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Providence vous avait donné pour chef dans l'ordre de la religion, et qui n'avait d'autre désir que de vous conduire dans les voies du salut par ses leçons, ses travaux et ses exemples! La voix d'un père mourant grave des vérités profondes dans le cœur des enfants qui l'entourent et le chérissent. Vous m'avez appris à croire à ce sentiment de votre part, et j'en suis pénétré. Écoutez donc la mienne c'est l'effusion d'une âme qui vous est dévouée. Demeurez inviolablement attachés à la religion de vos pères, la religion catholique, apostolique, romaine; « c'est celle que notre auguste monarque a trouvée sur le trône depuis Clovis; celle que saint Rémy a préchée aux Français victorieux; celle que les hommes apostoliques ont annoncée dans les Gaules, où les successeurs de saint Pierre les ont envoyés... et sous laquelle cette monarchie a mérité, de toutes les nations, le glorieux titre de très-chrétienne1.

<< S'il doit nous être défendu irrévocablement de marcher à votre tête, vous ne serez jamais étrangers pour nous; nous sommes à vous à la vie, à la mort. Cette expression de notre coeur s'adresse également à vous, peuples de nos campagnes, au milieu desquels nous avions un si ardent désir d'aller nous édifier; pauvres de tous les âges, nos véritables amis, vos peines, vos misères, vos pri

Bossuet, Inst. Past. sur les prom. de J.-C. à son Eglise.

vations nous ont été plus sensibles que les nôtres, notre bonheur eût été de vous soulager, de vous consoler; continuez à offrir vos souffrances au Dieu de toute bonté, qui les compte pour embellir la couronne qu'il vous réserve dans le ciel...

« Vous aurez part à nos regrets, comme vous avez part à nos vœux, vous que J.-C. désire si ardemment de voir réunis dans le sein de son Église. Ah! notre tendre sollicitude pour vous augmente à mesure que nous craignons de ne pouvoir plus vous en donner des preuves; moins il nous sera permis de chercher à détruire cette ligne de séparation élevée entre vous et nous, plus nous en gémirons en secret. Puisse le ciel accorder à nos larmes une réunion que nous voudrions cimenter de notre sang! Puisse-t-il faire briller l'Église catholique d'un éclat qui dissipe enfin les ombres dont vous êtes encore environnés! Puissiez-vous reconnaître que, si elle a conservé le précieux dépôt de la foi; que, si depuis les apôtres jusqu'à nous, la succession de ses pasteurs n'a pas été interrompue, elle est nécessairement l'Église de Jésus Christ, l'héritière des promesses. C'est aux apôtres et aux évêques, leurs successeurs légitimes, qu'il a dit : « Allez, prêchez l'Évangile à toute créature; apprenez à tous les peuples à observer tout ce que je vous ai prescrit : baptisez-les au nom du Père, et du Fils et du Saint

1 S. Matth. 28, 19, 20.

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Esprit, et je serai tous les jours avec vous jusqu'à la consommation des siècles.

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Quel hommage rendait lui-même à l'Église romaine le premier auteur de la prétendue et coupable réformation! «La foi de tout le monde, disaitil, se doit conformer à celle que professe l'Eglise romaine. Je rends grâce à J.-C. de ce qu'il conserve dans le monde cette Église unique par un grand miracle et qui peut tout seul montrer que notre foi est véritable; en sorte qu'elle ne s'est jamais éloignée de la vérité par aucun décret1.» Aveu arraché à la vérité, dans un temps calme et à l'abri de l'orage des passions. Une Eglise, en effet, peut-elle être la véritable Église de Jésus-Christ, quand chaque particulier qui la reconnaît peut et doit s'établir juge de la doctrine et interpréter les écritures à son gré? Dans cette fluctuation d'opinions, dans ces systèmes multipliés et opposés entre eux, serait-elle la colonne, l'appui de la vérité ? Serait-elle l'édifice bâti sur la pierre ferme, contre lequel les puissances infernales ne prévaudront jamais 3?

« O mon Dieu! éclairez mes frères de vos vives lumières, touchez leurs coeurs ; frappez le pasteur, mais réunissez le troupeau; devenu anathême et victime pour eux, son sacrifice sera un triomphe,

Luther, dans son ouvr. cont. Sylv.

2 2 Tim. 3. 15.

3 S. Marc. 16. 18.

si leur conversion en est le prix 1. Quelle émotion douloureuse, quel vide immense nous éprouvons, en ce moment où nos derniers regards se portent sur cette Église, à laquelle nous nous sommes cru attaché par des noeuds si étroits, qu'ils ne devaient être rompus que par la mort! O Eglise de la Rochelle, tu nous seras toujours chère; absent comme présent, ton image nous suivra toujours. Si jamais je vous oublie, ô mon peuple, que ma droite s'oublie elle-même; que ma langue demeure attachée à mon palais, si vous n'êtes pas éternellement gravé dans ma mémoire !

« Je ne cesse de dire, à l'exemple d'un grand évêque, à la veille d'être séparé de son peuple : « Seigneur, que votre volonté soit faite; c'est là ma force, le ferme rocher où je me tiens, le rempart solide qui me défend. Si Dieu le veut, que sa volonté soit faite; mais partout où je serai, vous y serez avec moi; partout où vous serez, j'y serai avec vous. Nous pouvons être séparés par les lieux, mais nous resterons unis par la charité : la mort même ne pourra rompre cette union. Vous êtes mes pères, vous êtes ma vie, vous êtes ma gloire; ma vie est déposée chez vous comme les richesses dans un trésor; prêt à m'immoler mille fois pour vous, c'est une dette que je vous paie : le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. » Ces sen

12 Cor. c. 12. v. 15.

timents de saint Jean Chrisostôme, N. T. C. F., expriment ceux de la reconnaissance que nous vous devons, de la vive et profonde sensibilité, de la tendre affection dont nous sommes pénétré pour vous: et qu'avons-nous donc fait pour recevoir ces marques si précieuses de l'intérêt touchant dont vous nous avez honoré? Ah! si vous récompensez ainsi le désir que nous avons eu de les mériter, que d'actions de grâce nous devons à la divine Providence, qui nous a fait connaître un aussi bon peuple! Nous sera-t-il permis, ò mon Dieu, de prendre l'engagement de n'en avoir jamais d'autre, de vivre et de mourir comme citoyen, comme frère, comme ami, dans la nouvelle patrie où vous-même nous aviez conduit, et qui nous est devenue si chère!..

« O Hilaire ! O Eutrope! qui avez, les premiers, apporté la foi dans ces provinces et qui l'y avez propagée d'une manière si glorieuse, ô grands saints, daignez veiller plus particulièrement que jamais à sa conservation. Faites vous-mêmes, pour ce bon peuple, ce que vos cendres m'avaient inspiré en sa faveur vous m'êtes témoins que, sur vos tombeaux, je lui avais juré une fidélité inviolable; mais je n'étais pas sans doute digne de vous succéder, puisque je ne dois plus être son pasteur. Priez, intercédez pour nous tous, afin qu'à travers les nuages qui nous environnent, nous ne perdions pas de vue la vérité et que nous puissions

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