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d'hui que les communications. Par l'union de leurs lumières et de leurs efforts, par l'écho de leurs voix, nos Sociétés de Géographie exerceront à cet égard une féconde influence. Qu'elles rivalisent donc d'activité pour réunir, pour répandre les informations; qu'elles encouragent ces travaux d'érudition critique, où la géographie française a conquis de si beaux titres.

Qu'elles s'unissent pour demander aux grandes administrations, à notre public, si intelligent et si plein de patriotisme, les moyens d'envoyer au loin des explorateurs qui reviennent les mains pleines de données utiles à la science, au commerce, à l'industrie.

Ces explorateurs, il ne faut pas se borner à leur décerner les palmes du martyre ou du triomphe, il faut les encourager, les soutenir, car ils vont faire la guerre à l'inconnu qui les tue souvent.

» Dans le champ de la géographie, la tâche est immense encore, soit pour les penseurs, soit pour les combattants, Nos sociétés se sont donné pour mission d'exciter les uns et les autres. Elles n'y failliront pas, et tous, vous voudrez les aider, car leur œuvre est inspirée par l'ardent désir de contribuer à la prospérité et à la grandeur de notre France bien-aimée. »

• Ces paroles devaient recevoir, à bref délai, une éclatante confirmation. Il y a peu de jours, recevant la médaille d'or de la ville de Paris, M. de Brazza attribuait le succès de son entreprise et ses conséquences prochaines, en premier lieu aux Sociétés dé Géographie, qui l'ont soutenu, et lui ont gagné l'opinion publique et la presse.

» Cette reconnaissance pour les Sociétés de Géographie, il nous l'exprimait il y a quelques jours en s'excusant de -ne pouvoir, en raison de son prochain départ, assister à cette réunion, non loin de cette École navale qui lui a laissé de si vifs souvenirs.

Le rôle et le programme des Sociétés de Géographie est donc parfaitement tracé : agir sur l'opinion publique. Vous voyez, Messieurs, que nous avons notre raison d'être. Que de choses, en effet, à tenter pour encourager chez nous les entreprises des explorateurs, et combien nos voisins d'outre-Manche sont plus avancés que nous sous ce rapport. J'ai admiré au Palais de Cristal, à Londres, une grande carte murale du pôle Nord, où se trouvaient tracées les routes des navigateurs célèbres qui ont tenté d'atteindre ce sommet difficile. Quel sujet d'orgueil pour un peuple, du vieillard à l'enfant, quand il suit ces gloricuses étapes, et quand il constate que c'est le pavillon britannique, planté par Markham sur les hummocs du pôle, qui a devancé tous les autres. Où sont chez nous les glorifications publiques des La Pérouse, des Blosseville, des Bellot, des Dumont-Durville, et autres explorateurs qui ont donné leur peine ou leur vie pour ces grandes entreprises? On trouve mille murailles pour la Redingote Grise, ou la Maison qui n'est pas au coin du quai, et nulle page de pierre ne rappelle encore au peuple nos gloires géographiques.

› La seconde question qui nous est posée est celle-ci : Où trouver à Brest les éléments d'une Société de Géographie? C'est à vous de répondre, Messieurs, et votre présence ici peut me dispenser de le faire, car elle est une affirmation catégorique que les éléments existent; les voilà. Comment! il n'y aurait pas les éléments d'une Société de Géographie unie intimement au groupe scientifique et littéraire que nous constituons depuis vingtdeux ans, dans une ville qui possède la grande École navale du pays, école remplie de savants professeurs et d'officiers distingués. Dans une ville où existe une école de médecine, où sont en honneur les traditions des Quoy, des Gaimard, des Gaudichaud, des Lesson, et qui s'apprête

:

