusion dans les eaux qui baignent leurs rivages. La mer est leur unique nourricière; champ toujours fécond, elle leur donne régulièrement une moisson abondante.

La pêche et la préparation de la morue constituent donc la seule industrie du pays. Néanmoins, à côté de cette industrie principale, dominante, sont groupées des professions tout autres ou s'y rattachant, et un commerce de consommation très-varié.

Peu élevé est le chiffre des colons pêcheurs. Mais, tous les ans, ils reçoivent par les navires métropolitains, qui arrivent à Saint-Pierre dès les premiers jours d'avril, de nombreux auxiliaires, dont le concours leur est extrêmement précieux. Déjà, à cette époque de l'année, la pêche

est réglementairement ouverte aux îles Saint-Pierre et Miquelon, que leur position avantageuse au sud de TerreNeuve met à l'abri des banquises (1).

A l'aide du renfort de personnel venu de France et des pêcheurs hivernants (2), les maisons de commerce peuvent équiper 400 embarcations et plus de 250 goëlettes (3). Cette flottille opère sur les fonds riverains de la colonie, sur les banquereaux et dans le golfe de Saint-Laurent. Les goëlettes font la grande pêche : elles vont chercher la morue au loin, jusque sur le Grand-Banc, la salent provi- · soirement pour en prévenir l'altération, et la portent à Saint-Pierre.

Quant aux embarcations légères, telles que baleinières, canots, warrys, elles s'éloignent peu de la côte; elles sortent du port le matin et rentrent le soir avec le produit de leur pêche.

A chaque arrivage, le poisson est porté dans des cabanes en planches, construites sur le bord de la mer. Là il est tranché, ouvert dans toute sa longueur, puis salé et mis en pile. Peu de jours après, la morue, soigneusement lavée à l'eau de mer, est étendue sur les graves pour y sécher. Lorsqu'elle est parvenue à un degré de dessicca

(1) A la mi-avril, et fort souvent à la fin de ce mois, les îles de la Madeleine, situées au milieu du golfe de Saint-Laurent, sont encore entourées de glaces amoncelées qui les rendent inabordables et tien. nent les pêcheurs enfermés dans leurs ports.

(2) Les pêcheurs hivernants sont les hommes qui, arrivés au prin. temps dernier, Four faire la pêche, ont passé l'hiver dans le pays. Ils sont classés dans la population flottante.

(3) En 1876, la colonie a pu armer 649 navires et embarcations montés par 3,076 marins et jaugeant 8,431 tonneaux; 13 goëlettes étaient armées au cabotage, 4 au long cours, et tout le reste à la pêche.

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