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rattachent à la découverte du 19 mai, nous devons ici, à la vérité et à la vertu, un aveu qui est l'expression d'une conviction consciencieuse; nous l'avons du reste déjà soumis à notre évêque, qui a daigné nous permettre d'en faire part à nos lecteurs.

On connaît jusqu'où Dieu sait conduire ses élus dans les voies d'une perfection héroïque. La presse a livré à la publicité deux volumes qui renferment les pensées, les écrits d'une jeune vierge bien humble, bien ignorée pendant sa vie, et dont le tombeau un jour, nous le croyons, sera glorieux; c'est déjà avoir nommé la vertueuse et modeste Marie-Eustelle, de la paroisse de Saint-Pallais de

Tractus Sanctonici clarus apostolus
Mirum non solitis prodigiis micat!
Disjunctis populi finibus advolant
Ut languor gravis exeat.
Privatus sed enim lumine conscio
Vires Eutropii martyris aspicit,
Et surdus patulis accipit auribus
Mirantis populi sonos.

Captivus manicas frangit honoribus
Patronum decorans : pallidus attamen
Hydrops præcipuè sanus inambulat;
O quàm magna potentia!

A nobis amicis, quæsumus, Eutropi,
O mansuete parens, aufer hydropisim,
Ut tecum superos, edomito malo,

Scandamus placiti tronos.

(Offic. jamj. cit.)

Saintes. Notre digne évêque s'explique trop clairement sur les éminentes vertus de cette fille admirable, comme on le voit dans la lettre pastorale placée en tête des deux volumes de Marie-Eustelle, pour que nous ne soyons pas en droit de léguer à cette vierge dont il nous a été donné d'apprécier le mérite et la sainteté, l'hommage d'une confiance sans bornes. Or, voici l'aveu qui restera historique :

Huit ou dix jours avant le 29 juin 1842, époque de la mort de cette pieuse servante de JésusChrist, nous allâmes lui porter les paroles de l'espérance. La connaissance que nous avions de sa foi vive et de son ardent amour pour le Dieu sauveur, nous inspira de recommander notre âme à sa charité, lorsque le ciel lui serait ouvert; nous ne pouvions pas douter de la brièveté de sa vie les progrès du mal étaient trop sensibles. Nous étions également certain que Dieu préparait à cet âme si belle et si pure une grande gloire dans son royaume; entre autres recommandations, nous lui fimes celle-ci :

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Eustelle, vous irez sous peu voir et posséder le Dieu que vous aimez; voici une prière que nous vous adressons; ne l'oubliez pas depuis huit ans, nous nous occupons de rendre à saint Eutrope et à sainte Eustelle, ainsi qu'aux saints de cette ville, la gloire qui leur est due; nous sommes comme assuré que l'église basse du martyr

renferme encore le précieux dépôt de ses reliques. Vous demanderez dans le ciel, à notre Seigneur, de nous faire trouver le tombeau de notre saint apôtre; tout pour la gloire de Jésus et pour le salut des âmes! »>

Marie-Eustelle, avec sa candeur angélique, sa confiance filiale et son inaltérable paix, nous répondit : — «< — « Soyez tranquille, mon père, je vous le promets; je demanderai ce que vous désirez;

vous le saurez. »

Un an ne s'est pas encore écoulé depuis le dernier soupir de Marie-Eustelle, et précisément entre la fête de saint Eutrope et la fête de sainte Eustelle, sa patrone, le 19 mai 1843, le tombeau du saint apôtre est découvert !!...

Que ceux qui ont le malheur d'ignorer les merveilles de la religion divine repoussent ici le langage de la foi et de la vérité, nous le concevons; mais pourtant nous ne laissons pas de consigner ce fait historique; notre respectable évèque l'avait déjà soupçonné pendant son séjour à Rome : avant même de connaître la circonstance que nous indiquons, le pieux et savant prélat daignait nous mander de Rome, sous la date du 23 juin 1843:

y ai

« Mon cher abbé, je ne veux pas quitter Rome sans vous prouver que je ne vous pas oublié.... J'ai vivement et délicieusement été affecté à la nouvelle de la découverte du corps de notre

saint apôtre. Dieu soit loué et glorifié de ce grand évènement!... Je pense qu'à mon retour, je trouverai ou fini, ou bien avancé l'ouvrage d'Eustelle. Je prie exactement tous les jours le Seigneur pour qu'il en tire sa gloire. Qui sait si elle n'est pas pour quelque chose dans la découverte de saint Eutrope?» + CLÉMENT, évêque de la Rochelle. »

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Quant à nous, la certitude la plus complète nous est acquise sur ce fait. Nous croyons que cette âme sainte nous a tenu parole dans le ciel. Personne ne nous doit son adhésion; mais aussi personne n'a le droit de nous enlever un sentiment invincible et profond. Notre raison, notre conscience, notre cœur et notre foi l'approuvent et le confirment. Le choix providentiel du 19 mai est pour nous un nouveau et très-puissant motif d'admettre l'intervention de Marie-Eustelle dans la découverte de saint Eutrope. Le 19 mai 1843 a des rapports intimes et tout-à-fait relatifs avec le 19 mai 1840; l'évêque de la Rochelle les connaît; cela doit suffire. Cette coïncidence d'époques est une voix tellement éloquente pour nous, que nous attestons que le doute sur ce fait nous serait impossible; c'est de l'évidence.

On exprimerait difficilement toute l'impression que fit sur les cœurs la nouvelle, à Saintes, de la découverte du tombeau de saint Eutrope. A Rome, la même nouvelle a été accueillie avec

transport; l'évêque de la Rochelle en a reçu les plus éclatants témoignages.

Cet heureux évènement produisit la précipitation qui ne connaît point de délai. La surprise, la joie et l'enthousiasme expliquent et excusent l'ouverture prématurée du tombeau d'Eutropius.

A la vérité, l'autorité diocésaine était dignement représentée à Saintes par le vicaire-général, M. l'abbé Réveillaud, curé de Saint-Pierre. On avait su, avec le même empressement, convoquer l'autorité civile. La religion et la magistrature se trouvaient réunies dans la crypte antique, au moment de l'ouverture du tombeau du martyr.

Nous n'avons point à signaler, comme le narrateur du XIe siècle, le recueillement, les larmes, les prières ardentes de la ferveur chrétienne ; hélas! non. Mais nous dirons qu'à la vue des saints ossements, les témoignages d'un respect religieux furent unanimes et spontanés. Nous dirons que les magistrats furent admirables par leur prudente circonspection, la gravité de leurs démarches et la sagesse des moyens qu'ils employèrent pour sceller un dépôt qu'ils reconnurent précieux et

saint.

Cependant le mieux, le plus convenable, le plus canonique était d'attendre la présence de l'évéque, était de s'abstenir de toute soustraction d'ossements contenus dans la capse que la main seule du pontife avait osé toucher, au XIe siècle!..

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