à honorer un des siens, notre regretté Crevaux ; dans une ville qui possède l'un des plus importants lycées de France; trois grands états-majors ceux des équipages, du 2 de marine et d'un régiment de ligne fixé depuis de longues années dans la cité, et vraiment des nôtres; un corps éminent d'ingénieurs attachés aux constructions navales ou aux travaux dés arsenaux; un corps d'administrateurs et d'inspecteurs dirigeant les grands services des arsenaux, ou suivant nos navires sur toutes les mers. Les éléments existent donc, ils sont excellents, nombreux et divers. En plus de ceux qui jouent encore un rôle militant, notre ville est remplie d'hommes dont la carrière s'est passée au loin, qui ont rapporté de leurs voyages ou de leurs commandements des souvenirs infiniment précieux, qui dorment dans leur mémoire ou dans leurs secrétaires. La Section de Géographie trouverait là les matériaux de publications excessivement intéressantes.

> Dans son épître à Julius Florus, le poète Horace s'informait des travaux auxquels étaient occupés les officiers de l'état-major de Claude, le beau-fils d'Auguste :

Quod studiosa cohors operum struit...

> Je sais, Messieurs, les réponses qui me seraient faites si j'avais aujourd'hui le même souci de la science des officiers de notre marine ou de notre armée, non pas seulement au point de vue technique, mais sur le terrain. même des études, des explorations et des observations géographiques. Pour toute réponse, les officiers de vaisseau m'enverraient les noms des Mage, des Lagrée, des Garnier, des Delaporte, des Fleuriot de Langle, des Brazza. L'infanterie de marine me rappellerait les voyages de Lambert, de Pascal, de Septans et de Galliéni. Le corps de santé, ceux de Quentin, Griffon du Bellay, Harmand, Bayol, Balley, Neiss, Crevaux, Lejanne. Enfin, que de

noms parmi les officiers de notre armée me seraient donnés avant celui qui termine si glorieusement et si tristement cette liste, le colonel Flatters.

> Nous avons donc tout lieu d'espérer fonder ici un centre sérieux d'études géographiques, et nous pouvons répéter à ceux qui ne sont pas encore des nôtres, les mêmes paroles par lesquelles Horace terminait sa lettre à Florus:

Hoc opus hoc studium parvi properemus et ampli,
Si patriæ volumus, si nobis vivere cari.

» Petits ou grands, voilà le but, voilà le devoir. Ilâtonsnous, la patrie nous en sera reconnaissante, et nous aurons la conscience de l'avoir bien servie!

» Nous nous estimerons heureux, Messieurs, si prenant place aujourd'hui parmi les Sociétés de Géographie de France, nous contribuons avec elles à faire éclore la passion des grandes explorations, si nous réussissons à faire. naître d'aussi nobles vocations, à encourager d'aussi fécondes carrières, à couronner enfin des gloires aussi pures que celles que je viens de signaler à votre admiration.

VOYAGE A LA NOUVELLE-GRENADE

M. LEJANNE, compagnon de Crevaux, pharmacien de la Marine, a lu le travail suivant :

< MESDAMES, MESSIEURS,

» La Société Académique de Brest m'ayant honoré du titre de membre correspondant, et m'ayant invité à cette séance d'inauguration, je vais lui présenter quelques souvenirs recueillis au cours d'un voyage d'exploration à travers l'ancienne Colombie.

> Je compte sur son indulgence comme elle peut compter sur mon dévouement et ma reconnaissance.

» Mon étroite amitié avec l'infortuné Dr Crevaux me fait un devoir de rappeler ici son nom. Je n'oublierai jamais celui dont j'ai partagé un instant la misère et les périls, et qui m'a toujours montré une grande affection. Nos travaux pendant la mission étaient communs; il n'y avait entre nous ni tien ni mien, c'était chose convenue au départ. Il doit en être de même dans la suite, et toute appréciation tirée des notes recueillies par l'un ou par l'autre, revient de droit à la communauté.

> Je m'écarterai le moins possible des régions que nous avous parcourues, les seules sur lesquelles nous puissions. porter, de visu, un jugement sans prévention. Encore, de ces régions, choisirai-je la plus intéressante par son voisinage de l'isthme de Panama, dont le percement peut être

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