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voici les noms madame du Portal, les deux messieurs de Fonrémis, MM. Durepaire, Bouchet, Charrier, Drilhon, Huvet, Gaudin, Delaage, Fleurnoy (Louis), Laferrière, Magué, madame de Jovel et son frère, messieurs d'Aussy, Duret, de Goulard, de Lange, de Conteneuil, d'Anières, madame Péries, madame Forestier de Pons, messieurs du Chilleau, Bâcle, de Larare, etc., etc... Cette liste nous vient de l'agent-national Lériget, qui s'opposa avec fermeté à cette cruelle exécution; il fit même enlever l'instrument de mort. Ce fait honore la mémoire d'un homme qui, dans plusieurs circonstances de sa vie, se montra meilleur que ses opinions.

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Après avoir fait tomber la tête de nombreuses victimes sous le glaive du tribunal révolutionnaire de Rochefort, Léquinio porta l'audacieuse effronterie jusqu'à vouloir s'approprier le castel de quelque seigneur égorgé sans doute par ses ordres, car ce nouveau Néron écrivait à un de ses frères et amis : « Je serais bien aise d'avoir, en ce pays de Saintonge, une possession pour y établir mon manoir après la Convention. Y a-t-il encore des biens nationaux, soit ecclésiastiques, soit d'émigrés? Je désirerais que le bien fût sur une hauteur, non loin d'une grande route ou de la rivière...» La fin de cette lettre fait connaître jusqu'à quel point ce buveur de sang portait l'impudence et l'immoralité. « Je voudrais

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bien que tu fusses assez franc pour me dire franchement quelle est l'opinion publique sur mon compte à Saintes; tu m'as vu de près et je ne doute pas que tu ne me rendes justice; mais comme l'opinion publique est si versatile et que, dans mille endroits, la médaille s'est retournée, je serais bien aise de savoir vraiment ce que l'on pense de moi. Ne crains pas de me mortifier. Je connais les hommes et rien ne m'étonne de leur part; ma conscience est ma règle et je me moque de leur opinion; mais je suis curieux de la connaître..» Langage d'un tribun sans honte et sans remords, insensible tout à la fois à l'honneur, à la conscience, à la justice et à l'humanité!..... Voilà les grands hommes de la république une et indivisible! Que l'histoire lègue donc à jamais leur nom à l'anathème et leur mémoire à l'exécration. Si elle a flétri, comme autant de bourreaux, les Néron, les Dioclétien et les Caligula, elle proscrit, comme autant d'assassins, les Léquinio, les Marat et les Robespierre!

L'Église de Saintes avait vu fuir sur les terres de l'exil ses prêtres vertueux, et introniser à leur place des hommes, l'opprobre du sacerdoce. Ces ministres coupables reçurent presque partout un accueil qui ne laissait aucun doute sur l'horreur

1 Nous possédons cette lettre autographe. Ceux qui prétendent connaître le caractère de l'homme, à l'inspection de son écriture, verraient dans celle de Léquinio la cruauté de la hyène.

qu'inspirait leur conduite aux gens de bien. Entre autres paroisses dignes d'éloge, nous signalerons celle de Saint-Trojan, dans l'île d'Oleron. Les intrus ne firent qu'y paraître; tant la foi vive et la religion éclairée des paroissiens les portaient à repousser ces prêtres parjures! Saint-Trojan fut, pendant toute la révolution de 1793, un asile sûr pour les prêtres qui, exposant leur vie pour le salut des âmes, avaient su préférer cette existence périlleuse aux avantages de l'exil. Non-seulement les habitants de cette paroisse les dérobaient aux poursuites des cannibales de l'époque, mais encore, avec une énergie toute chrétienne, ils favorisaient leur évasion, malgré les plus éminents dangers. Il n'était pas rare qu'un des principaux du lieu, chargé de rechercher les prètres cachés, en eût jusqu'à dix et douze dans sa propre maison. Qu'elles furent admirables de dévoûment et de zèle, ces deux sœurs dont le nom béni est encore si cher à Saint-Trojan!... Les sœurs Jodean, aujourd'hui religieuses de la Sagesse et fondatrices d'une utile communauté dans l'endroit même témoin de leurs vertus, portèrent le courage et la charité jusqu'à l'héroïsme. L'une d'elles, affrontant tout pour la cause de Dieu et le salut des prètres persécutés, fut plusieurs fois arrêtée à l'entrée de la citadelle, lorsqu'elle transportait les ornements et ce qui était nécessaire pour la célébration des mystères adorables. Et cependant

ces précieux objets ne furent jamais saisis par les agents du gouvernement révolutionnaire.

Toutes les semaines, les habitants du grand village faisaient parvenir des secours réglés aux prêtres détenus au château. Ils eurent, un jour, la douleur de voir succomber, sous le coup de feu d'un soldat inhumain, un prêtre belge qui, avec deux de ses confrères, était parvenu à franchir l'enceinte de la forteresse et à se réfugier dans une auberge de leur hameau, et de là dans la maison des charitables soeurs dont nous venons de parler. A la nouvelle de cette évasion, on envoya un détachement de cinq hommes, composé d'un sergent, de deux soldats de la garnison et de deux habitants du village d'Ors... Ces derniers eurent le tort et la lâcheté d'indiquer au sergent la résidence des dames Jodeau comme étant le refuge des deux prètres qu'ils poursuivaient. Des sentinelles furent en conséquence placées à chaque porte; le chef entra, et des trois malheureux ecclésiastiques il ne put en saisir qu'un. On avait favorisé la fuite des deux autres. Ce prêtre inoffensif parut sur le seuil de la porte, résigné à reprendre, sous les ordres du sergent, le chemin. de sa prison; mais à peine a-t-il paru, que la sentinelle, animée de l'esprit féroce des Danton, le coucha en joue et le frappa à mort. A la déto. nation, plusieurs personnes accoururent et transportèrent l'innocente victime dans un apparte

ment du voisinage. Le détachement repartit pour la citadelle, ce qui permit de rappeler les deux compagnons du monrant; l'un d'eux put encore le confesser et l'absoudre. Il expira en pardonnant à son assassin. On déposa le corps de ce martyr dans le cimetière de Saint-Trojan, du côté méridional.

Le respectable abbé Ayraud, curé de cette paroisse, quoique exilé en Espagne, était également l'objet de la tendre charité de son troupeau, qui s'était cotisé pour subvenir à ses besoins sur la terre étrangère. Apprenant de leur pasteur qu'il était abondamment pourvu de tout ce qui était essentiel à la vie, ces chrétiens, dont la religion sincère et fervente rappelait la foi des premiers siècles, offrirent leur collecte à la sœur de ce vertueux ecclésiastique; elle était mère d'une nombreuse famille et son époux venait de succomber pour la foi sous le fer meurtrier des terroristes.

Le ciel tient compte aux églises qui restent fidèles pendant les jours d'orage et de persécution, et qui, à l'imitation de celle de Saint-Trojan, savent affronter tous les dangers, surmonter tous les obstacles, déjouer tous les corrupteurs de la foi divine, afin d'en conserver intègre le saint dépôt. Que le bienheureux évêque de Saintes, patron de cette édifiante paroisse, la protège toujours et la préserve surtout de la séduction qui compromettrait

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