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quatre ans, c'est-à-dire jusqu'à l'époque de son incarcération aux Carmes, il fit admirer un heureux assemblage de douceur et de fermeté. Habile à démêler ce qu'un caractère recelait de bon, il dissimulait quelques infractions au réglement, quelques étourderies légères, attendait patiemment que le bon grain prît de l'accroissement et que l'ivraie disparût, satisfaction qu'il éprouva souvent. Ses reproches étaient ceux d'un père tendre, d'un ami affligé du peu de cas que l'on faisait de ses avis; il avait quelquefois recours aux prières pour obtenir ce qu'il aurait pu enjoindre avec autorité. Cette tactique lui réussissait parfaitement à l'égard des élèves qui savaient sentir et apprécier un tel procédé. La crainte de causer de nouveaux déplaisirs à ce bon supérieur les portait à redoubler d'efforts pour se corriger. S'il se rencontrait quelque esprit insensible, opiniâtre, qui s'obstinât à repousser ses avis, à ne tenir aucun compte de sa patience, il s'armait alors de toute la vigueur convenable, parlait avce énergie, menaçait et renvoyait enfin ces sujets intraitables qu'évidemment le Seigneur n'appelait point au saint ministère. Dieu donna à ce prêtre fidèle la palme du martyre.

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forte qu'au grand; 4° les Robertins, pour la philosophie et la théologie cette maison était pour la classe absolument pauvre; 4 les Philosophes, où les jeunes gens qui devaient aller au grand séminaire faisaient leur philosophie. Dans les derniers temps, on forma la Communauté des Clercs.

« M. Gallet, né dans la ville ou les environs d'Angers, fut, comme l'abbé de Cussac, appelé de bonne heure à la supériorité et en soutint le poids avec une rare sagesse. Il était, depuis peu d'années, à la tête de la maison des Robertins, connus encore sous le nom d'Ecclésiastiques pauvres de Saint-Sulpice, lorsqu'on vint l'arracher à ses élèves pour le conduire aux Carmes. Au moment du massacre, il se trouvait dans le jardin ; son premier mouvement fut de monter sur un arbre d'où il lui était aisé de gagner le mur et de se laisser couler dans la rue; mais, venant à réfléchir que c'était se dérober au martyre, il descend aussitôt et voyant près de lui un homme d'une physionomie qui semblait annoncer la probité, (quelques personnes honnêtes étaient entrées avec les assassins dans le dessein de sauver, s'il était possible, quelques victimes), il remet à cet homme un assignat, en le priant de le donner au boucher de sa maison, qu'il a soin de bien lui désigner, puis, s'avançant vers les assassins, il s'abandonne à leur fureur. Ces détails furent donnés au séminaire, peu de jours après l'évènement.

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L'abbé Goguin, vieillard remarquable par ses vertus, sa gaîté, son heureux caractère, naquit en Touraine et se livra, avec beaucoup d'application et de succès, à l'étude de la théologie. Il entra, assez jeune, dans la congrégation de St.-Sulpice, y remplit constamment les fonctions de directeur.

Son goût l'avait appelé à l'étude de l'Hébreu ; il avait la réputation de bien connaître cette langue. Selon lui, au 28o verset du 17o psaume, à la place de ces mots cum perverso perverteris, il faudrait mettre ceux-ci: cum astuto astutior eris. L'abbé Goguin était septuagénaire, lorsqu'il reçut la couronne du martyre. Un autre membre de la même congrégation, âgé de trente ans, l'abbé de Luzeau, combattit pour la même foi et mourut, le 2 septembre, pour la même gloire. Trois autres prêtres et un diacre, les abbés Ploquin, de Tours, Guénaud, curé d'Anjou, Fronteau, curé du Pontde-Cé, près d'Angers, et Robert de Lézardière, diacre, issu d'une famille ancienne des environs de Luçon, s'étaient réfugiés à Saint-Sulpice; Dieu les appelait à terminer leur vie aux Carmes, sous la hache des Septembriseurs, comme ceux qui les avaient formés par leurs leçons et leurs exemples. »

Après ces intrépides confesseurs de la foi, nous citerons, avec l'estimable auteur de la notice, un nouveau modèle de constance et de fidélité dans la d'un abbé Guérin. Il naquit à la personne Rochelle, de parents pauvres. Sa mère, devenue veuve, fut marchande de fruits et soutint, par ce petit commerce, son existence et celle de son fils. Elle sut lui inspirer, dès son enfance, une piété tendre. Doux, modeste, sage, il fixa l'attention d'un respectable chanoine de la Rochelle, M. l'abbé Legris. Trouvant dans le jeune Guérin, qui lui ser

vait journellement la messe, d'heureuses dispositions, il lui donna les premiers principes du latin. Cet enfant, répondant par une constante application aux soins de son bienfaiteur et sa piété prenant, avec l'âge, de nouveaux accroissements, l'abbé Legris lui fit achever ses études. Il fut admis au sacerdoce au commencement de la révolution, exerça quelque temps le saint ministère dans sa ville natale et fut le directeur de sa vertueuse mère. L'abbé Legris, se proposant de passer en Angleterre, se rendit d'abord à Paris avec l'abbé Guérin, à qui le séjour du séminaire plut tellement, qu'il pria son protecteur de vouloir bien lui permettre de n'aller pas plus loin; ce qui lui fut accordé. Après environ trois mois d'une vie paisible et presque toute consacrée à la prière, il fut appelé au combat du 2 septembre et remporta la couronne des martyrs.

Mais quittons maintenant la chapelle des Carmes, teinte du sang de notre évêque et de tant de héros imitateurs de sa foi, et tournons nos regards attristés vers son diocèse en deuil. Nous avons à y suivre le mouvement révolutionnaire qui, renversant à Paris le pontife légitime, fait paraître sur les rives de la Charente le prêtre sans courage, infidèle à sa conscience et parjure à sa foi, devenu, par une consécration anti-canonique et sacrilège, l'évêque intrus de l'Église de Saintes. Son entrée, dans cette ville, eut tout le burlesque attaché aux

cérémonies dites civiques. Les hommes de l'époque qui ne voulaient point de la religion divine, qui proscrivaient en despotes l'épiscopat fidèle, voulaient au moins, pour un temps, un extérieur de culte, afin de mieux cacher aux yeux du peuple, toujours si malheureusement crédule, quand les perturbateurs s'en emparent, le monstrueux et impuissant dessein d'enlever à la France sa foi catholique, dessein conçu par le Protestantisme, soutenu par les sophistes et poursuivi par la couardise et la dissimulation. Pour pervertir de plus en plus le royaume de saint Louis, les révolutionnaires s'efforçaient d'isoler, disons mieux, d'égorger promptement tout homme de coeur et de conviction, afin de s'attacher, comme un troupeau de vils esclaves, des prêtres sans caractère, sans fermeté, sans science, souvent sans mœurs, assez ineptes pour croire au mensonge, assez lâches pour être apostats. Ils étaient tout ce qu'il fallait être devenir des simulacres sans importance, des ministres sans mission, des évêques sans dignité, sans foi, sans juridiction et sans vertus. C'est avec tous ces signes de prévarication que parut, dans la ville des Eutrope, des Léonce et des Larochefoucaud, le mercenaire Robinet d'affligeante mémoire. D'abord curé de Saint-Savinien, homme aussi dépourvu de la véritable science qu'il était dénué de toute élévation d'âme, prêtre plus bassement pusillanime que profondément

pour

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