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en ce genre de peut-être excessif dans la crédulité du moyen-âge, nous ne sommes point dans l'usage, comme les sophistes, de refuser à Dieu les droits imprescriptibles de sa puissance sans bornes, de sa sagesse providentielle et de sa justice distributive. Une discussion désintéressée nous fait apprécier les faits douteux; nous évitons de nous montrer aveuglément crédule; mais notre conscience ne nous permettra jamais de nier ce que notre raison nous démontre indubitable.

Quiconque connaît le respect religieux des habitants chrétiens de la ville de Saintes pour la relique de Saint-Eutrope, comprendra le zèle qui inspira, dans ce moment de triste mémoire, l'édifiante résolution d'Elie Delavaud. Nous nous bornons à cette simple observation, nous réservant de citer plus tard le procès-verbal de 1804; seulement il convient ici de dire que le chef du martyr fut soustrait avec soin aux recherches de l'impiété et qu'il fut décemment déposé dans une petite caisse préparée à cet effet par Delavaud, et placé par lui provisoirement dans un souterrain de l'église qui était situé alors à l'entrée principale. Ce lieu a été comblé quand on a démoli une partie de cette basilique. Mais le saint dépôt ne demeura pas longtemps dans cette espèce de crypte; il en fut retiré par des prêtres, parvenus à se dérober euxmêmes aux investigations vexatoires des argus de l'époque. Un procès-verbal de cette première

translation fut dressé par eux, et remis aux mains du respectable M. Achard, dont le nom figurera dans les pièces justificatives que nous devons citer. Cet excellent chrétien, menacé d'une visite domiciliaire, brûla ce procès-verbal avec plusieurs autres papiers de famille, dans la crainte de compromettre les personnes qui étaient devenues les dépositaires et les gardiennes du chef de SaintEutrope; il pensait, au reste, que les témoins qui l'avaient signé, signeraient celui qui atteste la soustraction de la relique aux recherches des agents municipaux, et dont voici le texte :

Aujourd'hui, vingt-sixième d'août 1797, sur les onze heures et demie, nous Claude Planier, prêtre de l'ordre de Saint-Benoît; Joseph Moquay, prêtre-curé de Corme-Royal; Elie Delavaud, Mathurin Vallée, Pierre Fraignaud, François Hervé, Jean Hédon, Joseph Morisson, nous sommes transportés dans la maison de François Grout, pour retirer et changer de lieu le chef de saint Eutrope, que le malheur des circonstances avaient forcé d'enlever du temple où jusqu'alors il avait été conservé et vénéré, et de cacher dans un des appartements de Jean Doussaint, locataire d'une partie de ladite maison. Et comme, par la mort dudit Jean Doussaint, cette relique précieuse cesse d'être en sûreté et devient de nouveau exposée à la perquisition des ennemis de Dieu et des Saints, nous nous sommes empressés de chercher un lieu

sûr, pour la soustraire une seconde fois à la profanation. Ce second déplacement, dicté par la même piété qui commanda le premier, nous a paru devoir être fait dans la maison dudit François Grout, dans un autre appartement retiré et caché aux recherches de l'impie. Là, nous avons déposé le précieux trésor. Et pour fermer la bouche à l'impiété, nous attestons les précieuses reliques être vraiment les mêmes qui se sont vénérées dans l'église de Saint-Eutrope, pendant tant de siècles et avec tant de témoignages du pouvoir de Dieu dans ses Saints; et nous en avons dressé le présent procès-verbal, que nous joignons au premier qui fut fait, alors du premier déplacement des susdites reliques.

<< Fait à Saintes, en présence des témoins soussignés, dont les uns ont assisté au premier déplacement. Signé : Planier, prêtre; Franc, Hervé, J. Hédon, P. Fraignaud, E. Delavaud, M. Vallée, J. Moquay, prêtre-curé de Corme-Royal; F. Grout1.>>

Ce nouveau document est une preuve que la Providence préside à la conservation de ce dépôt sacré. Cette vue réjouit la piété et inspire la confiance. Comme après l'exil de Bordeaux, au XVIe siècle, nous reverrons, au XIX, après une horrible tourmente, reparaître le chef du martyr et, triomphant de l'irréligion, reprendre,

Arch. mss. de l'Eglise de Saint-Eutrope.

avec pompe et solennité, sa place près des autels, et, plus tard, se réunir au corps saint que les révolutions des XVIe, XVIIIe et XIX siècles n'ont point su troubler au fond de sa demeure auguste et souterraine; ce que nous dirons ailleurs avec détail.

Mais d'autres scènes captivent notre attention. Qu'elles sont lugubres aux yeux de l'homme!... qu'elles sont glorieuses aux yeux du chrétien! L'ile d'Aix appelle nos souvenirs.

Des hommes d'extermination pesaient de tout le poids de leur tyrannie sanguinaire sur la France asservie. Le règne de la Convention fut l'apogée des crimes en tous genres; les lois de la raison, de la justice, de la conscience et de l'humanité, furent alors remplacées par l'oubli le plus universel de tous les droits et de toutes les vertus. L'histoire n'avait jamais eu à décrire, dans la suite des siècles, des faits marqués au coin d'une aussi farouche et aussi atroce barbarie et d'une immoralité aussi profonde !... « Jamais, dit le vicomte de Conny, une puissance plus terrible ne pesa sur la terre. On ne saurait rien inventer qui puisse être comparé aux actes de cette assemblée prostituée à la dépravation la plus inouïe. C'est au nom de la raison et de la liberté que le plus odieux esclavage est consacré par des lois, et que les peuples sont entraînés à tous les forfaits. Sophistes à la fois et chefs de

meurtriers, les hommes de ces temps ont inscrit sur leur étendard ces mots terribles: Souveraineté du Peuple! Affreuse et incompréhensible énigme qui, semblable au sphinx de la fable, dévore tout ce qui tente de l'expliquer; épouvantable théorie qui marque son invasion par toutes les destructions, légitime les plus odieux attentats, et fait peser sur la tête des peuples la plus horrible complicité. Cest une fédération du crime qui unit, par des noeuds sanglants, toutes les parties d'un vaste royaume. Des milliers de Tibères et de Nérons croissent tout-à-coup; ils couvrent la France entière; la terre tremble jusques dans ses fondements... Ce n'est plus la langue française que l'on parle dans l'antre conventionnel : ces hommes ont à la fois abjuré le caractère et la langue de la patrie!... Une haine stupide contre les prêtres et contre les rois avait été leurs titres, dans les départements, à leurs hon

teuses nominations ...»

Pour juger de cette haine stupide contre les prêtres, aurons-nous ici à raconter la dispersion violente du clergé de l'Eglise Gallicane, forcé de briser tous les liens et de s'expatrier, parce qu'il se refuse à la prestation d'un coupable serment? Dirons-nous l'état d'un grand nombre de prêtres fidèles, relégués sur les plages brû

Hist. de la Révol. fr. par le vicomte de Conny, t. IV, p. 1.

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