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un jour nous réunir tous avec vous dans son sein, pour en jouir éternellement.

« Bonné à la Rochelle, le 27 juillet 1790. »

«

JEAN-CHARLES, évêque de la Rochelle. » Ce langage est bien l'écho du cœur; il prouve les vifs regrets de Jean-Charles de Couci et l'amour qu'il avait voué à son Église. Il est fâcheux, pour ce prélat, que le jugement chez lui n'ait pas été aussi sain que son âme était bonne et sensible. Lors du concordat de 1801, il aurait beaucoup mieux fait de souscrire à la demande du pape. Il refusa la démission de son siège; refus qui ne contribua pas peu à autoriser le schisme connu sous le nom de Petite Église, et que la prudence sage et pleine de circonspection de Gabriel-Laurent Paillou a comme étouffé dans le diocèse.

Dans une lettre prétendue justificative, écrite par Charles de Couci à l'abbé Bernier qui l'engageait à donner sa démission, on lit, sous la date du 2 février 1802, les paroles suivantes :

« Dans une matière aussi épineuse, Monsieur, où la conscience est pressée par de puissants motifs qui se choquent mutuellement, il me semble qu'on ne peut faire un reproche à personne de suivre ce qui lui paraît se rapprocher davantage de ses obligations; parce qu'il est évident que ce serait les trahir que d'agir contre les lumières de sa conscience... » Mais, pour juger le prélat dans son sentiment le plus intime sur la question qui s'agi

tait alors, qu'on lise ce qu'il en écrivait à l'abbé Ferret, ancien curé de Saint-Martin-de-Pons, prêtre d'ailleurs si respectable à tous égards et dont la mémoire est en bénédiction, mais dont les opinions, à l'époque dont nous parlons, étaient assez en harmonie avec celles de M. de Coucy, car il ne revint d'Espagne qu'au retour des Bourbons. Le prélat lui mandait à Siguenza :

« Pour ce qui regarde le Pape, je rendrai toujours justice à ses intentions; mais s'il s'éloigne absolument de toutes les règles canoniques, s'il donne un exemple qui peut devenir funeste à toute l'Église, si tous les énormes sacrifices qu'il fait et qu'il exige sont comme le tocsin qui annonce la ruine inévitable de la religion; s'il a pu se tromper, étre trompé, et s'il s'est véri tablement trompé dans les moyens de prudence et les mesures d'administration qu'on lui a suggérés, enfin s'il est évident qu'il n'atteindra pas son but, et qu'il traite avec des gens dont la contenance hypocrite et les perfides promesses ne sont qu'un moyen de plus pour avilir et perdre la religion: c'est autre chose!... Il n'est pas question de savoir si le Pape a en soi le droit de passer par-dessus toutes les règles, quoique ses plus illustres prédécesseurs aient formellement déclaré le contraire'.

'Contra statuta patrum condere aliquid vel mutare nec hujus quidem sedis potest auctoritas. (S. Zoz. pap.)

« Mais si c'est le cas de faire cette triste et exorbitante application, en disant que le Pape a cru, vous excusez son intention; et nous, en disant qu'il n'a pas dú croire, nous excusons notre conduite. En déférant cette grande cause à sa sagesse et à ses lumières, nous n'avons pas renoncé au droit de juger aussi avec lui, puisqu'il nous est inné; nous n'avons pas prétendu qu'il lui serait libre de n'avoir aucun égard à nos raisons, à nos représentations et à nos oppositions fondées sur les motifs les plus graves; nous l'avions prévenu qu'il pouvait être trompé, et qu'accoutumé à combattre contre des tigres changés en serpents, nous connaissions depuis long-temps leurs menées tortueuses et impies. Nous avons encore moins consenti à des moyens d'une rigueur outrageante, inutile et pernicieuse que nous ne pouvions prévoir... (mais que vous auriez dú comprendre, apprécier, Monseigneur!..) Nous n'avons pu penser que la puissance spirituelle entreprendrait de prononcer contre les droits imprescriptibles; nous n'avons jamais pu soupçonner que le résultat de cette grande affaire serait de nous mettre tous hors de combat et de livrer nos peuples à la merci des loups, des schismatiques et de tous ces faux pasteurs que la mémoire seule de Pie VI écrasait de toute son autorité; nous nous sommes réservé le droit de ne concourir à rien, que nous ne fussions éclairé ; enfin, nous avons appelé au Pape, libre de toute

impression de la crainte et mu par toute autre force que par celle qui, depuis quatorze ans, fait une guerre implacable à la Divinité, à ses oints et à ses fidèles serviteurs 1...»

Les scrupuleuses considérations de la première lettre à l'abbé Bernier sont évidemment l'indice d'un esprit indécis, tardif et lent à saisir ce qu'il y avait de si peu épineux dans la matière agitée ; car le plus simple, dans les circonstances de l'époque pour mettre sa conscience à l'abri du doute, était d'obéir, sans raisonnements indiscrets et sans hésitation, aux vues si sages, au jugement si réfléchi du Souverain-Pontife.

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Sans doute que procéder, comme le dit fort bien le cardinal Conzalvi dans sa note au gouvernement français, à la destitution des titulaires, au dénombrement des diocèses, était un pas très-fort, surtout fait sans le consentement ou l'interpellation des évêques, quoiqu'il n'y en ait aucun exemple dans les dix-huit siècles de l'Église; Sa Sainteté s'y détermina pour obtenir le rétablissement de la religion en France. Les anciens évêques résidant en France surent promptement apprécier la position difficile de Pie VII et la pureté de ses vues; aussi s'empressèrent-ils d'obéir. Leur doyen d'âge, l'évêque de Marseille, âgé de 92 ans, donna l'exemple à ses collègues, en écrivant à

'Lett. de M. de Coucy à M. l'abbé Ferret.

Mgr Spina : « Je reçois, avec respect et soumission filiale, le bref que vous m'adressez de la part de notre saint Père le Pape; plein de vénération et d'obéissance pour ses décrets, et voulant toujours lui être uni de coeur et d'esprit, je n'hésite pas à remettre entre les mains de Sa Sainteté ma démission de l'évêché de Marseille. Il suffit qu'elle l'estime nécessaire à la conservation de la religion en France, pour que je m'y résigne. »

L'évêque de Saint-Claude disait aussi : « Je respecte trop les ordres de Sa Sainteté pour ne pas m'y conformer; aucun sacrifice ne me coûtera lorsqu'il s'agira du rétablissement de la religion et de la gloire de son divin auteur. » Tel fut le langage du plus grand nombre des évêques de

France'.

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Nous aimerions mieux voir M. de Coucy associé à ces illustres prélats, que de le trouver donnant son adhésion aux représentations gallicanes des évêques français retirés en Angleterre. On ne compromet jamais sa conscience quand on se conforme aux volontés, toujours si paternelles et si sages, du siège apostolique; on ne se trompe pas avec Pierre, parce que là est Jésus-Christ, la vérité suprême qui éclaire et qui gouverne. L'Église nous apparaît si haut placée dans les œuvres du ToutPuissant, que nous ne craignons pas de dire que

Voy. Artaud, Hist. de Pie VII.

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