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son adhésion aux saines doctrines de l'orthodoxie et des mœurs!..

Mais enfin, pendant que les places publiques étincelaient des flammes consumant les antiques archives des chapitres, les ornements sacerdotaux, les autels en débris, les croix mutilées, que devenaient, en particulier, les titres attestant l'authenticité du chef de Saint-Eutrope? Une main profane, obéissant à la volonté d'un cœur irréligieux et au décret des conventionnels, s'est-elle empressée de livrer à l'incendie des carrefours les procèsverbaux, conservés et transmis, depuis des siècles, comme un monument durable de la foi et de la vénération de l'église de Saintes pour les reliques de son apòtre?.. Quant aux vases sacrés, recueillis de toutes les communes de la banlieue par les sbires de la municipalité républicaine, ainsi que les objets précieux en argent, or et vermeil, enlevés aux monastères et églises de la ville de Saintes, ils iront à la monnaie nationale, le 29 juillet 1793, ou ailleurs 1!...

Après ces criminelles profanations des nouveaux Balthazars, les manuscrits et les chartes, aussi chers aux arts et à la science qu'ils étaient appréciés des esprits religieux, formeront l'autodafé d'un

1 État de l'argenterie trouvée dans les églises séculières et régulières de Saintes. Signé Lériget. Arch. mss. de la Mairie de Saintes. Cet état est approximatif et pour la formé; il n'exprime pas le total usurpé.

stupide vandalisme. Cependant une volonté souveraine, à laquelle rien ne résiste, a dit à la puissance ennemie : Tu iras jusques là; défense à toi de passer outre. Ta main n'atteindra pas le dépôt des siècles; la preuve vivante de la piété des princes et des pontifes échappera à tes plus actives recherches!.. Tu seras déjouée dans tes projets de destruction!.. Je livre, ne réservant plus tard de t'en faire porter la peine, je livre à ton avide rapacité l'or des tabernacles qui enrichira tes suppôts; cette richesse, fruit du vol sacrilège, ne passera pas chez eux à la troisième génération!.. Envahis le sanctuaire, foule aux pieds ses ornements, brise l'autel du sacrifice, immole le sacrificateur!.. Garde-toi d'anéantir le témoignage qui prouve que je suis admirable

dans mes Saints!..

Il rendra, dans la suite des âges, vénérable à tous, ce chef auguste qui ne fut frappé par la hache du païen furieux que pour confondre un jour l'hérétique en délire et le chrétien apostat... Ta haine sera impuissante; Eutrope, mon apôtre, triomphera de tes vengeances! Son corps est dans sa crypte, son âme est dans ma gloire; il est inaccessible à tes coups!...

Déjà une des salles de la municipalité de Saintes contenait les milliers de volumes et de cartulaires que le feu allait dévorer, sans doute pour assurer à la patrie, évidemment menacée par ces vieux parche

mins, une paix inaltérable, un bonheur inouï dans les fastes de l'histoire, une gloire enfin éclipsant toutes les gloires des temps anciens et des temps modernes!... Or, un petit sac contenant les pièces relatives à la relique de saint Eutrope et telles que M. de Fonrémis de Lamothe, lieutenantparticulier du sénéchal de Saintes, les avait signées, numérotées et paraphées sous les yeux du procureur du roi GARNIER, en 1789, était aussi rendu pour l'heure du solennel holocauste. Cependant il ne périra pas!... Dieu, qui a créé le grain de sable comme la majestueuse montagne, Dieu, qui veille à la conservation de l'un, avec autant de sagesse qu'à la conservation de l'autre, se chargea de dérober ces pièces justificatives à l'incendie national. Un homme calme et modéré, devenu, sans le savoir, l'instrument de la Providence, préserva du feu les véridiques procès

verbaux.

Le sieur Lacoste, adjoint de la municipalité, s'appropria ce précieux dépôt, retombant jusqu'à trois fois de la charrette qui portait aux flammes les archives du chapitre et des monastères. Il le

1 Cet illustre magistrat porta sa tête sur l'échafaud, en 1793, parce qu'il était noble par sa naissance, mais plus noble encore par ses principes et par sa piété. La noblesse qui vient de l'extraction est inférieure à la noblesse qui vient de la foi; l'une a souvent fait des orgueilleux; l'autre ne fit jamais que des Saints.

conserva soigneusement jusqu'à l'époque où l'abbé Messeix fut nommé curé de Saint-Eutrope, après la révolution. Lacoste s'empressa alors de remettre au nouveau pasteur toutes les pièces contenues dans le petit sac qui les renferme encore aujourd'hui; elles sont empreintes du cachet de leur vétusté; elles sont si identiques, que, lorsqu'elles furent soumises, ainsi que le chef, en 1804, aux regards et à l'inspection d'un homme peu suspect, le président GARNIER, il déclara que ces pièces et le chef étaient réellement les mêmes qu'il avait vus en 17891!

Mais si la Providence sauva, comme par miracle, ce monument de la tradition, elle se chargea également de sauver d'une ruine certaine la relique de l'apòtre de l'Église Santone!.. Les agents de la puissance révolutionnaire reçurent l'ordre de se transporter dans l'église du martyr, afin d'enlever le reliquaire d'argent qui contenait son chef. La ville entière a retenti de ce que nous racontons, et nous l'avons recueilli nous-même de la bouche des témoins oculaires. Ce fut quelques jours après la Toussaint, en 1793, que les spoliateurs osèrent porter leurs mains sur la châsse du saint pontife.

Ce n'est pas en plein jour que l'iniquité se

Salutem ex inimicis nostris, et de manu omnium qui oderunt nos, ad faciendam misericordiam, et memorari testamenti sui sancti. (St. Lue. 1.)

montre avec plus de confiance. Celui qui fait le mal hait la lumière. Aussi fut-ce vers onze heures du soir que l'on s'introduisit dans l'église pour y consommer l'œuvre d'un vol sacrilège. On sait combien le peuple aime à faire des rapprochements, et souvent jusqu'à quel point ses rapprochements sont judicieux et vrais !.. Au reste, comment douter de l'intervention du ciel, pour effayer et punir des hommes téméraires, qui bravent Dieu et insultent à ses saints, aux pieds mêmes des tabernacles?.. Ne connaissons-nous pas le sévère châtiment que subit Héliodore venant pour enlever les trésors du temple de Jérusalem?.. L'Évangile ne nous montre-t-il pas l'Homme-Dieu chassant avec zèle les profanateurs du lieu saint!.. Au moment de l'enlèvement du riche reliquaire d'où le chef du martyr avait été retiré et abandonné sur l'autel, un orage aussi soudain qu'il était extraordinaire éclata sur la ville et répandit un tel effroi dans l'âme des ravisseurs, qu'ils sortirent précipitamment de l'église, frappés de stupeur et saisis d'épouvante. Cette circonstance nous a été rapportée par des témoins graves et vraiment dignes de notre confiance. Ils nous ont dit que le ciel, quelques minutes avant cet ouragan si subit, était parfaitement serein. On sait, à Saintes, que la mort de ceux qui avaient enlevé le reliquaire de saint Eutrope a été marquée au caractère d'un châtiment divin. Sans partager ce qu'il y avait

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