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ceinte, faisaient entendre des cris de sang; quelquefois, affectant le respect dérisoire des juifs envers Jésus-Christ, on entendit l'un d'eux dire à un vénérable archevêque: Monseigneur, c'est donc demain qu'on tue votre grandeur?...

que

« A tant d'outrages, les prêtres n'opposaient que la prière et demandaient à Dieu le salut de ceux qui se préparaient à les massacrer. Les prêtres le martyre va rendre immortels avaient à leur tête trois pasteurs qui rappelaient les temps de la primitive Église. Leur chef était l'archevêque d'Arles, Jean-François-Marie Dulau; il avait été député aux États-Généraux; sa piété égalait son savoir et sa modestie surpassait encore son mérite; c'était l'Ambroise de l'Église moderne. Il faisait passer dans toutes les âmes les sentiments d'amour divin dont il était pénétré. Son aspect commandait une sainte résignation. Deux autres évêques du nom de Larochefoucaud, deux frères, François-Joseph, êvêque de Beauvais et PierreLonis, évêque de Saintes, partageaient les travaux apostoliques du vénérable prélat. Depuis deux jours, tous ces ecclésiastiques avaient passé les heures du jour et de la nuit à s'exhorter. Le 2 septembre, il ne fut plus possible de douter que leur dernier instant ne fût arrivé. Ils entendirent le bruit des piques et des sabres, et ces cris retentissaient sans cesse : « Calotins, voici votre dernier instant ; vous allez danser la Carmagnole. Dès le

point du jour, les prêtres remplissaient l'église. Ils s'étaient confessés les uns aux autres et s'étaient bénis mutuellement : tous s'étaient approchés de la sainte table; tous chantaient en choeur le Salut, quand des cris de mort se firent entendre. Alors aux saints cantiques succéda la prière des agonisants. Tout-à-coup les geôliers arrivent un quatrième appel nominal commence. On fait sortir à la hâte les prêtres de l'Église, et dès qu'elle est vidée, les assassins entrent avec leurs armes, faisant retentir les voûtes de leurs cris et de leurs blasphêmes. Les prêtres sont au nombre de cent quatre-vingt-cinq dans le jardin; ils se divisent en deux groupes; trente, parmi lesquels sont les saints évêques, se précipitent à genoux vers l'extrémité du jardin, se recommandant à Dieu en se bénissant pour la dernière fois. Le saint archevêque d'Arles est renversé aux pieds de la croix. Un des Septembriseurs lui enfonce sa pique dans la poitrine avec une telle violence que le fer y resta. Il monte alors sur son corps palpitant, le foule aux pieds, arrache sa montre et la présente à ses compagnons, comme le trophée de sa victoire. Ainsi périt le vénérable archevêque, à l'entrée de la chapelle. Les deux autres restent agenouillés sur les marches de l'autel avec une grande partie des prêtres. Une grille les sépare des assassins. Ceux-ci font sur eux plusieurs décharges presque à bout portant; quelques-uns sont tués ;

l'évêque de Beauvais n'a point été atteint; son frère, l'évêque de Saintes a eu la jambe cassée. Quand le tour de l'évêque de Beauvais est arrivé, il quitte l'autel qu'il tenait embrassé et marche tranquillement à la mort. Son frère, qu'une jambe cassée empêche de marcher seul, demande qu'on l'aide pour aller au supplice; deux brigands le soutiennent sous les aisselles, en présence de deux gendarmes, jusqu'à l'endroit où il reçoit le complément de son martyre..... '. » Nous pourrions dire de ce saint prélat ce qu'on a dit d'un héros, qu'il sortait de ses plaies plus de gloire que de sang !.... >>

C'est, dit Mathon de Varennes, un tailleur d'habit, nommé Berthelot, qui tua les évêques Larochefoucaud, et Martin Froment se fit un atroce plaisir de mutiler leurs cadavres en leur coupant le nez et les oreilles !... Certains déclamateurs appellent de tels monstres des héros !!! Honte et infamie! De tels héros sont des antropophages, plus digues d'une cage de fer que Bajazet!..

Notre immortel pontife, d'après un historien, conserva jusqu'à la mort, dans sa captivité volontaire, toute sa sérénité. Toujours riant, toujours prévenant, il se plaisait surtout, avec son frère, à accueillir les nouveaux prisonniers avec une bonté qui faisait oublier aux captifs ce que leur

1 Hist. de la Révol. par le vicomte de Conny, liv. X. p. 368.

position, humainement parlant, avait de triste et de fàcheux. « Je ne me souviens plus de mes peines, dit l'une de ces illustres victimes échappée aux glaives, lorsque, enfermé aux Carmes, je vis monseigneur l'évêque de Saintes s'approcher de moi avec un air de sérénité qui me faisait douter s'il était aussi du nombre des prisonniers !.... » Ce n'est pas seulement la force jusqu'à l'héroïsme qui retrempe l'âme des martyrs, c'est aussi cette paix inaltérable que Jésus-Christ donne et que le monde profane ne connaît pas; paix divine dans sa source, prodigieuse dans ses résultats, elle est un avant-goût du bonheur du ciel! Avec elle la mort n'offre que des charmes; le cœur du chrétien est sans fiel pour les bourreaux qui immolent; il les aime et prie pour eux!

Ainsi termina sa carrière apostolique cet évêque si digne de nos souvenirs et de notre admiration. Sa foi et son courage ont prouvé ce qu'était à ses yeux ce faste dont des hommes jaloux de son extraction et ennemis de ses vertus ont prétendu faire un titre à leurs déclamations hostiles. Il avait le sentiment de sa dignité, c'était un devoir; il était heureux de sa mission, c'était du dévoûment. Gentilhomme, il en eut la noblesse; évêque, il en eut le caractère. De l'assemblée des martyrs où Dieu l'a placé, il nous crie encore

Hist. du Cl. de Fr. pendant la Révol. tom. II. pag. 159.

de rester fidèles à l'Église romaine et de ne nous séparer jamais de ce centre d'unité, soit que la corruption le veuille ou que la violence l'exige, soit que l'hypocrisie le demande.

Mais, puisque M. l'abbé de Méchinet nous a réservé de nouvelles notes sur plusieurs des victimes immolées aux Carmes, le 2 septembre, avant d'indiquer le prêtre Rochelais quisuccomba avec l'évêque de Saintes, nous aimons à payer notre tribut d'hommages aux courageux Sulpiciens qui ont donné leur sang, à la même époque, pour la même cause.

«

François Bernard de Cussac, dit M. l'abbé de Méchinet, naquit à Toulouse, d'une ancienne famille où la piété et les vertus étaient héréditaires: son père et plusieurs de ses ancêtres avaient été conseillers au parlement. Après avoir achevé, à Toulouse, ses humanités, le jeune de Cussac vint à Paris et fit ses cours de philosophie et de théologie au séminaire de Saint-Sulpice. La douceur, l'amabilité des Directeurs du séminaire, leur talent à former les élèves aux augustes fonctions du sacerdoce, plurent tellement à M. de Cussac, qu'après avoir terminé sa licence, il entra dans la congrégation de Saint-Sulpice; il avait à peine atteint sa quarantième année qu'il fut nommé supérieur de la maison des philosophes, et pendant vingt

Il se trouvait à Paris quatre maisons tenues par les Sulpiciens: 1° le grand séminaire, pour la théologie seulement; 2 le petit séminaire, pour la théologie; la pension était moins

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