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tique la force, la foi et les angoisses de son àme, en présence de toutes les calamités et des scandales qui affligeaient l'Église de France :

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Que ne puis-je, Monsieur, vous montrer le déchirement de mon âme, en lisant la situation fâcheuse où vous réduit votre fidélité à vos principes, votre fermeté à vous y maintenir! Il est d'autant plus cruel ce déchirement, que je puis me promettre pouvoir vous aider dans la détresse à laquelle vous allez être exposé. Malgré la triste situation où me met la certitude qu'en vous dictant votre devoir je vous condamne à souffrir, je ne puis cependant vous cacher ce que me dicte ma conscience, ce que je me crois obligé de vous dire, que vous ne pouvez abandonner les âmes que la Providence vous a confiées; que vous êtes obligé de leur sacrifier vos forces, vos travaux, votre zèle, vos soins, votre repos; que vous devez compter sur les secours de la Providence. Que si le souverain pasteur des âmes croit que vous pouvez être utile à sa gloire et au grand œuvre pour lequel il a répandu son sang, il trouvera bien les moyens de vous mettre à même de faire fructifier les talents qu'il vous a confiés pour les faire valoir. Que, conservant en vous les sentiments que vous devez à vos parents, vous devez vous exposer à perdre ceux qu'ils vous doivent, pour obéir à votre créateur et remplir les obligations que vous impose le saint minis

tère auquel vous vous êtes consacré. Pour le faciliter autant qu'il est en moy, je vous accorde les pouvoirs non-seulement pour votre paroisse mais pour toute l'étendue de mon diocèse, non celuy que m'a désigné l'assemblée nationale, mais celuy qui m'était confié avant l''entreprise de notre auguste sénat; je vous accorde les cas réservés, même celuy qui m'est particulièrement réservé, de les exercer ces pouvoirs en tous lieux même profanes, si vous vous trouvez dans l'obligation de le faire, et ce jusqu'à ce je vous aye fait part d'autres arrangements que je pourrais prendre dans la suite. Vous pouvez toujours vous adresser à moy dans toutes les circonstances où vous pourriez avoir besoin de me consulter; je seray votre évêque jusqu'à mon dernier soupir, à moins que l'Église ne m'ordorme de cesser mes fonctions; je dis l'Église!.. car je ne connais qu'elle seule qui ait la puissance de me destituer,

« J'ai l'honneur d'être, avec un sincère attachement, etc., etc. . >>

« Fr. J., évêque de BEAUVAIS. >> Que l'église de Beauvais et le digne successeur

Ces deux lettres autographes nous ont été communiquées par M. l'abbé Rédon, supérieur des Missionnaires Lazaristes de Tours, et neveu du curé de Sainte-Marguerite de Beauvais, qui les avait reçues du saint Évêque, en 1791.

Monseigneur l'Évêque de la Rochelle en a reconnu l'authenticité.

de François-Joseph de Larochefoucaud recueillent avec édification les énergiques pensées d'un évèque martyr! Pour toi, antique Église de Saintes, jusqu'au jour où il te sera donné d'élever des autels à ton dernier apôtre, parle avec amour, parle avec transdeport à tes enfants dociles, des vertus et de la fin glorieuse de ton nouveau protecteur!

Mais, avant de nous occuper des scènes sanglantes du 2 septembre, nous voulons insérer ici une relation fidèle de ce qui se passa à la campagne du séminaire de Saint-Sulpice et dans la prison des Carmes, pendant les journées des 15 et 16 août 1792. Cette insertion est d'autant plus opportune, que l'anteur de la note a fait lui-même partie des élèves de Saint-Sulpice et des prisonniers des Carmes; il raconte ce qu'il a vu et ce qu'il a entendu. Ce narrateur véridique est M. l'abbé de Méchinet, actuellement aumônier de l'hôpital de Saint-Jean-d'Angély. Échappé comme par miracle à la hache des bourreaux, ce pieux ecclésiastique n'en cut pas moins le mérite d'un confesseur de la foi et d'un martyr de désir. La Providence le réservait pour offrir au clergé du diocèse de la Rochelle un modèle de douceur évangélique et de vertus sacerdotales. Sa modestie pourra s'offenser de notre hommage, mais notre plume, en transcrivant son intéressaut récit, interprète d'un sentiment mérité, doit être l'écho d'une vérité qui édifie; nous cédons, tout à la fois, à

l'inspiration du respect et de la reconnaissance. « La Convention, dit ce témoin intègre, poursuivait avec acharnement le clergé fidèle, faisait prendre et renfermer les évêques et les prêtres qui refusaient d'adhérer à la constitution prétendue civile qu'on voulait leur imposer; le séminaire de de Saint-Sulpice semblait seul échapper à l'attention des persécuteurs, lorsque, le 15 août, environ une heure après midi, deux cents soldats, commandés par un homme sans uniforme, entrent brusquement dans la maison de campagne du séminaire et trouvant les directeurs et les élèves en récréation dans le parc : « Suivez-nous, leur dit, d'une voix menaçante, le commandant, nous sommes assez forts pour vous y contraindre, si vous résistez »> « Nous ne pensons point à résister», répondit le vénérable supérieur, (M. Duclaux, depuis supérieur - général). Aussitôt directeurs, élèves, prêtres étrangers 2, tout fut entouré

1 C'était un ouvrier du faubourg Saint-Antoine, d'une taille avantageuse et qui avait probablement servi. Le véritable chef lui avait confié ce détachement d'après un ordre supérieur. Les soldats, Bretons pour la plupart, jeunes et novices encore, ne tardèrent pas à marquer de l'intérêt aux élèves surtout. On leur avait caché qu'ils venaient prendre des prêtres; ils en témoignèrent leur peine.

2 Plusieurs prêtres, de diverses provinces, voyant l'orage se former, s'étaient rendus à Paris ou dans les environs, pensant qu'il leur serait plus facile d'échapper au danger et de se sauver dans la foule. Il y en avait cinq parmi nous. Une notice sera consacrée à chacun d'eux.

et conduit, entre deux haies de soldats, à l'extrémité du bourg (Issy-les-Paris), chez un boulanger, dans une salle assez spacieuse.

« Le commandant pose des gardes à la porte et à chaque angle de la salle, leur défend toute conversation avec leurs prisonniers, consigne qui ne fut point gardée; puis, avec le reste de sa troupe, il revient au séminaire, se fait ouvrir les chambres, fouille les secrétaires, les armoires, les malles, dans l'espoir de trouver des lettres ou des écrits qui pussent compromettre les maîtres ou les élèves; mais toutes les recherches furent vaines. Dans l'appréhension de quelques visites de ce genre, on avait eu soin de soustraire tout ce qui aurait pu compromettre. Le commandant désappointé se rend, sans délai, dans une maison de retraite, peu distante du séminaire, et dans laquelle des prêtres, à qui l'âge ou les infirmités ne permettaient plus l'exercice du ministère, passaient leurs derniers jours dans la solitude et dans la prière. Le supérieur, qui était aussi chargé du temporel et le seul prêtre valide, intercéda vainement pour ces vénérables vieillards, qui furent conduits, aussi bien que lui, dans la salle du boulanger.

« Peu d'instants après le retour du comman

Cette maison, connue sous le nom de Saint-François-deSales, contenait un petit nombre de prêtres infirmes on âgés.

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